Dès l’origine, les arbres de Noël des Activités Sociales s’adressent à l’ensemble du personnel « de tous grades et de tous rangs ». C’est le quatrième et dernier épisode de notre série sur l’an I des Activités Sociales de l’énergie.
Une « grande manifestation d’unité ». C’est ainsi que les administrateurs et administratrices du Conseil central des œuvres sociales récemment élu envisagent d’emblée les arbres de Noël. Au cours de leur troisième séance le 9 juillet 1947, il est décidé qu’ils se tiendront dès le mois de décembre 1947, les Caisses mutuelles complémentaires et d’action sociale (CAS) prenant en charge leur organisation. Les directions sont quant à elles invitées à s’y associer. Avant la nationalisation des entreprises de l’énergie en 1946, les arbres de Noël étaient sous l’égide du patronat, les organisations syndicales et le personnel en étaient donc exclus.
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Le projet de statut des CAS discuté lors de la séance suivante confirme que les CAS « auront […] à exercer un rôle actif dans les activités relevant des compétences du CCOS telles que l’organisation […] des fêtes d’arbre de Noël ». Selon le procès-verbal de la réunion du CCOS du 6 novembre 1947, Marcel Paul, président du CCOS, rappelle également ce jour-là « les dispositions arrêtées pour l’organisation des arbres de Noël dans chaque centre d’exploitation ». Ce document ne nous en donne aucun détail, sauf celui-ci : « Les enfants des agents en position de congé sans solde peuvent être admis à ces fêtes. »
92 000 jouets distribués
À Thonon-les-Bains, « la fête des enfants de la subdivision » se déroule le dimanche 21 décembre 1947. D’après le programme conservé dans les archives de la CCAS, plusieurs spectacles sont proposés aux enfants pour attendre l’ »atterrissage du Père Noël », à l’image de ce « vaudeville militaire [en] un acte » écrit à la fin du XIXe siècle par Louis Autigeon et Louis Dourel-Roydel intitulé « l’Hypnotiseur malgré lui ». Au total, 92 000 jouets sont distribués en décembre 1947, comme l’indique le bilan présenté à la réunion du CCOS du 12 février 1948.
Marcel Paul souligne que « malgré certaines imperfections, dues pour une grande part au retard dans l’acheminement des jouets en province par suite de l’arrêt des transports durant la période qui a précédé les fêtes de Noël, les avis qui sont parvenus au département « Jeunesse » sont tous extrêmement favorables et doivent être considérés comme un encouragement certain ». Cette allusion aux grèves de novembre-décembre 1947 ne doit pas faire oublier qu’au-delà du « retard dans l’acheminement des jouets en province », pour reprendre l’expression du président du CCOS, ces semaines aboutissent à une nouvelle scission de la CGT qui donnera naissance en juin 1948 à la création de la fédération Force ouvrière des Industries de l’énergie électrique et du gaz dirigée par Clément Delsol.
600 francs pour chaque enfant
En décembre 1948, le CCOS décide « après débat » de fixer pour l’année en cours « à 600 francs le montant de l’allocation accordée, pour chaque enfant par le CCOS aux CAS » ; ce qui équivaut à 20,87 euros de pouvoir d’achat. Par la suite, cette subvention est portée à 725 francs. Les CAS sont alors libres de compléter cette somme comme elles l’entendent. Par ailleurs, le CCOS envisage « de mettre à la disposition des CAS un catalogue de jouets, afin de leur permettre d’obtenir, le cas échéant, par des achats groupés, des meilleures conditions de prix ».
En septembre 1949, le CCOS se félicite de la « participation de plus en plus grande » à « la fête d’hiver de l’enfance ». La présence affirmée « de l’ensemble du personnel de tous grades et de tous rangs » est particulièrement appréciée. Marcel Paul considère alors que « le caractère paternaliste des arbres de Noël de jadis » est désormais « définitivement exclu ».
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Important de savoir d’où viennent nos oeuvres sociales ! Même si elles doivent sans cesse évoluer pour coller aux souhaits collectifs et individuels de tous leurs bénéficiaires.
Bonjour , très bon article .J’ai connu les colonies du CCOS dés 1947 ma mère était agent à la nationalisation .J’ai été en colonies jusque en 1957 , année ou je suis devenu agent EDF . Donc toute une vie passée dans nos établissements . Cordialement Pierre Delannoy
Génial. Retraite nos industries aujourd’hui mais bénéficiaire du CCOS puis de la CCAS car fils et petit fils d’agent. Sans tout cela je n’aurais pas connu les colonies ainsi que les « camps » centres de vacançes.
Merci