Appel à pétition, aux dons et à la prise de conscience sur le sort des migrants naufragés : la journée de sensibilisation et de mobilisation citoyenne organisée par l’association SOS Méditerranée, le 26 septembre au Théâtre National de La Criée à Marseille, a rassemblé près d’un millier de personnes.
Solennelle, pédagogique, festive, mais toujours revendicative ! Peu banale mais sans doute primordiale, la journée d’appel à la mobilisation de la société civile organisée par SOS Méditerranée, à l’occasion de ses cinq ans d’existence, a sans doute marqué les esprits.
Pour fédérer autour d’une cause humanitaire, s’insurger contre l’inertie des États européens face à ce flux permanent de migrants sur cette route migratoire, la plus dangereuse au monde.
« Accueillir SOS Méditerranée dans ce lieu, qui est le conservatoire de tous les gestes de l’humanité, rejoint quelque part le geste artistique… Sauver l’autre, accueillir l’autre et rencontrer l’autre, c’est aussi la vocation et la mission de ces grandes maisons d’art », témoigne Macha Makeïeff, directrice de la Criée
Tous sauveteurs, en mer comme à terre !
Dans les couloirs et salles de la Criée, sous la bannière « tous sauveteurs », l’association civile européenne de sauvetage en mer a « exposé » ses luttes, à l’aide de documentaires, d’expos photos, de témoignages sur le sort de ces migrants en provenance de Lybie et à destination de l’Europe, que l’association s’évertue à secourir depuis cinq ans.
Léa, bénévole depuis un an, dirige l’atelier pédagogique de l’association, très prisé par les enfants.
Au micro, Moussa, réfugié de Guinée-Conakry, désormais membre de SOS Méditerranée (au micro), racontera son calvaire libyen… son sauvetage, son arrivée à Marseille et l’accueil si précieux dont il a bénéficié dans sa famille d’adoption.
« Libérez l’Ocean Viking »
Tout au long de la journée, les prises de paroles se sont succédé pour éveiller les consciences individuelles et collectives et agir. En signant, entre autres, la pétition « Libérez l’Ocean Viking », pour refuser l’injustice et l’incohérence qui « cloue » depuis plus de deux mois, en Sicile, l’Océan Viking, bateau affrété par SOS méditerranée en 2019, désormais placé en détention par les autorités italiennes.
Marins, bénévoles, artistes, membres du comité de soutien ont ainsi clamé leur indignation face à cette interdiction purement arbitraire de sauver des vies.
« En tant que marin, nous avons toujours appris à porter assistance à quelqu’un… Par notre engagement, nous voulons aussi montrer une autre facette de la mer, bien plus cruelle que lors de courses ou régates ! » témoigne François Gabart, navigateur et parrain de l’association.
Et comme pour mieux convaincre l’assemblée, tous ont attesté de leur utilité, chiffres à l’appui : en cinq ans, près de 32 000 personnes ont été secourues par l’association, créée notamment pour faire appliquer le droit maritime international autant que le droit humanitaire en matière de secours et d’assistance.
En soirée, place au spectacle vivant. De nombreux artistes en scène pour dénoncer les scènes morbides dans les eaux méditerranéennes, cercueil maritime, où depuis 2014, 20 000 personnes ont péri selon l’Organisation internationale des migrations.
Sauver, protéger, témoigner
Fondée sur un financement participatif, selon le triptyque : Sauver, protéger, témoigner, SOS Méditerranée a ainsi exhorté les citoyens présents à s’engager auprès de ses 900 bénévoles et 50 salariés répartis dans 4 pays, la France, la Suisse, l’Italie et l’Allemagne.
« La coopération entre quatre États européens est un bel exemple de solidarité dans l’Union européenne. Mobilisons-nous encore plus, car il est vital que la tragédie en Méditerranée ne devienne pas banale » a exhorté François Thomas, président de SOS Méditerranée France.