Du 14 au 21 juillet, le festival Contre Courant, organisé par la CCAS en partenariat avec le Festival d’Avignon, s’installe sur l’île de la Barthelasse. Entre cigales et mistral, les poètes, musiciens, artistes de rue, et comédiens, vous invitent à découvrir le monde et à questionner le genre, entre deux DJ set sur la piste de danse.
Chaque année en juillet, Avignon devient la capitale internationale du spectacle vivant. Les rues se voient soudainement envahies de curieux spécimens artistiques. S’y croisent des musiciens à poil dur, des danseurs sur échasses, des comédiens vendeurs de spectacles à la criée, des humoristes au verbe acéré, le tout pour la plus grande joie du public. Public qui aura le bonheur de retrouver, au cœur de cette grande fête du théâtre, le festival Contre courant.
Cette année, le festival a choisi de célébrer ce qui nous rassemble, ce qui, au-delà des individualités et des différences, permet de « Faire Monde », pour reprendre l’un des axes majeurs des Act’éthiques, débats qui animent les étés des Rencontres culturelles de la CCAS : l’ouverture à l’autre, le développement de l’esprit critique, mais aussi la solidarité et l’inclusion.
Outre la thématique de la place du travail dans notre société, via le spectacle « À la ligne, feuillets d’usine », de Mathieu Létuvé, adapté de l’unique roman de Joseph Ponthus disparu brutalement en 2021, ou les petites formes de « Quartiers libres », de Guillaume Cayet et Julia Vidit, et celle de la solidarité (« Tout ce fracas », de Sylvère Lamotte), le festival Contre courant met l’accent sur la thématique du genre et de la place des femmes.
Le genre en questions, en mots et en chair
Si la prise de conscience générale qu’a permise le mouvement #MeToo a engendré quelques progrès dans la prise en considération des violences sexuelles, la place des femmes dans la société reste encore bien moins enviable que celle des hommes : inégalités salariales, sexisme ordinaire, charge mentale liées aux tâches domestiques ou à la contraception, inégalité d’accès aux postes les plus élevés dans le monde politique, médiatique, économique ou scientifique (liste non exhaustive), etc.
Comme l’indique le titre du spectacle d’Estelle Meyer, une femme se doit de « Niquer la fatalité » en permanence, pour échapper aux injonctions éducatives et sociétales. À travers ses chansons à la poésie singulière, la comédienne retrace le parcours initiatique de chacune pour « devenir femme » selon les mots de Simone de Beauvoir, une femme libre de maîtriser pleinement son destin. Car au fond, comment définir ce qu’est une femme ? Quels sont les critères de la féminité ? Sont-ils scientifiques, culturels, sociétaux ? Et qui les attribue ? L’une des réponses à cette dernière question pourrait être : les grandes instances sportives internationales.
Dans la pièce « Libre arbitre », Léa Girardet et Julie Bertin retracent la carrière de l’athlète sud-africaine Caster Semenya, double championne olympique sur 800 mètres, contrainte d’effectuer un « test de féminité » après avoir remporté les Championnats du monde d’athlétisme en 2009. Le test révèle une hyperandrogénie, c’est-à-dire la sécrétion d’un taux de testostérone au-dessus de la norme définie par les scientifiques pour une femme, ce qui fait de la sportive une personne intersexe. Dix ans plus tard, la Fédération internationale d’athlétisme l’autorise à concourir, à condition qu’elle prenne un traitement visant à diminuer son taux de testostérone. Le spectacle soulève ainsi la question de l’appropriation du corps des femmes, de son contrôle par les hommes et des rapports de pouvoir qu’il induit.
Le poids des normes sociétales s’impose aux femmes, mais aussi aux personnes dites non binaires, c’est-à-dire qui ne se reconnaissent dans aucun genre. Ou qui refusent « d’entrer dans les cases » que le système affectionne. C’est particulièrement le cas des personnes transgenres : ne se reconnaissant pas dans le genre qui leur a été assigné à la naissance – homme ou femme –, les personnes transgenre peuvent entreprendre une transition de genre, c’est-à-dire un processus d’évolution sociale, médicale et administrative d’un genre à l’autre.
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Le spectacle « Pour un temps sois peu » de Fanny Sintès et Laurène Marx évoque avec sensibilité mais sans fard le parcours d’une femme trans, racontée par celle qui l’a vécue. Parce qu’il est toujours préférable de donner la parole d’abord aux personnes concernées, avant de faire disserter les autres sur ces questions. Pour éviter les idées reçues. Pour briser les fantasmes. Pour être au plus près du ressenti intime. L’actrice n’élude rien des questionnements infinis qui la traversent. Sur son identité, sur l’image qu’elle renvoie aux autres autant qu’à elle-même. Sur les amis, les amours, les emmerdes, et les choix douloureux. Et sur l’invisibilisation qu’on veut lui imposer. Parce qu’elle remettrait en cause ce que certains considèrent comme les fondements de la société.
Sport et travail en conversation avec les arts vivants
Au menu du festival, des moments de réflexion commune pour interroger les rapport entre les arts vivant et le travail, d’une part, et le sport d’autre part.
« Sport et spectacle vivant : un rapprochement historique », mardi 18 juillet à 19 heures. Longtemps snobé par le milieu du spectacle, le sport s’invite de plus en plus sur les plateaux : mariage forcé sur l’autel des prochains événements sportifs internationaux, ou vrai rapprochement sur la base de pratiques partagées ou d’enjeux de société communs aux deux domaines ? Les spectacles sur ce thème programmés cette année l’illustreront chacun à leur manière et les intervenant·es évoqueront leur rapport au croisement de ces univers, à ce qu’il raconte ou fait émerger.
Avec :
- Marine Colard, chorégraphe du « Tir sacré »
- Léa Girardet et Julie Bertin, conceptrices et autrices de « Libre arbitre »
- Eric Cena, auteur et membre de l’Association des écrivains sportifs, partenaire de la CCAS
« Spectacle vivant et monde du travail : quels apports mutuels ? », mercredi 19 juillet à 18 h 30. En tant que comité d’entreprise des Industries électriques et gazières, la CCAS interroge le rapport au monde du travail dans toutes les activités qu’elle déploie. À Contre Courant, ce fil rouge court chaque année : les artistes invité·es cette année témoigneront de la façon singulière dont ce monde a inspiré leur spectacle, réinterrogé leur processus de création et fait évoluer leurs modes de diffusion dans des réseaux autres que théâtraux.
Avec :
- Bruno Pradet, directeur artistique, et Loriane Wagner, danseuse, de la compagnie Vilcanota
- Julia Vidit et Guillaume Cayet, respectivement initiatrice et auteur du projet « Quartiers libres », récits et lectures itinérantes autour des travailleur·ses du XXe et XXIe siècles
- Mathieu Létuvé, adaptation, mise en scène et interprète de « À la ligne, feuillets d’usine »
Entrée libre au festival pour les agents et leur famille
Contre Courant, du 14 au 21 juillet
Île de la Barthelasse, Avignon (Vaucluse)
Depuis 21 ans, cet événement culturel majeur organisé par la CCAS se veut à la fois festif et engagé. Une manifestation qui mêle spectacles profondément politiques et envolées poétiques, marionnettistes de rue clownesques, DJ pyromanes du dancefloor et collectifs d’artistes militants.
Les avantages CCAS
Entrée libre. Pour les agents et leur famille : les spectacles sont en accès libre sur présentation de la Carte Activ’ ou de son attestation, dans la limite des places disponibles.
Carte OFF. ⚠ Épuisé ⚠ Vous pouvez également profiter d’un code promo pour débloquer 30 % de réduction sur l’ensemble des spectacles du festival OFF. Entrez ce code sur le site internet du festival au moment du paiement en ligne pour l’achat de la carte.
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