« Terra franca » : une famille formidable

Albertino et Dália Lobo, symboles bienveillants de la famille ©Dock66

Dans son documentaire « Terra Franca », Leonor Teles dresse un portrait sensible et chaleureux d’une famille portugaise à la veille d’un mariage plein de promesses. Un film soutenu par l’Acid et la CCAS, projeté à Cannes et au festival Visions Sociales cette année. 

Les premières lueurs de l’aube pointent sur la petite ville de Vila Franca, près de Lisbonne (Portugal). Albertino, juché sur son bateau, scrute l’horizon, telle une vigie face au monde qui change. Dans « Terra Franca », film de Leonor Teles proposé par l’Acid et la CCAS, Albertino est pêcheur de crevettes sur le Tage, et fait ainsi vivre les siens. Enfin, plus pour très longtemps : il vient de perdre sa licence, pour d’obscures raisons administratives.

Dans le même temps, un autre avenir se dessine : sa famille prépare le mariage de sa fille aînée, qui fait l’objet de toutes les conversations, aussi animées que chaleureuses. Comme dans toutes les familles portugaises traditionnelles, les échanges se font autour de la table, et les repas ne se terminent pas tant que la dispute n’est pas soldée. Ainsi s’écoule la vie d’Albertino, entre terre et fleuve, entre silence nostalgique et effervescence joyeuse du foyer.

C’est l’histoire d’un monde en transition, entre tradition et modernité : la disparition de son activité professionnelle mène doucement Albertino vers un autre destin, celui d’un grand-père aimant, entouré de ses filles et petits-enfants. C’est aussi celle d’une transmission, notamment des valeurs familiales, de père en fille et en petite-fille. Valeurs présentes dans les nombreuses maximes (« La faim amène la faim ; l’abondance amène l’abondance » ; « il faut vivre auprès de ceux qui nous aiment ») égrenées telles un chapelet tout au long du récit. Le film ausculte le temps qui s’écoule, matérialisé par le passage languissant des saisons. La lumière, les décors changent autant que les personnages. Personnages, vraiment ?

Albertino Lobo, un loup de mer déjà grand-père ©Dock66

Entre documentaire et fiction

Albertino est une vraie gueule de cinéma. Teint hâlé, silhouette charismatique, regard magnétique : on hésite entre la figure du cow-boy solitaire et celle du vieux loup de mer harassé par les éléments. Pourtant, la réalisatrice fréquente Albertino et sa famille depuis des années. Elle choisit de filmer la banalité du réel, devenue si rare au cinéma.

Sur le fil en permanence, à la frontière entre documentaire et fiction, elle s’attelle à une chronique tant familiale que sociale : des réglementations jugées absurdes vont priver un homme et sa famille modeste de leur moyen de subsistance. Mais le mariage annoncé avec ferveur efface la nostalgie. Elle filme le tout à bonne distance, sans effets de caméra superflus. Elle saisit les non-dits comme les instants de bonheur avec délicatesse, et l’on se laisse embarquer doucement dans la narration, comme on déguste un vinho verde dans la torpeur d’un soir d’été…

La fiche

« Terra Franca »
Un documentaire de Leonor Teles

Avec Albertino Lobo, Dália Lobo, Lúcia Lobo, Laura Lobo, Tiago Castro, Alice Castro
Portugal, 2018, 1 h 22.
Production : Filipa Reis et João Miller Guerra
Distribution France Docks 66

L’Acid : donner une chance à tous les films d’être vus.

Ce film bénéficie du soutien de l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid).

Site Internet : www.lacid.org
Plus d’infos sur ce partenariat sur ccas.fr

Née en 1992, l’Acid est une association de cinéastes qui œuvre à rendre accessible le cinéma indépendant à tous les publics, en lien avec l’action culturelle de proximité. En cela, elle partage la philosophie de la CCAS, dont elle est partenaire. Afin d’offrir une vitrine aux jeunes talents, l’Acid présente une programmation au Festival de Cannes, et au festival Visions sociales de la CCAS.

Des billets Art et Essais à 5 € valables dans plus de 1 000 villes de France. (Veuillez vous connecter sur ccas.fr – NIA et mot de passe – avant d’accéder au site.)