Avec leur association Pharelightworld, créée en 2020 après leur voyage solidaire au Cambodge, Maïwenn Chartois et Alicia Grivau, filles d’agents d’à peine 20 ans, ont souhaité organiser la venue en France de jeunes artistes khmers avec qui elles ont partagé vie quotidienne et pratique du cirque, avec à la clé des représentations dans les villages vacances de la CCAS.
Ce voyage au Cambodge était votre premier voyage solidaire. Qu’est-ce qui vous a incité à y participer ?
Alicia Grivau : Toute notre enfance, nous sommes parties en colo avec la CCAS, ce qui nous a permis d’acquérir un solide bagage de découvertes culturelles et une envie permanente d’explorer de nouveaux territoires. Cela m’a naturellement conduite à candidater à ce voyage solidaire au Cambodge dès mes 18 ans. Il ne s’agissait pas d’un simple voyage touristique, mais bien de se lier avec le groupe de jeunes Khmers que nous allions rencontrer, de découvrir leur culture, leur mode de vie, l’école dans laquelle ils se formaient aux arts du cirque, qui est en lien avec la CCAS.
Maïwenn Chartois : Ce n’est pas un simple voyage, c’est une expérience qui nous a permis aussi bien de comprendre les Khmers que de nous interroger sur nous-mêmes, sur nos actions au quotidien. Je n’aurais jamais pu imaginer tout ce qui allait se passer lorsque je me suis inscrite à ce séjour, et maintenant, je n’ai plus envie de voyager autrement !
Qu’est-ce qui selon vous, a rendu cette rencontre avec les étudiants khmers si particulière ?
M. C. : Nous avons tissé des liens très forts avec eux. Notre groupe et le leur se sont vite mélangés pour n’en former qu’un seul. Il n’y avait aucune barrière, pas même celle de la langue : c’était comme si nous nous connaissions depuis plusieurs années. Il n’était pas nécessaire de se parler pour se comprendre. D’ailleurs, nous avons créé avec eux un spectacle de cirque.
A. G. : Nous nous sommes tous adaptés les uns aux autres, d’autant que nous n’avions pas peur de cette « barrière culturelle ». C’est ce qui a permis de développer la cohésion du groupe. Ils nous ont tout de suite accordé leur confiance. Nous avons ainsi découvert une culture bienveillante.
Nous avons réalisé que nous vivions dans un pays développé, qui offre une certaine égalité des chances.
Vous avez vécu ensemble durant quinze jours. Quels enseignements tirez-vous de cette expérience
M. C. : Nous avons découvert à la fois l’histoire du pays et leur quotidien. Nous avons parfois vu des choses que nous n’aurions pas souhaité voir, comme leurs conditions de vie : certains vivent à même le sol, sans mur ni toit sans accès à l’eau ou à l’électricité…
A. G. : Nous nous sommes beaucoup remises en question. Les animateurs nous y ont aidé en instaurant chaque soir des « moments wow », au cours desquels, nous, Français, échangions sur ce qui nous avait scotchés durant la journée. Nous avons ainsi réalisé que nous vivions dans un pays développé, qui offre une certaine égalité des chances. C’est une chose de voir la grande pauvreté à travers des reportages, c’en est une autre de l’avoir sous les yeux, de partager cette réalité, ponctuellement, avec ceux qu’elle touche.
Vous avez également visité l’école dans laquelle les jeunes Khmers sont formés au cirque. Comment fonctionne-t-elle ?
M. C. :L’établissement, qui se nomme Phare Ponleu Selpak, « La lumière des arts » en langue khmère, propose un enseignement gratuit constitué d’un tronc commun généraliste et de quatre spécialités artistiques : cirque, théâtre, danse traditionnelle, arts visuels et appliqués. Se former aux arts du cirque est un bon moyen de réussir professionnellement au Cambodge.
En effet, dans la ville de Siem Reap, où se trouvent les temples d’Angkor, l’école possède un énorme cirque permanent, très réputé, qui fait salle comble tous les soirs. L’objectif est donc de former les jeunes afin qu’ils intègrent ce cirque professionnel. C’est une sorte de retour sur investissement. L’un de leurs élèves, Dina Sok, se produit, par ailleurs, depuis plusieurs années avec le Cirque du Soleil en France.
A. G. : L’école permet de rétablir une certaine égalité des chances et représente une grande opportunité pour beaucoup d’enfants. Car même si la scolarité est gratuite au Cambodge dans les écoles publiques, ces dernières n’ouvrent pas autant de portes, et n’ont pas toutes un service d’aide sociale pour les familles les plus pauvres. Certains enfants sont nourris et logés lorsqu’ils habitent très loin du site.
La CCAS nous apporte un soutien logistique pour le transport, l’hébergement et la nourriture durant les quinze jours de la présence [des jeunes].
Une fois rentrées en France, vous avez repris contact avec la CCAS pour poursuivre un projet commun. Quel a été son rôle ?
M. C. : L’un de nos accompagnateurs nous a indiqué que la CCAS pourrait nous aider, si nous avions un projet solide à présenter. Il nous a bien fallu un an pour le finaliser, avec l’aide précieuse de Christophe Hodé, responsable de l’organisation des séjours solidaires (NDLR : disparu cet été), avant de pouvoir le présenter en avril 2021 à Erwann Dupont, Delphine Idier, Lionel Pipitone, respectivement présidents des commissions International, Culture et Jeunes et Camille Monchaux, responsable de la médiation culturelle à la CCAS !
A. G. : La CCAS nous permet de réaliser la première étape de notre projet, qui est d’ouvrir des portes en France à ces jeunes artistes. Cela leur permet de se produire devant un public, en l’occurrence dans les villages vacances. Par ailleurs, la CCAS nous apporte un soutien logistique pour le transport, l’hébergement et la nourriture durant les quinze jours de leur présence.
Quelles sont les prochaines étapes ?
M. C. : Si l’école Phare Ponleu Selpak nous donne son accord, nous allons demander des subventions et organiser des événements pour récolter des fonds. Nous envisageons également d’être présents au prochain marché de Noël de la CCAS à Montreuil et au Festival d’Énergies de Soulac, s’il a lieu.
A. G. : Nous allons également solliciter des entreprises, afi n qu’elles nous fournissent une aide fi nancière ou des moyens de communication, dans le cadre de la Responsabilité Sociale et Environnementale des grandes entreprises.
M. C. : Notre plus grosse difficulté finalement reste la gestion du temps. Nous pensions pouvoir lancer le projet dès cet été, mais cela n’a pas été possible avec la pandémie… Mais peu importe le temps que nous y consacrerons, l’important pour nous, est d’aller jusqu’au bout.
Comment proposer un projet solidaire ?
Remplir les conditions d’éligibilité
Votre projet doit :
- être porté par une association, au sein de laquelle milite à minima un énergéticien,
- répondre à une demande, un besoin local de la population concernée, réfléchi et monté avec elle, et se doit d’être pérenne
- être à caractère social, éducatif, sanitaire et/ou culturel (exemples : électrification d’écoles ou de structures médicales, adduction d’eau potable dans des villages, aide à la scolarisation, appui à des filières agricoles ou artisanales, création de médias alternatifs…).
Côté financement :
- Au moins la moitié du financement du projet doit être sollicitée et assurée auprès d’autres partenaires qui partagent les valeurs des Activités Sociales, dans la limite de 15 000 euros,
Côté validation :
- Le projet devra également être présenté à votre CMCAS, dont la délibération sera transmise à la CAI, pour avis consultatif.
Envoyer votre demande à la CCAS :
Contactez la CCAS par mail : culture-educpop-solidarites@asmeg.org, qui vous indiquera la marche à suivre.
Les dossiers devront être complétés et transmis avant le 15 d’octobre de l’année en cours, pour un projet qui se déroulera l’année suivante.
Tags: International Jeunes Séjours solidaires