Lors d’une table ronde organisée dans le cadre de la 12e édition du festival Filmer le travail, partenaire de la CCAS, des étudiants de 18 à 28 ans ont pu témoigner de leurs préoccupations. Si les cours à distance affectent particulièrement leur parcours et leur vie quotidienne, les difficultés qu’ils rencontrent ne sont pas neuves, mais simplement révélées par la crise.
Cette nouvelle édition du festival Filmer le travail abordait une thématique phare : l’éducation, « reliée à la question du travail, de la transmission, de l’émancipation ». L’occasion de revenir sur l’actualité, des conditions de travail des enseignants à la détresse des étudiants, en « donnant la parole aux principaux concernés », soulignaient Lucille Griffon et Julien Grimaud, animateurs d’une table ronde numérique sur le sujet vendredi 28 février.
Tous deux étudiants en master 2 cinéma et théâtre contemporains (CTC) à l’université de Poitiers, et stagiaires au festival, ils ont donc sollicité plusieurs étudiants, aux parcours et aux profils différents, pour évoquer la crise actuelle et débattre sur les limites de l’université. Un débat de près de deux heures où tous les sujets ont été balayés : de la précarité à l’isolement, en passant par les cours à distance ou l’insertion professionnelle. Pas un catalogue des préoccupations étudiantes, mais un moment où les expériences partagées ont permis d’enrichir les connaissances individuelles.
La crise, révélateur de problèmes structurels
Échange en ligne lors d’une table ronde entre des étudiants comme Héloïse Nonat, 18 ans, en deuxième année à Sciences-Po Poitiers (à g.) et la maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy. ©DR
Ronan Hainez, 20 ans, en première année de physique-chimie à l’université de Poitiers, est revenu sur son isolement. Nouvel arrivant dans la ville aux cent clochers, il s’avoue fortement atteint par le deuxième confinement. Les cours à distance ont modifié sa vie sociale ; faire des rencontres est devenu difficile, voire impossible. Alicia Ghouizi, 28 ans, en master 2 CTC, exprime quant à elle un sentiment d’abandon : privée de presque tous ses cours, elle ne se sent plus étudiante et redoute que son master ne soit pas suffisamment formateur.
« On pense qu’on n’a pas notre place, qu’on n’est pas les acteurs de notre réussite », explique Héloïse Nonat, en évoquant le syndrome de l’imposteur. Loin de la contredire, les étudiants présents la rejoignent sur « l’incertitude permanente », quasi inhérente à leur génération. Seront-ils bien formés avant la fin de leurs études ? Quand pourront-ils revenir à des travaux plus concrets ? Leur diplôme sera-t-il entaché par la crise ? Parviendront-ils à trouver un emploi ? Des questions qui resteront sans réponses définitives.
La détresse des jeunes en chiffres
Si chacun vit la période actuelle de manière différente, tous s’accordent sur le même point : la plupart des problématiques, qu’elles soient organisationnelles, économiques ou sociales, ne sont pas nouvelles… elles sont simplement mises en exergue par la crise sanitaire.
Pour Héloïse Nonat, 18 ans, en deuxième année à Sciences-Po Poitiers, il faut en effet « porter un regard plus global sur les études supérieures : la crise est l’occasion d’ouvrir le dialogue ». Selon elle, il faudrait à l’avenir « placer les étudiants et les professeurs au cœur du processus décisionnel » à l’université.
Reste à savoir que faire dans l’immédiat. Et à cet égard, Damien De Carvalho, doctorant en sciences et gestion, souligne le rôle essentiel des professeurs qui doivent, selon lui, s’adapter aux contraintes en proposant une pédagogie innovante. Un renouveau dans la manière de donner cours qu’il juge indispensable, si l’on tient compte de la probabilité que le télétravail étudiant et l’hybridation des cours ne s’arrêtent pas de sitôt.
Alléger le contenu de ses cours pour pallier la concentration des étudiants, amoindrie par le ‘distanciel’.
Damien est également intervenant extérieur dans les facs où il donne cours à de nombreux étudiants. Les cours à distance, il dit les aborder différemment : il met l’accent sur l’animation, favorise l’interaction, l’implication de ses étudiants et leur autonomie. Aussi, par souci de pragmatisme, il affirme alléger le contenu de ses cours pour pallier la concentration des étudiants, amoindrie par le « distanciel ». Autour de la table ronde virtuelle, les méthodes employées par Damien semblent faire l’unanimité.
Présente à la table ronde, la maire de Poitiers (EELV) Léonore Moncond’huy, regrette qu’il n’y ait « pas de solution miracle », du moins à l’instant T. En revanche, elle tient à informer les étudiant·es de la table ronde des aides d’ores et déjà mises en place par la ville, le département, le CROUS et l’université, avant d’ajouter : « Accrochez-vous, on est avec vous ! ».
Le lendemain, en clôture de son article pour le journal du festival ironiquement intitulé « Traversez la rue », Héloise Nonat nous offre une synthèse de ces échanges : « cette année universitaire mouvementée est l’occasion de questionner en profondeur l’institution dans son ensemble. Du moins c’est ce que pensent les étudiants, encore faut-il qu’ils soient entendus ».
Accueil des étudiants à la CCAS : le saviez-vous ?
Les Activités Sociales proposent en ce moment l’accueil temporaire et solidaire des étudiants bénéficiaires dans certains villages vacances.
L’hébergement est gratuit et une formule repas à prix modique est proposée aux jeunes. Ceci pour qu’ils et elles puissent partir quelques jours et profiter d’un environnement propice au travail tout en maintenant du lien social.
Le départ est possible avec un étudiant non ayant droit, en logement partagé, pour une durée de 30 jours maximum.
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