Pendant trois semaines, nous vous emmenons dans le Pays Basque pour découvrir le centre de vacances de Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques), sa région, ses activités et les hommes et femmes qui les font vivre. Première étape, la montagne !
A la faveur du soleil de septembre, les vacanciers du centre de Saint-Pée-sur-Nivelle ont pris une grande bouffée de nature. Dans le cadre de la complémentarité, accompagnés par deux passionnés de la section montagne de Gazelec Bayonne, ils ont gravi l’Alkurruntz. A couper le souffle.
Écouter le son d’ambiance :
Il est 8h45 et c’est l’heure des dernières vérifications à l’accueil du centre de Saint-Pée. 1,5 litre d’eau par personne, de bonnes chaussures de randonnée et le casse-croûte pour midi. Le petit groupe de vacanciers est fin prêt pour l’aventure. Emmenés par Francis Mundubeltz et Christian Dordeins, de la section montagne de Gazelec Bayonne, ils font cap vers l’Espagne, à quelques minutes de Saint-Pée. L’objectif : aller pic-niquer en haut de l’Alkunrruntz, le plus haut sommet de Navarre, avec ses 934 mètres.
Et c’est parti. L’ascension démarre sous le soleil matinal. Un sentier en pente douce offre ses mûres sauvages et sa bruyère en fleurs. Des traces d’animaux sont prises au piège dans de la boue séchée. >« Des brebis ! » lance Christian en expert. Puis, c’est une superbe vue sur la vallée du Baztan qui s’offre aux randonneurs. Le village d’Amaiur, avec ses maisons en grès rouge, caractéristiques de la vallée. >« Dans ce village, le fronton est installé sur le mur de l’église. La pelote basque, c’est sacré ici ! » lance Francis, rieur.
Soudain, tout le monde s’arrête. A quelques mètres seulement, sur le flanc de la montagne, un vautour nous scrute, perché sur un rocher. Effrayant ? Excitant ? En cet instant magique, tous les poils se dressent :> « Un vautour fait 2,70 mètres d’envergure. Il vit en colonie. C’est un charognard, il peut manger un jour et jeuner une semaine », explique Francis.
Comme avec des amis
Lui et Christian sont de vieux compères. Dès les années 70, ils ont travaillé ensemble à Bayonne. Francis à la sécurité, Christian aux services techniques. En 2002, ils ont pris leur retraite. Passionnés de marche en montagne et de leur région, ils ont voulu s’investir dans le cadre de la complémentarité pour partager ces moments de randonnée avec les vacanciers de passage. Aujourd’hui, ils sont une quinzaine de collègues à assurer les sorties : une par semaine l’été, pour les vacanciers des centres d’Hendaye, Saint-Pée, Anglet et Ondres. Cet été, grâce à eux, 250 vacanciers de tous âges et de tous niveaux ont pu découvrir la montagne.
Pin’s de Saint-Jacques vissé sur sa casquette à rabat, Francis est un amoureux de la marche et de la montagne. Il aime à rappeler que son nom, en basque, signifie Montagne Noire. Ça ne s’invente pas ! >« Je me suis mis à la randonnée en montagne quand j’ai rencontré ma femme, qui était férue d’alpinisme. Avec le temps, je commence à connaître la montagne, la région et son histoire, et j’aime partager tout ça avec les collègues de passage. J’aime les relations humaines qui se nouent là-haut, loin de tout. Il y a quelque chose d’intense, d’authentique. On ne triche pas. »
Christian, lui, est né dans les Landes. Il arpente les Pyrénées depuis de nombreuses années, mais aussi d’autres sommets, ailleurs dans le monde : >« Ce que je préfère par dessus tout, ce sont les semaines en autonomie. J’ai vécu ça dans les montagnes du Maroc, à la Réunion, en Laponie. Ici, dans les Pyrénées, j’aime emmener des vacanciers, partager des moments avec ces amis éphémères. Il y a bien sûr le côté physique de la marche, j’aime sentir l’effort, respirer l’air pur. Mais surtout, c’est une activité qui me détend, qui m’aide à faire le vide, à me ressourcer. Et gratuitement en plus ! »
Les deux amis sont une vraie mine d’informations pour les heureux vacanciers. >« Qu’est-ce que c’est que cette pierre plate et friable sur le bord du chemin ? » demande un randonneur intrigué. Francis s’approche : >« Ça, c’est du grès rouge. Dans le coin, on l’appelle la pierre de la Rhune, du nom du sommet que l’on voit là-bas, avec les antennes. Cette pierre a beaucoup servi pour construire les meules des moulins. Elle a aussi été utilisée pour bâtir les clôtures, vous en verrez à Ascain et à Hendaye aussi, et sur les linteaux des portes à Saint-Jean-Pied-de-Port. »
Le petit groupe continue sa route. Dans les fougères, des chevaux vivent en toute liberté. Les cloches pendant à leur cou font résonner la montagne d’une symphonie enchanteresse. Christian en profite pour en dire quelques mots : >« Ce sont des Pottoks. En basque, cela signifie Petit Cheval. Leur origine est très ancienne, ils datent du paléolithique. Pendant des siècles, ils ont été utilisés dans l’agriculture, et grâce à leur petite taille, ils étaient aussi idéaux pour les travaux dans les mines de la région. Depuis les années 2000, ils sont beaucoup achetés par l’armée chinoise. »
Par un petit chemin d’herbe, le groupe serpente jusqu’à une cabane en bois où paît un troupeau de brebis. Utilisée pour la chasse à la palombe, la cabane reste ouverte en permanence aux randonneurs de passage. Non loin de là, Francis et Christian attirent l’attention du groupe sur un gisement rocheux. >« Fouillez un peu, soyez attentifs, vous allez trouver des choses surprenantes », lance Francis, énigmatique. Après quelques instants, miracle du temps et des phénomènes géologiques… Les randonneurs découvrent de nombreux fossiles de coquillages, perchés à presque 900 mètres d’altitude.
La magie du sommet
Le sommet n’est plus très loin. Le sol se mue en moquette herbeuse, toute douce. Encore quelques mètres, quelques zig-zags entre les rochers. Tout en haut, quatre Shetlands broutent tranquillement. Puis c’est la claque. Le panorama à 360°, la vue imprenable, magique, le silence que force une splendeur qui se passe de mots. La France, l’Espagne, la côte basque, tout se dévoile sous le ciel bleu azur. Quel meilleur endroit pour un pique-nique ?
Jean-Pierre et Marie-Christine Robert savourent le moment. Ils sont venus de Troyes, en Champagne-Ardennes. Aujourd’hui à la retraite, Jean-Pierre était technicien EDF-GDF. Pour ce couple, les vacances, c’est la rando. >« Quand on avait encore les enfants, on partait plutôt au bord de la mer. Mais depuis qu’ils sont grands, on préfère la marche. Chaque année, on choisit un centre différent pour découvrir les environs à pied. Ici, je dois dire qu’on est servis, on vient juste d’arriver, c’est le début de nos vacances, et l’environnement est à couper le souffle. » Et pour eux, le par et le pour est une évidence : >« Dès qu’on peut, on choisit des activités proposées par des collègues bénévoles de la région. A chaque fois, c’est un moment fort, authentique. Francis et Christian sont du pays, ils aiment profondément leur région et leurs montagnes, et ont envie de nous faire partager tout ça. On est ensemble comme entre amis, il n’y a pas d’horaire ou de contrainte, c’est tranquille. Chez nous, on est bénévoles du réseau solidaire pour les ainés de notre CMCAS. Pour rester vivantes, les activités sociales demandent un engagement de chacun. Et c’est notre rôle à tous de faire vivre nos valeurs. »
Jean-Paul Le Blond croque avec appétit dans son sandwich. Il est venu de la Manche, du côté de Cherbourg. Lui aussi est à la retraite, il travaillait auparavant dans la distribution. Et c’est un randonneur chevronné : >« J’aime découvrir les régions dans lesquelles je pars en vacances en marchant. Mais toute l’année, près de chez moi, je marche aussi, sur la côte, par le chemin des douaniers. J’adore les Pyrénées. J’étais déjà venu il y a quelques années au centre de vacances de Matemale, dans les Pyrénées Orientales, mais le Pays Basque, c’est une grande première. Je suis charmé ! »