Contenu des vacances et redéploiement de l’offre sur l’année, pérennisation du financement des Activités Sociales, patrimoine… Le 28 juillet, Michel Barthas et Edward Lépine, respectivement secrétaire général et administrateur de la CCAS, ont débattu de questions vitales à l’avenir de l’organisme avec les vacanciers de Dives-sur-Mer puis d’Auberville (Calvados).
« Vous êtes en vacances et vous avez des exigences : c’est normal ! » entame Edward Lépine, administrateur de la CCAS et président de la CMCAS Haute-Bretagne, venu rencontrer les bénéficiaires de Dives-sur-Mer puis d’Auberville le 28 juillet dernier, en compagnie de Michel Barthas (secrétaire général de la CCAS), Alain Peuch (directeur général adjoint) et des élus des CMCAS Caen et Basse-Normandie(1). « Si nous sommes là pour vous donner quelques éléments de réponse, l’objectif premier de ces rencontres est de prendre en compte ce que vous nous faites remonter (notamment au travers de la grande consultation « Quel bénéficiaire êtes-vous », disponible sur ccas.fr). C’est une sorte de baromètre de la manière dont les bénéficiaires imaginent les Activités Sociales de demain ».
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Présenté lors de son ouverture en 2011 comme une « nouvelle bataille gagnée pour le droit aux vacances pour tous », le village de vacances de Dives-sur-Mer répond bien à l’objectif de faire partir en masse : les cinquante-cinq gîtes réservés l’été aux électriciens et gaziers au tarif CCAS [voir encadré] sont effet pleins. Ce qui fait débat, c’est la nature du contenu de vacances des centres en convention.
Le débat est intergénérationnel : « Quand j’étais plus jeune, se rappelle Geneviève Bouteiller, 84 ans, il n’y avait pas d’animateurs, c’est nous qui faisions l’ambiance. Chaque groupe se retrouvait pour faire une fête de camp. Comme dirait ma fille, les temps changent… » Bénéficiaire de Rouen, celle qui se décrit comme « la mamie de tout le monde » au village vacances de Dives-sur-Mer affirme cependant y trouver la compagnie agréable de quelques vacanciers, au rang desquels un jeune couple, Josy et Line-Rose Domineaux. Venus du Val d’Oise avec deux de leurs trois enfants – « les plus actifs du centre », clame fièrement Line-Rose – ils s’inquiètent de l’animation au long cours de leurs deux semaines de vacances.
« C’est un beau cadre, et le centre est bien situé. Mais il faut qu’il y ait de la vie » résume Line-Rose, qui souligne être « de bonne volonté » et participer aux activités. Depuis le début de l’été, deux rencontres culturelles et l’association Activivre ont égayé les vacanciers contraints de restreindre les activités extérieures à cause de la pluie. « Ce n’est pas parce qu’on est en vacances chez un partenaire que l’on ne doit pas trouver un contenu de vacances qui se rapproche de ce que souhaite la CCAS » reconnait Edward Lépine. Les partenaires du tourisme social [ici, TLC Vacances] y sont sensibles, et il faut continuer de les y sensibiliser. Cela montre que quel que soit le mode de départ en vacances (propriété propre, convention ou partenaire), les agents sont attachés au contenu de vacances « . Et de rappeler un premier pas vers la sensibilisation au tourisme social avec la signature en 2013 de la Charte affinitaire du tourisme social . « Cette culture s’acquiert, se travaille dans le temps » juge encore Edward Lépine. « On a quand même des belles choses avec la CCAS. Vous vous donnez du mal pour l’améliorer, il faut l’apprécier… » conclut Geneviève Bouteiller, la doyenne du centre.
Marc Collober, agent à EDF commerce et bénéficiaire de la CMCAS Haute Bretagne, interroge quant à lui le fonctionnement de l’offre dans les conventions accueillant plusieurs comités d’entreprise. Ne bénéficiant pas cette année d’une affectation, sa famille et lui ont réservé directement auprès du partenaire TLC Vacances, au tarif plein : « Que fait la CCAS pour les agents non affectés qui veulent partir dans les conventions où, comme ici, il y a de la place ? » « De l’investissement [financier] dans les conventions dépend le nombre d’allotements alloué à la CCAS » intervient Michel Barthas. Si l’on impose des réductions trop fortes, cela met en difficulté tous les copropriétaires » rappelant toutefois que l’on peut tout de même bénéficier d’une réduction sur les gîtes hors affectation CCAS. « Or les autres comités d’entreprise ne font pas bénéficier leurs salariés des mêmes réductions » sur le même site, renchérit Bruno Prepoleski, gérant de la SCI propriétaire du village vacances de Dives : le même logement ne coûterait donc pas le même prix à un agent RATP qu’à un agent des IEG… « La question de l’accès à l’offre est la question de demain » résume Edward Lépine, réaffirmant qu’il faut désormais construire une « offre différenciée, avec et sans participation du 1 % », eût égard à la diminution du financement des Activités Sociales par l’employeur et à l’absence de visibilité budgétaire. « Mais avec le même droit aux vacances » maintient l’élu. Il ne faut pas opposer les modèles, mais qu’ils soient complémentaires ».
« On est tous inquiets de ne pas savoir comment l’on pourra financer nos Activités Sociales à l’avenir » confie Michel Barthas aux bénéficiaires d’Auberville, réunis sous la toile de la salle d’activités. C’est une question primordiale, et l’on doit tous s’en emparer. » Une question sur le patrimoine intervient rapidement. Bernard Grymonprez, retraité bénéficiaire de Lille, s’inquiète le premier de la disparition des centres du Nord-Pas-de- Calais : le patrimoine est-il la variable d’ajustement de la situation financière ? « Il ne faut pas que le patrimoine nous empêche de remplir nos missions, intervient Michel Barthas. Ce patrimoine est un moyen pour nous. Or la demande des bénéficiaires a changé: ils ne veulent plus partir 21 jours, entre juin et septembre ; mais une semaine l’hiver et une semaine l’été, si possible au soleil et à la neige … Se pose donc la question de la pérennité de notre patrimoine, qui passe par celle de l’utilité sociale de la vente de ce patrimoine. L’enjeu est de permettre de dégager des fonds (un patrimoine non utilisé coûte de l’argent) pour les réinjecter dans les Activités Sociales. »
(1) ↑Jean-Luc Quemener, président de la CMCAS Caen, Armelle Carnet et Pascal Bure, respectivement administratrice CMCAS et trésorier général de la CMCAS, ainsi que Thierry Garnier, vice président de la CMCAS Basse Normandie, rejoint à Auberville par sa présidente, Mélanie Loontjens.
Par, pour, avec
Le centre de Dives-sur-Mer fait partie des villages de vacances nouvellement gérés en SCI et partagés avec d’autres comités d’entreprises (RATP et SNCF Saint-Lazare), et dont l’exploitation est confiée à un partenaire du tourisme social (ici, l’association TLC Vacances). Il est ouvert d’avril à septembre, les salariés des IEG pouvant y occuper plus de 50% des gîtes sur la période juillet-août, au tarif CCAS. |