Laura Thizon est technicienne réseau et clientèle à ERDF Gradignan, dans l’agglomération Bordelaise. Elle n’a que 23 ans, mais voilà déjà 6 ans qu’elle évolue dans le monde d’ERDF. Suivons-là une matinée…
Il fait encore noir lorsque Laura arrive, ce matin-là, au bureau. La brume matinale s’est à peine dissipée, et les vingt techniciens se réchauffent autour de la machine à café. Laura est la seule femme du service. Une situation à laquelle elle s’est habituée depuis le lycée technique, le « bac pro » et l’apprentissage. « C’est un challenge permanent. Avec les collègues, ça va, mais les mentalités des gens sont encore bien archaïques quand je vais sur le terrain. Une femme qui répare, qui bricole, qui assure côté technique, pour certains, c’est inquiétant », dit Laura, en souriant. Parfois, elle encaisse, parfois moins. Mais les remarques la laissent toujours impassible.
Un collègue, Alex, lui apporte un livre dont il lui avait parlé : « Les bâtisseurs, luttes et gestion à la CCAS », de François Duteil. « Il y a trois semaines, j’ai fait un stage pour en apprendre plus sur l’histoire de la CCAS et des luttes qui l’ont fait exister. Alex m’aide à comprendre tout ça, j’ai même acheté un bouquin de sociologie il y a quelques jours ! », explique Laura, avant de continuer : « Pour défendre des acquis, encore faut-il savoir de quoi on parle, et je veux m’enrichir intellectuellement pour mieux m’investir. »
« J’ai vu la dureté de la vie »
Laura, fille d’agent, est tombée dedans étant petite. Les colos CCAS dès l’âge de 6 ans, ça vous ouvre un esprit ! Le partage, l’adaptation, l’émancipation, la curiosité… Elle se sent forte de tout cela. Et de deux ans d’école primaire à Tahiti, une expérience qui ancrera chez elle la révolte face à l’intolérance des cultures, la misère sociale et les inégalités. « À partir de ce moment-là, je crois que j’ai regardé le monde différemment. J’ai vu la dureté de la vie là-bas. Mais ici aussi. Il m’est arrivé de faire des coupures pour impayé chez des parents isolés, des étrangers, des personnes au RSA ou souffrant d’alcoolisme. C’était dur pour moi. Mais l’engagement au sein des Activités Sociales me permet d’agir pour rendre notre société un peu plus juste. »
Dans le camion qui l’emmène à Mérignac pour une mise en service réseau, Laura parle de son bénévolat à Soulac, de l’amitié, des séjours solidaires qu’elle prévoit de faire à Cuba ou en Afrique, de la langue des signes qu’elle aimerait apprendre, des débats de la fête de l’Humanité, de surf, de camping, d’Électriciens Sans Frontières, et de sa soif d’aventure, toujours. Elle parle, et on l’écoute. Et ses yeux marron-vert pétillent.
« J’ai soif d’apprendre »
Le trajet touche déjà à sa fin et nous arrivons au chantier. Aujourd’hui, il s’agit de la mise en réseau d’un lotissement. Selon les jours, les tâches diffèrent. Demain, elle installera peut-être des compteurs « Linky », ces nouveaux compteurs intelligents et connectés. Elle pourra aussi faire une enquête clientèle, ou dépanner un disjoncteur. Mais aujourd’hui, avec son collègue, l’opération consiste à contrôler les branchements, l’étiquetage des coffrets, le serrage des boulons dans les colonnes, et à faire le raccordement au poste de transformation électrique. Laura manie les plans, les tournevis et l’ohmmètre avec aisance, tout en se confiant : « Parfois je travaille seule. Mais j’aime le travail d’équipe. C’est un peu pour ça que j’ai voulu faire ce métier. Et puis avoir un regard sur ce qu’on fait, pouvoir échanger, s’apprendre des choses, c’est super. »
Laura se sent parfois frustrée de ne pas contrôler tout le processus d’un chantier, de A à Z. Alors de plus en plus, elle pense à reprendre ses études pour décrocher un DUT et devenir chargée d’affaire. « J’ai envie de voir plus large. J’ai découvert que j’avais droit à la formation, et ça m’a motivée. Et puis c’est bien de se remettre en question, d’avoir un cap. Le train-train quotidien, ça n’a jamais été mon fort. J’ai soif d’apprendre. »
Depuis la mort de son père, sa petite sœur de 19 ans bénéficie d’une pension de la part de la CCAS : « Si la CCAS n’existait pas, ma sœur ne pourrait pas faire ses études et être autonome. Elle n’aurait pas de mutuelle. Nous avons de beaux droits, et le devoir de les défendre. La CCAS n’est peut-être qu’une goutte d’eau dans un océan d’individualisme, mais après tout, les océans ne sont formés que de gouttes d’eau, alors chacune compte ! »
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