Comment passer d’un monde à l’autre, en évitant une rupture trop brutale ou trop subie ? En s’y préparant…
Une formation pour se préparer à la retraite ? Je me suis dit que c’était une blague. Mais très rapidement, je me suis aperçu que ce n’était pas aussi simple. » Philippe, auparavant salarié dans les organismes sociaux, a suivi cette formation de quatre jours proposée par l’entreprise. « Plus j’avançais, plus j’étais heureux d’y participer, car je sous-estimais complètement les aspects psychologiques, physiologiques et autres. » Auparavant, les entreprises des IEG proposaient de manière relativement systématique des sessions de préparation, étalées sur plusieurs jours. Retraitée de GDF depuis 2000, Claude Bénard se souvient : « Les cinq de jours de stage ont été un remède à l’anxiété de savoir que l’on ne va plus être utile. » Depuis une dizaine d’années, le dispositif semble s’être tari. Quelques unités proposent néanmoins à leurs salariés et futurs retraités des formations, à l’exemple du CNPE (Centre nucléaire de production d’électricité) de Gravelines (Nord). Pour 2015, il a programmé six sessions de deux jours. « Dès que les inscriptions sont ouvertes, les demandes fusent », constate Céline Monborren, assistante au CNPE.
En pratique
Une session de formation se décompose en quatre parties : une information sur la retraite, l’intervention d’un psychologue, puis d’un médecin du travail et enfin d’un notaire. Gilbert Prévost de l’Institut français en conseil et préparation à la retraite, ancien salarié des IEG, organise et anime ces deux journées. « Les participants viennent sur les conseils de leurs collègues et se demandent ce qu’ils vont apprendre. En fin de session, ravis d’être venus, ils repartent avec des informations indispensables. » Chaque année, la CNIEG (Caisse du régime spécial de retraites des agents des IEG) envoie une invitation à participer à une réunion d’information des affiliés (ou RIA), à tous les agents des IEG sélectionnés en fonction de la date à laquelle ils ont un droit à pension (plus d’infos sur le site de la CNIEG). Selon Marie-Dominique, en préretraite, « cette réunion donne des pistes pour comprendre les différents régimes quand on a travaillé aussi à l’extérieur des IEG ». Ce sont avant tout des journées d’information à caractère administratif, au cours desquelles sont présentés le régime général et celui des IEG ainsi que toutes ses spécificités (mode de calcul, démarches à accomplir, régimes complémentaires…).
« Les agents, habitués à avoir un service du personnel qui les gèrent complètement, découvrent surtout qu’ils devront se prendre en charge pour demander leurs différentes pensions de retraite. Nous leur conseillons de bien respecter les procédures prévues dans chaque régime », commente Philippe Legault, de la CNIEG. Le dispositif des RIA ne peut suppléer à la préparation psychologique et/ou sociale que nécessiterait un départ en retraite. Ce qui explique le recours de plus en plus fréquent à des formations individuelles, proposées par des organismes privés et prises en charge au titre de l’ex-droit individuel à la formation (DIF). Le compte personnel de formation (CPF) remplace en effet le DIF depuis le 1er janvier 2015. Les salariés ne perdent pas leurs heures puisqu’ils pourront les mobiliser jusqu’au 31 décembre 2020 (plus d’infos). L’intervention du psychologue m’a fait prendre conscience que la rupture avec le travail et son environnement contraint est un deuil qui peut durer, selon les personnes, de dix minutes à dix ans. » La formation permet de préparer ce passage en l’anticipant. Passage qu’il ne faut ni sous-estimer ni négliger.
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