Colo ski à Saint-Jean-de-Sixt pour 20 jeunes Martiniquais. Source : CCAS/Vimeo.
Mi-février, une vingtaine d’adolescents bénéficiaires martiniquais et leurs quatre accompagnateurs agents EDF ont séjourné huit jours à Saint-Jean-de-Sixt (Haute-Savoie). Pour certains, c’était une première colo. Pour quasiment tous, une première au ski.
Cinq heures du matin. Le village vacances de Saint-Jean-de-Sixt est encore plongé dans le sommeil quand sonne le réveil d’Ariade Jarnier-Lebil. Pendant plus de deux heures, la lycéenne de première va réviser alors que ses amis rêvent encore. Ambitieuse, elle vise une classe prépa en physique-chimie. Comment, qui plus est sous les tropiques, a-t-elle pu songer à des vacances au ski ? « Mes parents m’ont fait la surprise il y a un mois, ça fait du bien de décompresser un peu », avoue-t-elle, emmitouflée dans sa combinaison.
Première fois à la neige pour Ariade et ses camarades. ©Stéphane Sisco/CCAS
Comme Ariade, la quasi-totalité des 20 ados de 13 à 17 ans n’avaient jamais vu la neige. Cette colo est celle de la découverte pour ces jeunes Martiniquais, dont certains ont pris l’avion pour la première fois. Découverte de nouveaux paysages. Découverte des autres aussi.
Les ados goûtent ensemble aux joies des premières fois, qu’il s’agisse de la neige et de la colo. ©Stéphane Sisco/CCAS
Sur la petite pente-école à peine enneigée qui jouxte le centre, que les Martiniquais partagent avec une centaine d’autres enfants venus de toute la France, Joël Couffe donne de la voix. Tour à tour, il va conseiller les jeunes, les réconforter et recadrer les plus téméraires. L’agent EDF, technicien GR TAC (turbines à combustion), accompagne une colo ski pour la quatrième fois.
Joël Couffe, agent EDF et accompagnateur de la colo : « Les jeunes vont en permanence à la rencontre de nouvelles choses et apprennent aussi à mieux se connaître. » ©Stéphane Sisco/CCAS
« C’est extraordinaire de pouvoir leur offrir ces moments-là », confie l’accompagnateur, qui connaît tous les parents ou presque des jeunes dont il partage la responsabilité avec trois collègues, dont la directrice du séjour, Dolly Gobet. « La CMCAS Martinique organise des séjours au ski tous les deux ans, se réjouit-elle. C’est toujours complet ! Il y a même une liste d’attente. »
Les jeunes échangent leurs impressions lors des repas en commun. ©Stéphane Sisco/CCAS
« La neige, c’est froid, ça brûle… mais c’est génial ! »
En cette première matinée du séjour, le contact avec la neige se fait tout en douceur, sur des luges. Après plusieurs allers-retours, Cassidy Gabriel s’est assise. « C’est la première fois que je touche la neige, c’est froid, ça brûle les mains mais… c’est génial », rigole-t-elle. La jeune fille se dit heureuse de sa toute première colo : « Je me suis fait des amies, on sociabilise assez vite, il y a de la cohésion dans les chambres. »
À la neige, il n’y a pas que le ski ! Surtout pour les ados débutants, comme Cassidy (à g.). ©Stéphane Sisco/CCAS
Après le déjeuner, concocté par le chef cuisinier… martiniquais (!) du centre, avec des produits régionaux et beaucoup de fromages, la petite troupe se dirige vers La Clusaz. Cinq minutes de bus à peine et la voici plongée dans l’effervescence d’une des plus belles stations de Haute-Savoie. Au programme, un premier cours particulier de ski avec deux moniteurs. Durant deux heures, entre appréhension, fous rires et fierté de la première glisse, tous s’essaient avec entrain.
L’entraînement s’avère un passage nécessaire pour ces apprentis skieurs. ©Stéphane Sisco/CCAS
Frannely Charlotte-Cleria semble plus à l’aise. Et pour cause, elle est la seule à avoir déjà skié. « C’était il y a deux ans, on a passé des vacances en famille au Canada, explique-t-elle. J’ai des bases et je veux mettre en œuvre ce que j’ai appris. On verra si, d’ici la fin de semaine, je peux descendre une piste noire ! » lance-t-elle en riant.
Frannely vient pour la deuxième fois au ski. Après le Canada, la Savoie ! ©Stéphane Sisco/CCAS
Pour le moment, les ados assimilent doucement les conseils. « Le ‘freinage’ est assez difficile, ça va vite, et je n’ai pas encore le contrôle… », trouve Nehemy Mitrail. Comme ses camarades de colo, son objectif est de réussir à skier d’ici à la fin de la semaine. « Ça va le faire ! » se persuade-t-il.
Un anniversaire au ski
Chanceux, les Martiniquais passent leur semaine alpine sous un ciel bleu éclatant en cette mi-février. Avec 12o C en plein soleil, « on a un peu froid mais la Martinique ne nous manque pas », assure Thomas Rischid, bonnet de laine vissé sur la tête.
« Un petit peu quand même », lui répond Inès Joseph-Louisia. Laquelle reconnaît néanmoins qu’elle « ne s’ennuie pas pour [sa] première colo » et clame son bonheur d’être « chouchoutée du matin au soir ». Montée dans l’avion la dernière après qu’une place s’est libérée au dernier moment, elle a fêté son quatorzième anniversaire en arrivant à Saint-Jean-de-Sixt : « C’est un très beau cadeau, même si je ne connaissais personne et que je n’avais jamais quitté mes parents avant. »
Plusieurs anniversaires ont eu lieu pendant la colo, dont celui d’Inès, qui a désormais 14 ans. ©Stéphane Sisco/CCAS
La séparation, Audrey et Cassandre Vesanes ne l’ont pas imaginée un seul instant. Même colo, même chambre, même blouson rouge, même bonheur partagé et même besoin de rencontres pour les sœurs jumelles. « On est là pour apprendre à se sociabiliser, pour apprendre à vivre avec les gens », font-elles savoir. Tout en s’émerveillant du cadre dans lequel elles passent les vacances. « La France sous la neige, c’est merveilleux, l’air est pur, il fait beau, les paysage sont magnifiques ! » disent-elles de concert.
Temps calme pour les jumelles Audrey et Cassandre à la bibliothèque du centre. ©Stéphane Sisco/CCAS
La journée touche à sa fin. Il est temps de rentrer au centre. Les cinq minutes de bus semblent interminables. Et il faut encore ranger le matériel, faire sécher ses vêtements, prendre une douche bien chaude, appeler sa famille et poster des vidéos sur Instagram. Au dîner, les jeunes ont les yeux qui se ferment tout seuls. La table de ping-pong attendra. À 22 heures, tout le centre s’endort. Sauf Ariade. Qui va encore veiller une bonne heure pour faire ses devoirs.
Photo de famille avec les 20 jeunes et leurs accompagnateurs, agents des Industries électriques et gazières. ©Stéphane Sisco/CCAS
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