À mi-chemin entre le littoral de la Côte d’Opale et la métropole lilloise, les Flandres séduisent autant par leur art de vivre que par leur lumière. Et pour séjourner avec la CCAS, deux centres de vacances vous accueillent jusqu’à novembre.
La Flandre intérieure ne ressemble plus aux paysages de bocage, immortalisés par les tableaux des peintres flamands. Ce sont des alignements géométriques de champs qui déroulent les vues sur le lointain où se dispersent fermes isolées, villages, prairies, routes.
Seuls quelques grands arbres centenaires, encore visibles çà et là, parlent du temps révolu des bocages et du Houtland. Le Houtland (qui signifie « pays au bois » en flamand) porte désormais mal son nom, car 90 % de sa surface est occupée par la pomme de terre, le blé, la betterave à sucre, les endives, les épinards, les carottes, le houblon…
Du temps où « juin fait le lin », il reste aussi quelques parcelles. Au début de l’été, impossible de passer à côté du lin en fleur sans le voir. La longue tige couronnée d’une petite fleur bleue transforme chaque parcelle en une mer végétale ondoyante. Après avoir quasiment disparue, la culture, peu exigeante, de cette plante connaît un regain d’intérêt. En juin, du côté de Hondschoote, plusieurs manifestations lui rendent hommage à l’occasion de nombreuses animations.
Estaminets : retour sur le passé
Hauts lieux de la convivialité, les estaminets permettent de sentir l’âme flamande. Certains n’ouvrent pas tous les jours, mais du jeudi au dimanche soir seulement. Souvent décorés dans l’esprit brocante, cultivant la nostalgie dans les moindres recoins, ces lieux semblent n’avoir pas changé depuis un siècle et c’est souvent le cas.
Au plafond, liane de houblon sec, vaisselle et cafetières émaillées. Généralement guère plus de six à huit tables. Une musique traditionnelle peaufine l’ambiance chaleureuse. Pas de chichis, on se sent un peu comme chez soi ou en famille. On parle facilement à son voisin, tout en dégustant la bonne cuisine flamande. Elle est gourmande et généreuse : carbonnade de bœuf à la bière et au pain d’épice, papetart, waterzoï et potjevleesch (si vous ne voulez pas prendre de risque en prononçant le nom de ce plat, demandez un « potch’ » très naturellement).
Choix de bière illimité, issu des cuvées locales bien sûr. À la table voisine, il n’est pas rare que l’on converse en flamand, encore parlé par 50 000 locuteurs, et la Belgique n’est jamais très loin.
Le Mont-Noir et Marguerite Yourcenar
« Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres », écrit Marguerite Yourcenar dans « Mémoires d’Hadrien ». Première femme à être élue membre de l’Académie française, Marguerite Yourcenar est née le 8 juin 1903 à Bruxelles et a passé les premiers étés de son enfance dans le château familial du Mont-Noir.
La villa départementale Marguerite-Yourcenar accueille désormais des écrivains qui trouvent là un lieu retiré et paisible pour écrire mais aussi faire découvrir leur œuvre au grand public en organisant diverses manifestations. Le parc qui l’entoure est un lieu de promenade ouvert à tous.
Villa départementale Marguerite-Yourcenar
2266, route du Parc
59270 Saint-Jans-Cappel
Rens. : 03 59 73 48 90 / villayourcenar@lenord.fr
Cassel, village préféré des Français
En 2018, Cassel, village perché au sommet du mont éponyme, a été élu village préféré des Français. Le sommet du mont (175 m) offre un panorama sur toute la plaine de Flandre, jusqu’à 80 km à la ronde. Par temps clair, on aperçoit la silhouette des terrils du bassin minier au sud, inscrits depuis juin 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. La vue est époustouflante notamment à la tombée du jour lorsque la plaine s’embrase des lueurs nocturnes des villes, villages et routes alentour. De là-haut, on devine aussi l’ancien tracé de voies romaines partant en ligne droite vers les villes alentour.
Tout ou presque se trouve sur son agréable Grand’Place pavée : cafés, restaurants, estaminets, office du tourisme et aussi l’hôtel de la Noble-Cour, vieux de plus de huit cents ans, l’un des plus beaux bâtiments flamands des Hauts-de-France. Il abrite le musée de Flandre. Arpenter les ruelles du village en suivant le sentier des remparts est l’occasion de découvrir d’autres richesses historiques.
Les danses effrénées du musée de Flandre
C’est un joyeux cortège qui envahit les 1000 m2 de salles du musée de Flandre de Cassel jusqu’au 14 juillet. Car pour célébrer le 450e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l’Ancien (1510-1569), le musée réveille les fêtes et les kermesses, en y invitant les contemporains du Bruxellois (Martin Van Cleve et Pieter Balten) mais aussi ses fils (Pieter II et Jan I), qui ne cessèrent de réinterpréter ses modèles.
Plus d’une centaine de toiles et gravures en provenance de musées prestigieux et de collections privées sont réunies. Un éclairage inédit sur la fantastique liberté de création qui anime la Flandre des XVIe et XVIIe siècles, comme nous l’explique Sandrine Vézilier-Dussart, conservatrice en chef du musée.
« Loin d’être un sujet secondaire, la fête est l’expression même de la quête de tout homme, une danse effrénée à la recherche d’un bonheur éphémère, telle cette ronde tournoyante au pied du gibet dans le célèbre tableau de Brueghel peint en 1558 (Darmstadt, Hessisches Landemuseum) : une ode à la vie… »
Notre visite guidée de l’exposition
Le carnaval ou le sens de la fête
Dès le début du mois de janvier, surgissant de l’hiver, une explosion de musiques, de rires et de couleurs illumine les Flandres. Pascal Delannoye, chargé de projet Enedis ingénierie travaux à Hazebrouck, et sa femme Betty attendent ce moment festif avec impatience.
« Le carnaval est perçu comme un moment de décompression total avec les copains, pour oublier le stress et le boulot. Car à ce moment de l’hiver, on est tous fatigués. Après, on repart pour une année… »
De Dunkerque à Bailleul en passant par Douai ou Cassel, comment choisir son carnaval ? Pascal déambule vendredi, samedi, dimanche à Bailleul. Avant de rejoindre, le dimanche soir, les carnavaleux de la citadelle de Dunkerque, chahutant en première ligne au son des fifres, des cuivres et des tambours.
« Bailleul serait plus bon enfant tout comme Cassel, Dunkerque est plus excessif : il attire de plus en plus de monde et les chapelles ont tendance à devenir privées. » « Faire chapelle » (voir le lexique du vocabulaire dunkerquois), c’est ouvrir sa maison aux carnavaleux en proposant crêpes, croque-monsieur, jus de fruits, smout (saindoux)…
Côté costume, à Dunkerque, les hommes s’habillent quasiment tous en femme, conservant le même costume d’une année sur l’autre. « On se reconnaît par le costume et on fait fi des conventions sociales, il n’y a pas de différence entre un patron et un ouvrier », souligne Pascal. Pas trop dur le lendemain ? Le lendemain, ils enfilent une combinaison de plongée et partent en longe-côte depuis la plage de Leffrinckoucke, à côté de Dunkerque. Au milieu d’un petit groupe de sportifs » quasiment constitué de carnavaleux ». La balade revigorante de 5 kilomètres en file indienne se pratique toute l’année et il leur arrive de croiser des phoques. Quoi qu’il en soit, de Dunkerque à Cassel, la fin du carnaval suscite un même soupir : « Vivement l’année prochaine ! »
Esquelbecq, son château, ses jardins et ses livres
À la lisière des Flandres, niché au cœur du village d’Esquelbecq, le château est le joyau français de l’architecture flamande renaissance. Entouré de douves, il a la forme d’un grand quadrilatère flanqué de huit tourelles et pignons à pas de moineaux. Le château lui-même ne se visite pas mais les allées de son jardin (hébergeant plus d’une centaine de fruitiers palissés, dont des centenaires) s’ouvrent dès le printemps à de multiples manifestations : fêtes des jardins, art contemporain, ateliers peinture, balades nocturnes aux flambeaux)…
Des guides villageois, férus d’histoire, sont prêts à vous faire découvrir la petite et la grande histoire d’Esquelbecq. Comme la visite du clocher de l’église Saint-Folquin, soit une ascension de 75 marches jusqu’au carillon de 23 cloches qui égrènent, tous les quarts d’heure, des airs typiques de la région.
Très riche lui aussi, l’agenda culturel de cette communauté de 2 120 âmes. Il suffit de se promener dans ses rues pour être surpris par le nombre de librairies : trois enseignes se partagent ici un public de bibliophiles.Esquelbecq porte l’appellation Village du livre. Le concept, élaboré dans les années 1960 au pays de Galles, à Hay-on-Wye, par Richard Booth, désigne « l’implantation, dans une agglomération située dans une région pittoresque ou touristique, de professionnels dont l’activité dominante est basée sur le commerce de livres anciens et d’occasion, de gravures anciennes, et de tous les métiers liés à ces objets, tels que relieurs, doreurs, encadreurs, fabricants de papiers, imprimeries artisanales… »
La formule a essaimé depuis, notamment en Belgique et en Allemagne. À Esquelbecq, des rencontres littéraires, des expositions, des conférences, ont lieu toute l’année, ainsi que des marchés aux livres. Nuit du livre, le premier samedi de juillet.
Retrouvez l’agenda culturel d’Esquelbecq sur www.esquelbecq.com
Où séjourner avec la CCAS ?
Merlimont
À quelques battements d’ailes des dunes et de la plage de sable fin, deux options d’hébergement : gîtes ou maison familiale.
Ambleteuse
À 800 m de la plage, le centre de vacances Artès Tourisme est une maison familiale sur deux niveaux en chambre de 2 à 5 personnes.