
Michaël Fieschi, président de la CCAS©J.Millet/ccas
Construites au fil des rencontres avec les bénéficiaires, les organisations syndicales et lors des assemblées générales de SLVie et de CMCAS, les orientations politiques de la CCAS ont été présentées lors du conseil d’administration du 30 juin dernier. Rencontre avec Michaël Fieschi, président de l’organisme.
N’y a-t-il pas une incohérence à présenter des orientations pour l’organisme alors même que tout le monde sait que des négociations sur l’avenir des Activités Sociales de l’énergie auront lieu dès la rentrée entre fédérations syndicales et employeurs ?
Pas une incohérence mais une gageure ! Nous faisons le choix de l’avenir, de la pérennisation des Activités Sociales, de la mobilisation des électriciens et gaziers et de leurs familles ! Alors même que les négociations n’ont pas débuté sur les quatre chantiers essentiels pour notre avenir que sont le financement, la mise à disposition des salariés statutaires par les entreprises, les moyens dits bénévoles de détachements pour le fonctionnement de nos Activités Sociales de l’énergie, notamment dans les SLVie et CMCAS, mais aussi pour le convoyage des enfants en colo et la restauration méridienne. J’en profite pour le redire avec force, le financement de la restauration méridienne est de la responsabilité des employeurs.
Ces négociations s’ouvrent dans une période de complète mutation du secteur de l’énergie.
C’est vrai. Et nos Activités Sociales de l’énergie – qui sont proposées à 660 000 personnes en France métropolitaine et pays d’outremer – sont marquées par les profondes modifications de l’environnement économique des entreprises : l’ouverture des marchés et la privatisation sous la pression de la commission de Bruxelles qui introduit des concurrents, une désintégration des entreprises et la constitution de filiales avec des agents hors statut, la loi sur la transition énergétique avec des exigences fortes pour augmenter la part des énergies renouvelables et réduire les émissions de gaz à effet de serre, la privatisation voulue par les dirigeants du RTE et des barrages hydroélectriques, les menaces qui pèsent sur la filière nucléaire et enfin, dans un marché économique créé de toutes pièces, l’arrivée de concurrents majeurs sur le marché comme le pétrolier Total. Avec la filialisation et l’ouverture du marché de l’énergie, des acteurs nouveaux apparaissent. Ils appartiennent aux Groupes (ex-Dalkia) ou sont hors Groupes (ex-Direct Energie) mais qui sont tous hors statut. Nous devons agir pour solidariser les salariés entre eux et lutter ainsi contre le dumping social.
Dans ce contexte, les deux entreprises historiques que sont EDF et Engie (ex-GDF-Suez) sont déstabilisées. Est-ce que, selon vous, les choix stratégiques opérés ne nécessitent-ils pas un débat avec la nation, les salariés et les syndicats ?
Oui. La part des activités régulées dans le chiffre d’affaires de la vente d’électricité diminue, les prix du kWh baissent et les perspectives de chiffre d’affaires des entreprises de la branche des IEG deviennent plus qu’incertaines. L’époque de prévision de cash flow à trente ans est largement révolue. On me demande souvent pourquoi le 1 % baisse. Ne pas y répondre, c’est laisser s’installer le doute sur la gestion que nous menons, sur le financement des droits sociaux des salariés du secteur de l’énergie. Il faut le dire : un nombre croissant d’entreprises du secteur de l’énergie ne contribuent pas au financement du 1 %. Oui, nous ne disposons d’aucune visibilité sur les ressources financières sur le long terme de nos organismes que sont la CCAS, les CMCAS et le Comité de coordination des CMCAS. Il est donc temps de soutenir les pétitions mises en oeuvre par certaines fédérations, et de porter une pétition à l’ensemble des bénéficiaires pour mettre les négociations qui vont s’ouvrir en septembre sous un rapport de forces seul susceptible de voir pérenniser les droits des salariés. Croire que la pérennité de nos Activités Sociales de l’énergie, qui ont 70 ans cette année, sera assurée sans une mobilisation de grande ampleur des salariés actifs et inactifs est illusoire.
Les Activités Sociales de l’énergie sont également confrontées au changement du secteur du tourisme et notamment du tourisme social ?
Tout d’abord, chacun le sait, l’offre vacances de la CCAS est soumise à la concurrence des offres multiples proposées sur les sites d’agences en ligne, comme booking.com ou Tripadvisor, mais aussi par les pratiques de nos bénéficiaires. Les demandes ont profondément changé en matière de durée et de composition. Par exemple, à l’international, il y a une demande de « Tout compris ». Ensuite, la réalité c’est que pour un centre de vacances, ce sont des investissements très lourds, utilisés parfois sur une période courte entre mi-juillet et mi-août.
Par ailleurs, le secteur du tourisme social est aujourd’hui atomisé sans acteur important sauf peut-être Campéole.
Le secteur et l’offre ont vieilli ; ils ont profondément besoin de se rénover. La CCAS peut y contribuer en mutualisant certaines activités et en élargissant l’offre pour offrir des vacances de qualité à moindre coût. Le tourisme lucratif s’est fortement inspiré du tourisme social et notamment des premiers centres de vacances. Je crois en l’intelligence du mouvement pour doter les salariés de la branche des IEG, et au-delà tous ceux qui n’ont pas de structure pour partir en vacances, d’outils pour inventer les vacances pour tous et de qualité de demain.

























