Les quatre fédérations syndicales des Industries électriques et gazières appellent tous les agents de l’énergie à une grève massive le jeudi 19 septembre, pour exprimer leur opposition au projet de démantèlement du service public de l’électricité.
Cette fois, ça y est : le dossier du projet Hercule de séparation des activités d’EDF fait son entrée dans l’actualité économique et sociale de la rentrée. Le gouvernement a demandé à Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe EDF, de lui remettre en fin d’année une série de propositions sur la réorganisation de l’opérateur historique.
Mais les fédérations syndicales ont bien l’intention, avec l’intervention des salariés, de « bousculer ce calendrier », comme le déclarait Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la FNME-CGT. Depuis l’annonce dans la presse des contours et de la philosophie de ce projet en avril dernier, sa présentation aux représentants syndicaux en juin, et l’augmentation, votée cet été, du volume de l’Arenh (Accès régulé à l’énergie nucléaire historique), qui permet aux commercialisateurs concurrents du service public de se fournir à bas prix auprès d’EDF, Hercule est bel et bien en marche.
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Hercule : chronique d’un découpage à haut risque
Près de 20 000 emplois menacés
Mardi 17 septembre, les quatre fédérations syndicales de l’énergie ont organisé une conférence de presse à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à la veille d’une journée d’action à laquelle sont invités tous les salariés de l’entreprise et de la branche.
Affichant avec détermination leur unité, les représentants syndicaux ont pointé avec précision, pendant plus d’une heure et demie, les risques industriels et sociaux – près de 20 000 emplois menacés – que fait peser le plan Hercule sur le service public de l’énergie, ses agents et ses usagers.
Ainsi, pour William Viry-allemoz, secrétaire général de la CFE-CGC Énergies, pour qui Hercule « ne constitue pas un projet industriel », l’ouverture du capital du réseau de distribution Enedis (qui « remonte » chaque année 600 millions d’euros au groupe) fait courir un risque « d’explosion » au régime des concessions. « Les collectivités locales qui sont propriétaires du réseau n’accepteront pas de payer pour des actionnaires » a-t-il ainsi affirmé.
En écho, Vincent Rodet, délégué de la fédération Chimie Énergie CFDT, voit dans la séparation de RTE et d’Enedis une aberration technique et industrielle. Selon lui, « Hercule est une tentative de faire survivre EDF dans un environnement délétère de marché, ce n’est pas un projet industriel ». Et ce, alors même que l’électricité sera l’énergie du 21 siècle. « Nous devons réussir la transition énergétique, a-t-il ajouté, et le gouvernement s’en prend à un outil performant ».
EDF est « un outil au service de la Nation », a quant à lui souligné Alain André, représentant FNEM-FO, craignant que la disparition du tarif réglementé de vente « ne soit la contrepartie offerte à la commission européenne » en échange de son accord sur le projet Hercule : « Ce serait alors l’abandon d’une protection essentielle pour les citoyens et la fin de la péréquation tarifaire, a-t-il assuré, et une flambée de la facture ».
Pour Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT, « ce projet de démantèlement conduit par le gouvernement s’inscrit dans un contexte de privatisation accélérée, comme on le voit avec Aéroport de Paris. On va ouvrir [au marché] les activités régulées, aux revenus garantis, parce qu’elles sont essentielles à la stabilité de la fourniture d’électricité, et conserver dans le public des outils de production mis au service des marchés, et dans lequel il n’existe aucune garantie de voir une partie de l’hydroélectricité partir au secteur privé », a-t-il affirmé, précisant que la dette du groupe n’est qu’un prétexte.
Les fédérations syndicales ont également indiqué qu’elles seraient reçues jeudi 19 septembre après-midi par la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne.
Hercule en débat à l’Assemblée nationale
Quelques heures plus tard, ce même jour à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Économie déclarait, en réponse à une question d’Olivier Marleix, député LR co-auteur d’une tribune intitulée « Pourquoi le projet de scission d’EDF est une erreur », qu’ »aucune décision n’avait été prise sur EDF », et qu’il fallait « attendre les propositions de Jean-Bernard Lévy ».
Le ministre a ainsi affirmé que le gouvernement « garantira l’intégrité d’EDF » et fera en sorte « qu’EDF reste le fleuron industriel national qu’il est aujourd’hui ».
(Cliquer sur l’image pour voir la vidéo. Source : videos.assemblee-nationale.fr.
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