90 % de l’électricité consommée en Cisjordanie est produite en Israël. Une dépendance énergétique préjudiciable aux populations palestiniennes comme au développement économique des Territoires occupés.
C’est un cauchemar qui hante nombre de Palestiniens. En quelques secondes, si la puissance occupante, Israël, le décide, leurs Territoires pourraient se retrouver plongés presque totalement dans le noir. Il n’existe aucune centrale électrique en Cisjordanie. Près de 90 % des 5,3 gigawatts d’énergie consommés dans les Territoires palestiniens sont achetés à Israël. La facture est dans certaines régions à la charge des autorités locales ou de l’Autorité palestinienne (AP). Israël, qui occupe ces territoires, leur réclame régulièrement des impayés et n’hésite pas à laisser des villes entières sans électricité pour les forcer à payer.
La compagnie d’électricité israélienne demande ainsi aux Palestiniens 396 millions de dollars d’impayés pour l’énergie électrique fournie à la Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Outre la question des impayés et les relations difficiles avec l’occupant israélien, les Territoires palestiniens souffrent aussi de la faiblesse du réseau de distribution, conséquence de l’occupation et de la non-existence d’un État palestinien. Un peu plus de 4 % des localités palestiniennes ne sont pas connectées à un réseau électrique, selon des chiffres officiels. La plupart de ces villages non raccordés se trouvent dans le gouvernorat d’Hébron, au sud de la Cisjordanie.
Un déficit en électricité continu
Mohamed Thabet, directeur des relations publiques de Gaza Electricity Distribution Corporation, explique de son côté qu’il existe trois sources d’alimentation électrique à Gaza : 10 lignes électriques à 120 mégawatts (MW) en provenance d’Israël, deux lignes électriques à 25 MW en provenance d’Égypte et la centrale électrique locale de Gaza qui génère 60 MW. « Ces sources, qui fournissent en tout 205 MW d’électricité, ne répondent pas aux besoins de la population qui s’élèvent au total à 450 MW, a-t-il indiqué. Ce qui donne lieu à un déficit électricité continu de 55 %. » Comme si cela ne suffisait pas, en 2006, lors de l’opération baptisée avec cynisme Pluies d’été – en fait de pluies, il s’agissait de bombes et de missiles –, la centrale électrique de Nousseirat à Gaza a été détruite par l’armée israélienne.
« Les Accords d’Oslo ont fixé des limites à la production et à l’importation palestiniennes d’énergie et le secteur palestinien de l’énergie est donc fortement tributaire des importations d’énergie en provenance d’Israël, notait un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), en juillet 2015. L’Israël Electric Corporation fournit 88 % de la consommation d’électricité sur le Territoire palestinien occupé et 95 % de la consommation d’électricité en Cisjordanie. En 2013, cette société a fourni 63 % de l’électricité de Gaza, tandis que la centrale électrique de Gaza et l’Égypte en ont fourni 29 % et 8 % respectivement. En 2013, le Territoire palestinien occupé a importé de l’électricité d’Israël pour un montant de 660 millions de dollars. »
On l’aura compris, qu’il s’agisse de l’électricité ou de l’eau, Israël utilise tous les leviers possibles pour empêcher tout développement des Territoires palestiniens ou, pour le moins, contrôler l’économie. Car l’importation d’électricité d’Israël est une autre source de pertes de ressources fiscales palestiniennes qui est préjudiciable au bien-être des consommateurs.
Des panneaux solaires détruits
Lorsque les distributeurs d’électricité palestiniens (municipalités, conseils de village et sociétés de distribution) ne parviennent pas à payer l’Israel Electric Corporation, Israël déduit tous les soldes restant à payer des recettes douanières de l’Autorité nationale palestinienne. Ces déductions sont opérées par Israël sans le consentement de l’Autorité́ et sans que celle-ci puisse procéder aux vérifications nécessaires, d’une manière unilatérale, imprévisible et non transparente, selon la Banque mondiale. Et quand les Palestiniens ont la velléité de diversifier leurs sources énergétiques, l’armée intervient.
C’est ce qui s’est produit récemment près de Bethléem, où les forces israéliennes d’occupation ont détruit une soixantaine de panneaux solaires offerts par les Pays-Bas, installés dans des villages, sous le prétexte qu’ils ont été mis en place sans les permis requis – impossibles à obtenir – par Israël pour la zone C (zone qui représente 61% de la Cisjordanie et se trouve sous contrôle total d’Israël).
Avec la complicité des banques occidentales
En revanche, pas de problème pour les colonies israéliennes – illégales au regard du droit international – implantées en Cisjordanie et éclairées en permanence. Dans ce domaine comme dans d’autres, Israël bénéficie de la complicité des banques occidentales, comme l’a révélé au mois de mars un rapport publié par plusieurs organisations (Association France Palestine Solidarité, CCFD-Terre solidaire, Fair Finance France, FIDH, LDH, Solidaires, CGT et Al-Haq). BNP Paribas, la Société générale, LCL (filiale du Crédit agricole) et Natixis (filiale de BPCE) ont accordé à l’entreprise publique israélienne Israel Electric Corporation, qui approvisionne en électricité l’ensemble des colonies, des prêts – dont l’échéance est fixée à 2020 – pour un montant total de 288 millions d’euros.
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Encore un article debile antisemite
Vous dites ils ne payent pas leur facture et donc israel les coupe quel argument ! Pourquoi en France vous pensez quon ne vous coupe pas l électricité si vous ne payez pas ?!