Docteur en physique, Antonio Fischetti est journaliste à « Charlie Hebdo » où il signe la rubrique « L’empire des sciences ». Son dernier ouvrage, « Charlie au labo », regroupe 80 de ses chroniques récentes, illustrées par Loïc Faujour. À découvrir cet été dans vos centres de vacances et colos.
Vous avez une formation de scientifique, qu’est-ce qui a motivé votre envie de collaborer à « Charlie Hebdo » ?
J’ai d’abord été enseignant-chercheur, avant de bifurquer dans le journalisme, qui, en fait, m’a toujours intéressé. Je me suis rendu compte que j’avais plus une âme de vulgarisateur scientifique que de chercheur, et que le journalisme permettait d’évoluer dans de multiples domaines. J’ai d’abord travaillé à « Sciences et Avenir ». Plus tard, j’ai eu envie de parler de la science sous un angle plus politique, plus social. J’ai commencé à proposer des sujets à « Charlie » et c’est comme ça que j’y suis rentré. Je le lisais depuis que j’étais petit mais je ne pensais jamais y travailler.
Bien sûr, j’étais attiré par la dimension satirique et cette liberté de ton que je ne pouvais avoir nulle part ailleurs. J’étais aussi motivé par l’envie d’extraire une dimension sociale, sociologique de la science et ne pas seulement faire de la vulgarisation. Et inversement, j’aime aborder des sujets qui paraissent loin de la science sous un angle scientifique. On peut l’appliquer à plein d’autres domaines, comme la religion, la santé, l’écologie, le sport, etc. Par exemple, à propos des migrations, cela m’intéresse d’expliquer sous l’angle scientifique qu’étant donné que nous sommes tous d’origine africaine, nous sommes tous migrants.
La culture scientifique et technique est-elle suffisamment accessible aux profanes ?
Aujourd’hui celui qui veut s’informer n’a que l’embarras du choix. C’est plutôt se retrouver dans ce flux d’informations qui pose problème. En tant que journaliste, on doit essayer de donner une lecture, un éclairage.
Dans quels domaines les clichés sur la science sont-ils le plus tenaces ?
Je suis souvent confronté à une position anti-science de la part de personnes et notamment de lecteurs qui pensent que la science apporterait plus de mal que de bien. Dans la lignée de la philosophie des Lumières, je pense que la science est un facteur de progrès, qui doit bien sûr être surveillé pour que l’on n’en fasse pas une utilisation néfaste. Ce n’est pas tout blanc ou tout noir, je suis plus pour prendre en compte la complexité des choses. Reste qu’on peut comprendre la méfiance de l’opinion publique car le pouvoir technoscientifique a beaucoup menti jusqu’ici, notamment dans le domaine de l’écologie. Ce manque de transparence a laissé des traces.
A lire
« Charlie au labo », d’Antonio Fischetti, illustrations de Loïc Faujour.
Belin, 2017, 352 p., 22 euros.
À lire dans toutes les bibliothèques des centres de vacances de la CCAS.