
Marc Cortes (à g.), trésorier de la CMCAS La Réunion, au siège de la CMCAS qui a subi de forts dégâts avec le passage du cyclone Garance, le 28 février dernier. ©Stéphane Sisco/CCAS
Près de trois semaines après le passage destructeur du cyclone Garance à La Réunion, le trésorier de la CMCAS, Marc Cortes, revient sur la violence de l’évènement et les dégâts causés au siège de la CMCAS, qui a tout de même servi de point de distribution d’eau et de nourriture aux sinistrés. Il détaille les pistes envisagées par la CMCAS pour aider les bénéficiaires qui ont tout perdu.
Confirmez-vous que le cyclone Garance était un cran au-dessus de tous les autres qu’a connu la Réunion ces dernières années ?
Oui. Tout du moins, c’est un des plus forts que j’ai vécu ici. Je connais la Réunion depuis les années 90, j’y suis venu à de nombreuses reprises avant de m’y installer en 2006. Garance a été particulièrement compact et violent, avec un premier « mur » (zone dans laquelle les vents sont les plus forts, ndlr) et des vents à plus de 200 km/h. Puis l’œil est passé sur l’île, et le second « mur » est arrivé avec des vents encore plus forts et dans le sens inverse.
Ce sont surtout les pluies diluviennes qui se sont abattues à certains endroits et notamment à Saint-Denis (le chef-lieu), qui m’ont vraiment impressionné. J’ai vu des scènes identiques à celles des inondations de Valence (Espagne). C’est en tout cas du jamais-vu de mémoire de Réunionnais. Les rafales ont été si fortes dans l’est de l’île qu’elles ont fait tomber des pylônes susceptibles de résister à des vents de plus de 300 km/h. Fort heureusement, les habitations à la Réunion sont aujourd’hui quasiment toutes aux normes, et il n’y a pas eu les mêmes scènes de désolation qu’à Mayotte plus tôt dans l’année.
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Un cyclone d’une rare violence

Avec 8 lignes THT et 21 pylônes électriques endommagés, le rétablissement de l’électricité a nécessité la programmation de plus de 400 chantiers, dont la majorité sont aujourd’hui terminés. ©Victor Chow/EDF
Le 28 février, le cyclone Garance frappe l’île de La Réunion, avec des rafales de vent dépassant les 200 km/h et des cumuls de pluie dépassant les 400 mm à l’intérieur de l’île.
Au passage du mur de l’œil, des rafales inédites ont été mesurées : 234 km/h à Gros-Piton-Sainte-Rose, une valeur qui n’avait pas été relevée depuis le cyclone Hollanda en février 1994 ; 213 km/h à l’aéroport de Gillot, soit la valeur la plus élevée depuis le passage du cyclone intense Jenny en 1962.
À Sainte-Marie, au nord de l’île, on a mesuré des hauteurs moyennes de vagues de 6 mètres, la hauteur maximale atteignant 10 mètres. Ces conditions ont engendré des submersions marines et ont été défavorables à l’évacuation des précipitations via les cours d’eau vers la mer.
(source : Météo France)
Le centre de vacances et le site de la CMCAS ont-ils souffert ?
On a constaté peu de dégâts au centre de vacances de Saint-Gilles-les-Bains, en tout cas rien sur le bâti. Il n’a pas été fermé et les bénéficiaires peuvent y réserver des séjours.
Le siège de la CMCAS, à Saint-Denis, a davantage souffert. C’est le site historique de la première centrale thermique d’EDF. Des rochers sont tombés sur le court de tennis à la suite d’un éboulis, un arbre s’est couché sur le grillage, la piscine est remplie de branches et de feuilles… On a craint la montée des eaux car le site est à proximité du lit de la rivière, et à 300 mètres à vol d’oiseau, des quartiers qui ont été totalement inondés.
J’ai une pensée pour ceux qui ont tout perdu. Certains habitent non loin du siège et il n’était plus possible d’accéder jusqu’à chez eux les jours suivants le cyclone. On les a aidés à notre manière en stockant, sur le site de la CMCAS, l’eau et la nourriture distribués par la ville, pour que les riverains sinistrés viennent s’approvisionner.
La CMCAS a-t-elle pu mettre en place une chaîne de solidarité pour les bénéficiaires dans le besoin ?
C’est encore très compliqué, tout simplement parce que nous n’arrivons pas à joindre ceux qui en ont le plus besoin ! Des milliers de foyers restent encore privés d’électricité, et donc d’internet et de téléphone. On a commencé à faire le tour, mais ça va certainement prendre du temps car même les portables ne passent plus.
Au-delà du soutien matériel que l’on va leur apporter, nous avons anticipé les aides auprès de compagnies d’assurance qui vont accompagner nos bénéficiaires, quand bien même ils ne sont pas adhérents chez elles. L’idée est de proposer des avances de trésorerie à taux zéro pour aider ceux qui ont tout perdu. Je pense notamment aux « petits » agents des Industries électriques et gazières qui, à 70 ou 80 ans, ont une toute petite retraite et plus de maison après ce cyclone.
Une situation exceptionnelle pour EDF La Réunion

Les techniciens EDF de La Réunion, dont les équipes sont renforcées par des collègues des îles voisines et d’autres départements français, interviennent dans des conditions parfois difficiles. ©Victor Chow/EDF
EDF a déployé des moyens humains et logistiques exceptionnels pour rétablir l’électricité au plus vite sur l’ensemble du territoire. À ce jour, 99 % des foyers ont retrouvé l’électricité selon EDF.
Point de situation en chiffres :
- 550 techniciens et renforts sur le terrain
- 6 500 interventions réalisées
- 80 tonnes de matériel acheminées pour accélérer les réparations