Marie Normand, nouvelle directrice de Momix, a assuré la programmation du 34e festival jeunesse alsacien. ©Sylvain Scubbi
Toute nouvelle directrice de Momix, Marie Normand nous en dit plus sur les événements dédiés aux enfants et aux familles au programme de la 34e édition du festival alsacien, partenaire de la CCAS et de la CMCAS Mulhouse.
Vous l’avez peut-être croisée lors d’une Rencontre culturelle dans les villages vacances de la CCAS, il y a une dizaine d’année, avec sa compagnie Rêve général ! Comédienne professionnelle à l’âge de 17 ans, metteure en scène à 20 ans, Marie Normand revendique un théâtre populaire et instaure avec ses spectacles un rapport direct au public, notamment au jeune public.
Entre de nouvelles représentations participatives, faisant la part belle aux échanges ludiques au sein des familles, la « Boum littéraire » et le jury des Activités Sociales, composé de familles bénéficiaires de la CMCAS Mulhouse, Marie Normand, nouvelle directrice artistique de Momix, nous en dit plus sur le programme du 34e festival jeune public alsacien.
Momix, un partenariat au plus près des agents
Grâce au partenariat de la CCAS et de la CMCAS Mulhouse avec Momix, l’accès au festival est gratuit ou proposé à tarif préférentiel, sur présentation de l’attestation Activ’ ou de la carte Pass sur certains spectacles.
Les familles peuvent aussi participer à l’attribution du Prix des Activités Sociales. Le spectacle choisi par les parents et les enfants sera proposé lors des tournées culturelles estivales dans les villages vacances CCAS.
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Vous avez pris la direction de Momix à la suite de Philippe Schlienger, qui a été à la tête du festival durant trente ans. Quelle est votre empreinte sur la programmation 2025 ?
Marie Normand – Je ne ressens pas le besoin de changer des choses qui marchent pour montrer que je suis là ! Je pense que Philippe et moi cherchons à peu près les mêmes choses dans un spectacle : l’exigence sur la forme et le fond, le niveau d’aboutissement du projet, l’intérêt du propos, les émotions qu’il provoque… Mais la manière de choisir un spectacle est extrêmement personnelle et subjective, même lorsqu’on l’envisage d’un point de vue professionnel. En ce sens, ma programmation sera forcément différente de la sienne.
J’ai aussi pris la décision de proposer moins de spectacles : non pas à cause d’une baisse de budget, mais pour pouvoir programmer plus de représentations. Principalement pour des raisons écologiques, à savoir éviter à une compagnie de parcourir 1 000 kilomètres pour ne jouer qu’une fois. Ensuite, pour permettre aux spectacles de grandir, car, lorsqu’ils sont joués plusieurs fois au même endroit, le spectacle s’améliore. Enfin, pour permettre au bouche-à-oreille de fonctionner.
« On ne voit pas son parent de la même façon quand il est en train de jouer avec une marionnette-chenille que lorsqu’il vous demande de faire vos devoirs ! »
Plusieurs spectacles programmés sont participatifs, comme « La Boum littéraire » ou « L’Arbre de Mia » . En quoi l’implication du public dans le spectacle est-elle importante ?
L’aspect participatif, ludique et même festif permet de casser l’image élitiste du théâtre, et d’éviter la « consommation » de spectacles. Ce sont des moments de partage, qui peuvent également modifier les relations au sein des familles ! Dans « L’Arbre de Mia » , par exemple, nous proposons au parent de jouer le rôle d’un ado devant son propre enfant. Idem avec « La Boum littéraire » : on ne voit pas son parent de la même façon quand il est en train de jouer avec une marionnette-chenille que lorsqu’il vous demande de faire vos devoirs !
Nous proposons un festival à hauteur d’enfant, avec des parcours pensés pour les familles, alternant spectacles et animations artistiques, accessibles gratuitement sur réservation : des moments de découverte d’une pratique, d’une œuvre, mais aussi des moments de rencontre, à travers des dédicaces par des auteurs, par exemple.
« Je trouve important de rappeler qu’un spectacle vient souvent d’un livre. »
Momix 2022, le spectacle « Les Aventures de Jeff Barel, le dernier iceberg », de la compagnie Firmin et Hector. ©Charles Crié/CCAS
Pourquoi mettez-vous particulièrement en lumière les écritures théâtrales et les textes dans la programmation Momix 2025 ?
Parce que je pense qu’il y a un véritable enjeu autour du livre. Certes, les gens lisent beaucoup, ne serait-ce que les messages sur leur téléphone. Mais la lecture d’une œuvre de fiction, vectrice de l’imaginaire, c’est autre chose, c’est fondamental. Et le rythme trépidant de nos vies nous permet peut-être moins qu’avant de nous poser pour lire un livre.
Par ailleurs, je trouve important de rappeler qu’un spectacle vient souvent d’un livre, écrit par un auteur, adapté par un autre auteur appelé dramaturge et par son équipe : c’est une façon d’ouvrir au spectateur les coulisses d’un spectacle, et de démultiplier son plaisir en lui permettant de lire le livre d’origine.
Et puis, je suis moi-même arrivée au théâtre par le texte : j’ai découvert le théâtre classique avec Racine à 10 ans et j’ai adoré ça ! Puis, petit à petit, j’ai fait du théâtre au collège, au lycée. À 16 ans, je suis allée au Théâtre du Peuple de Bussang, qui a la particularité de mélanger des amateurs et des professionnels. L’année suivante, j’ai eu la chance d’intégrer une équipe professionnelle, grâce au metteur en scène Christophe Rauck, pour la tournée du spectacle « Le Dragon », de Evgueni Schwartz.
« La CCAS a une place particulière dans mon cœur, parce j’ai moi-même participé aux Rencontres culturelles durant trois ans. »
Momix, 29e festival jeune public. Délibération du jury familial, composé d’enfants et de parents bénéficiaires de la CMCAS Mulhouse, pour l’attribution du Prix des Activités Sociales. © Charles Crié/CCAS
Le Prix des Activités Sociales est décerné en clôture de Momix par un jury familial. Que vous apporte ce type de jury, et le partenariat avec les Activités Sociales ?
D’abord, il se trouve que la CCAS a une place particulière dans mon cœur, parce j’ai moi-même participé aux Rencontres culturelles durant trois ans avec les spectacles de ma compagnie : Roulez jeunesse ! en 2014 et Les Préjugés en 2016-2017 ; donc je vois très bien de quoi il s’agit ! D’ailleurs, c’est drôle pour moi de récupérer ce projet [auquel j’ai participé en tant qu’artiste].
Ensuite, la participation des familles à un jury leur permet de comprendre comment on lit un spectacle, comment on l’analyse, grâce à une comédienne qui les accompagne lors d’ateliers durant trois jours. C’est une ouverture incroyable sur la façon dont on fabrique un spectacle. Enfin, le regard des enfants et de leurs parents est extrêmement précieux, car il ne s’agit pas d’un regard professionnel. Il est important de savoir ce qui va leur plaire : c’est une façon pour nous de prendre la température.
En 2018, vous avez signé avec d’autres artistes et responsables de structures culturelles une tribune pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement. Comment prolongez-vous cet engagement en tant que directrice du festival Momix ?
En tant que metteure en scène, j’ai créé cinq spectacles sur la question de l’accueil des migrants. En tant que directrice artistique d’un festival, c’est un peu différent : je choisis des spectacles qui portent des thèmes et des valeurs qui me sont chers, comme le vivre-ensemble, l’altérité, l’accueil de l’autre… L’engagement passe également par ma façon de travailler, en étant solidaire des autres structures culturelles, en accompagnant les compagnies dans leurs projets sur le long terme.
MOMIX, 29e festival jeune public. © Charles Crié/CCAS
