Femmes de tous pays

"Bread and Roses" en 2000 au Royaume-Uni©ArchivesDu7eArt/AFP

Pilar Padilla et Adrien Brody dans le film britannique « Bread and Roses » de Ken Loach produit en 2000 ©Archives Du 7e Art/AFP

Tous les cinq ans depuis l’année 2000, les féministes du monde entier unissent leurs forces pour marcher ensemble avec l’objectif commun de construire un monde basé sur la paix, la justice, l’égalité, la liberté et la solidarité.  

Pour sa quatrième édition, la Marche mondiale des femmes aura cette année pour thème la lutte contre les violences et la pauvreté. Si elle débute en cette Journée internationale des droits des femmes, elle s’étend bien au-delà du 8 mars puisque les participantes chemineront à travers toute l’Europe jusqu’au 17 octobre, date symbolique du refus de la misère.

L’idée d’une marche mondiale est née d’une initiative contre la pauvreté organisée au Québec en 1995. Quelque 850 femmes avaient alors marché pendant dix jours pour soutenir neuf revendications concernant notamment leur statut, leur salaire et leurs conditions de travail. Elles avaient repris le slogan emblématique « Du pain et des roses » des manifestations de femmes de l’industrie textile, au début du XXe siècle aux États-Unis. Ces manifestantes s’étaient approprié un poème de James Oppenheim où le pain symbolisait les conditions de travail et de vie minimales que réclame une bonne santé, les roses la qualité de vie… « Bread and Roses » est ainsi devenu l’hymne du mouvement ouvrier américain avant que Ken Loach ne s’en empare à son tour pour un film poignant sur ce même thème en 2000. À leur arrivée, plus de 15 000 personnes étaient rassemblées pour accueillir ces marcheuses devant l’Assemblée nationale du Québec. Leur coup d’éclat contraint le gouvernement à faire voter des lois sur l’équité salariale, à augmenter le salaire minimum et à mettre en place une série de mesures pour lutter contre la pauvreté.

Inspirées par ce succès, des ONG réunies à Pékin en 1996 décident, quatre ans plus tard, de concrétiser le projet d’une marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence faite aux femmes. La Marche mondiale des femmes devient un mouvement incontournable et recueille, en 2000, l’adhésion de près de 6 000 groupes de femmes à travers 163 pays et territoires du monde. En Europe, les revendications portées par ces femmes (et aussi des hommes bien sûr !) visent à éliminer toutes formes de violences sexuelles, physiques et morales envers les femmes, qui trouvent parfois leur source dans les clichés dégradants, les diktats de la mode et de la publicité, la marchandisation du corps… L’accès libre et gratuit à la contraception et à l’IVG, dans les délais et dans les meilleures conditions possibles, sont aussi d’éternels combats. Tout comme le droit à un emploi durable, à un salaire égal à celui des hommes pour un travail de valeur égale, et à une retraite digne. Priorités actuelles : lutter contre les intégrismes religieux, dénoncer les féminicides, être solidaire avec les femmes des pays en conflit, souvent victimes de viols massifs et utilisées comme armes de guerre. En toute impunité.

Toutes ces revendications portent en elles l’exigence d’une société qui cesse de considérer les femmes comme inférieures aux hommes. C’est pour toutes ces (bonnes) raisons que nombre d’entre elles vont sillonner l’Europe ! Le lancement de la marche aura donc lieu le 8 mars. La caravane féministe européenne s’élancera de Mardin pour rejoindre Diyarbakir, au Kurdistan turc. Objectif : soutenir les femmes kurdes dans leur lutte pour l’autonomie et l’autodétermination de leurs corps et territoires. En Turquie et en Syrie, elles mènent en effet une lutte quotidienne pour le respect de leurs droits fondamentaux. « Ce qui concerne les femmes doit être décidé par les femmes, affirmait Asya Abdellah, coprésidente du Parti de l’union démocratique (PYD) lors de sa récente visite en France. Dans le canton de Rojava, elles participent à la vie démocratique et à la révolution. Un système particulier permet de renforcer l’organisation des femmes et de faire respecter leur volonté. L’ambition est qu’elles soient force de décision. Notre objectif ne s’arrête pas aux Kurdes, mais a une vocation universelle. Et au-delà, dans notre lutte pour la liberté, nous ne connaissons pas de frontières. En tant que femmes, nous devons assumer, vis-à-vis de notre histoire, vis-à-vis de notre culture, le fait de protéger les acquis des femmes et de poursuivre leur lutte pour leurs droits. »

LE 24 AVRIL, vingt-quatre heures de solidarité féministe internationale sont prévues pour l’anniversaire de la catastrophe du Rana Plazza (l’effondrement d’un bâtiment insalubre, au Bangladesh en 2013, qui avait fait plus de mille victimes dont une grande majorité de femmes). Objectif : dénoncer les conditions misérables des ouvrières de grandes chaînes multinationales. Les 6 et 7 juin, une Agora féministe nationale se tiendra à Nantes. Le 19 septembre, les Rencontres des femmes du bassin méditerranéen auront lieu à Marseille. Et c’est à Lisbonne, au Portugal, que la Marche européenne s’achèvera, le 17 octobre. Au-delà de ces temps forts auxquels s’ajouteront d’autres événements en Grèce, en Suisse, en Allemagne, en Pologne, en Italie et en Espagne, cette marche permettra à coup sûr de renforcer et de maintenir le vaste mouvement de solidarité des groupes de femmes et constitue un geste d’affirmation de la force, de la dignité et de la détermination de toutes les femmes du monde.

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