« Par-delà l’horizon », les pépites de la science-fiction française

Jérôme Vincent, rencontres culturelles CCAS 2022

Avec « Par-delà l’horizon », Jérôme Vincent, qui a publié cette anthologie de science-fiction, fait partie des auteurs et autrices sélectionnés par la CCAS pour animer les Rencontres culturelles de l’été. ©Emmanuel Granvillain

Avec « Par-delà l’horizon », Jérôme Vincent, directeur des éditions Actusf, propose un recueil de nouvelles de 19 auteurs et autrices français·es contemporain·es, qui nous immergent dans des mondes dystopiques, comme autant de miroirs déformants de notre réalité. Entretien avec un passionné.


L’histoire

"Par-delà l’horizon", anthologie de nouvelles de 19 auteurs français, sous la direction de Sébastien Guillot, éditions ActusfLe futur, lointain ou très proche, les réseaux, l’hyperconnexion, la technologie, les désastres écologiques, politiques, sociétaux… et surtout l’humain sont au cœur des histoires de cette anthologie, comme des fables en permanence reliées à notre monde. Dix-neuf textes de science-fiction, écrits par des auteurs français, pour parler d’avenir mais surtout de notre présent.

« Par-delà l’horizon », anthologie de nouvelles de 19 auteurs français, sous la direction de Sébastien Guillot, éditions Actusf, 2021, 16,43 euros (tarif CCAS sur la Librairie des Activités Sociales, au lieu de 21,90 euros).

Ce livre a été choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2022 : commandez-le sur la Librairie des Activités Sociales (avec une participation financière de la CCAS et des frais de port offerts ou réduits).


Jérôme Vincent : « La science-fiction aborde tout ce qui fait de nous des humains »

Quelle place va occuper « Par-delà l’horizon », l’anthologie de nouvelles que vous publiez, dans le paysage de la littérature de science-fiction ?

Jérôme Vincent – En France, depuis le milieu des années 1990, nous avons la chance d’avoir des anthologies regroupant des auteurs d’une même génération. Mais la dernière date de 2005. Les éditions Actusf souhaitaient publier une anthologie qui fasse un point d’étape sur la science-fiction en France : qu’a-t-elle à dire aujourd’hui ? Quels sont les imaginaires qu’on y développe, les auteurs à suivre ?

C’est en quelque sorte une porte d’entrée vers ce genre littéraire avec l’objectif de mieux le faire connaître. « Par-delà l’horizon » propose 19 textes, mêlant les vieux briscards à de jeunes auteurs dont c’est quasiment la première publication. Chacun pourra aller picorer à l’envi dans ce recueil de nouvelles.

Quelle définition donneriez-vous de la science-fiction ?

J’ai deux définitions. La première, c’est une projection dans le futur : que ce soit Noël 2022 ou très loin dans les étoiles à des années-lumière. En second, la science-fiction est une littérature qui ne fait que parler du réel. En fait, on se projette et on n’imagine des mondes qu’à partir de ce que l’on est. Donc, on y trouve plein de thématiques actuelles.

La science-fiction nous permet de nous éloigner afin de grossir certains traits du présent. Elle nous transporte dans le futur mais ne fait que traiter des problématiques du présent. Dans « Par-delà l’horizon », un texte parle, par exemple, des applications de rencontres et de gestion du couple au quotidien. Dans un autre, Pierre Bordage se demande ce qu’il adviendrait si des mots et des verbes devenaient la propriété de certains groupes et qu’on ne puisse plus les utiliser.

La science-fiction n’est qu’un miroir déformant de nos temps présents. Le réel est son socle.

Que raconte la science-fiction de notre monde ?

Elle ne fait que raconter le monde dans lequel on vit. Tout comme la littérature, elle se penche sur les passions humaines, sur les enjeux de pouvoir et de société. Elle aborde tout ce qui fait de nous des humains, et notre place dans la société.

La science-fiction n’est qu’un miroir déformant de nos temps présents. Le réel est son socle ; elle puise dans la réalité et peut également s’inspirer des grands mythes. Si vous prenez « 1984 », George Orwell y parle des années 1950 sous le maccarthysme, et non pas de l’année 1984.

On l’adore ou on la déteste. Est-ce encore ainsi aujourd’hui ?

Ce n’est plus très vrai aujourd’hui. La science-fiction domine le monde. Avec le multimédia et l’imaginaire, elle se retrouve partout : au cinéma, dans les fictions, dans les livres et la BD, les jeux…. Affirmer détester la science-fiction me semble être un non-sens, car chacun d’entre nous en a forcément regardé, lu ou a joué sur une thématique de science-fiction. C’est plutôt de la méconnaissance.

La science-fiction est tellement diverse que chacun trouvera inévitablement quelque chose qui lui correspond. Pour la découvrir, les lecteurs peuvent commencer par lire un recueil de nouvelles. De plus, les auteurs mélangent les genres : ils empruntent au fantastique, au polar, au thriller…

[La science-fiction] se joue sur ce qu’on appelle la suspension d’incrédulité : vous lisez une histoire et acceptez qu’elle ne soit pas vraie.

En quoi est-elle un genre littéraire à part entière ?

C’est une littérature comme une autre. Elle emprunte aux grandes passions de notre temps. Mais elle possède pour un certain nombre d’œuvres des codes qui lui sont propres. Ça se joue en fait sur ce qu’on appelle la suspension d’incrédulité : vous lisez une histoire et acceptez qu’elle ne soit pas vraie. Comme au cinéma en fait.

En science-fiction, vous acceptez que le cadre soit complètement différent, qu’il soit par exemple celui d’un vaisseau spatial ou d’une autre planète, que le monde ne soit pas identique au vôtre… Après tout, lorsque vous lisez Homère, c’est la même chose. En SF, le seuil de suspension d’incrédulité est juste plus étendu. Une fois ces codes assimilés, c’est un genre littéraire à part entière.

Qu’allez-vous raconter aux agents dans nos villages vacances, l’été prochain ?

Nous allons discuter de la science-fiction bien sûr, de ce qu’elle est, de ce qu’elle évoque pour eux, de ce qu’ils ont lu et vu. Je leur raconterai des récits issus d’horizons divers, des histoires avec des futurs pleins de rêveries, de drames et de poésie. Des histoires qui peuvent faire écho à ce qu’ils vivent. Mais des futurs qui sont très accessibles.


Les Rencontres culturelles

Comme l’éditeur Jérôme Vincent, des auteurs et des autrices sont choisis chaque année par la CCAS pour partager leur passion de l’écriture et échanger avec vous sur leurs ouvrages, disponibles dans les bibliothèques de vos villages vacances, dans le cadre des Rencontres culturelles.

Retrouvez les Rencontres culturelles de l’été sur
ccas.fr > rubrique Culture et loisirs > Rencontres culturelles

 

Tags:
0 Commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Votre commentaire est soumis à modération. En savoir plus

Qui sommes-nous ?    I    Nous contacter   I   Mentions Légales    I    Cookies    I    Données personnelles    I    CCAS ©2024

Vous connecter avec vos identifiants

Vous avez oublié vos informations ?