De la visite guidée de la base sous-marine de Saint-Nazaire à celle d’une saline sur les terres de Guérande, le voyage en Loire-Atlantique fut authentique et initiatique. Accompagnés de notre vidéaste, nous avons rejoué notre propre version des Vacances de Monsieur Hulot…
On doit frôler les quarante degrés, et le titre revient en boucle tous les jours sur notre autoradio PioneerMD, tout droit sorti des années 1980. Il faut dire qu’avec un tel appareil, rien de nouveau sur les ondes radio… Ne cherchez pas : tous les jours, à bord de Milky, impossible d’échapper aux répétitions lassantes et lancinantes de l’ex-« Roi Soleil » : « Il est où le bonheur ? Il est oùùùùù ? » piaille Christophe Maé. Mais il est là, il est là le bonheur mon grand ! Ceci dit, après des heures de route depuis Morgat, Milky est tout débraillé. Notre équipage n’est pas très frais non plus lorsque nous passons les portes du centre de vacances de Saint-Brevin-les-Pins. Le jour décline, mais la chaleur ne cesse de monter. C’est sans compter sur l’heureuse nouvelle : cette semaine, c’est thématique « bien-être et zen attitude ». Et ce soir, c’est repas festif.
Tout le monde a mis la main à la pâte : dès ce matin, alors que nous étions sur la route, les bénéficiaires ont fait des merveilles pour décorer les tables. L’équipe en cuisine a mis les petits plats dans les grands. Au menu : jeunes pousses, graines germées, papillote de volaille, purée de patate douce et mangue rôtie. « Pour nous, c’est l’occasion de faire preuve de créativité et de sortir des sentiers battus » raconte Christophe, le chef cuisinier. Du côté des bénéficiaires, même son de cloche. « Le repas festif, c’est le moyen pour mes fils de se faire des copains » explique Jean-Marc, papa de deux jumeaux âgés de 9 ans. « A la CCAS, on ne reste pas longtemps anonyme, on se sent entouré. Je suis seul, et ça me rassure de passer mes vacances en famille, ici ». Quizz musical, les hits d’hier et d’aujourd’hui s’enchainent, ça chante, ça rigole et on se régale.
Doucement, la fraicheur du soir s’installe. Une bonne nuit de repos s’impose : demain, nous avons rendez-vous au cœur de 480 000 mètres cubes de béton, en compagnie d’une dizaine d’autres vacanciers.
Neuf heures tapantes : nous voilà embarqués avec Jean-Claude, responsable adjoint de la maison familiale de Saint-Brevin, pour rallier la base sous-marine de Saint-Nazaire, de l’autre côté de l’estuaire. Stéphane, l’exempté, obligé de s’incliner devant l’œuvre imposante des allemands, érigée durant la seconde guerre mondiale ! Un comble… Mais avec Gilbert et l’autre Jean-Claude comme alliés pour nous conter l’histoire singulière de ce bloc, nous n’avons à priori rien à craindre. Agents EDF à la retraite, ce sont des mémoires vivantes de la ville. L’histoire de Saint-Nazaire, c’est la leur. Et transmettre leur savoir aux bénéficiaires, leur passion.
Cela fait presque vingt ans qu’ils sillonnent, tout au long de l’année, les couloirs de la base, décrivant avec minutie et pédagogie ses moindres détails architecturaux et historiques. Et aujourd’hui encore… Durant toute la matinée, ils vont ainsi nous transporter dans un univers austère, obscur et somptueux à la fois. Parcourant ce monument, un des rares à être resté « debout » dans une cité presque entièrement détruite après-guerre, l’histoire de la dernière ville française libérée n’aura au final presque plus de secret. A tel point que nous regrettons de devoir la quitter… Mais l’heure presse.
Car le bonheur est aussi un peu plus loin : il suffit de changer de décor, et de s’avancer dans les terres. Là où le béton s’efface au profit des marais. Et où quelques artisans font encore de la résistance au cœur des Salines. Hervé est de ceux-là. Issu d’une famille de paludiers à Saillé, à quelques kilomètres de la vieille ville de Guérande, l’enfant des marais va nous emmener dans une autre sphère. Pour un voyage passionnant, mélange de mimiques et d’explications techniques autour de la formation du sel, dépendante de l’effet conjugué du soleil et du vent. Au milieu de cette nature sauvage, la sienne, l’artisan fait le « show » durant deux heures et ses propos ont la teneur de son produit : piquants ! Mais déjà, nous sentons au loin un appel venant du Sud.
Et c’est avec une certaine frustration et beaucoup d’appréhension que nous devons reprendre notre périple, direction Les Mathes, pour notre prochaine étape. Sur la route, l’autoradio crachote encore les mêmes notes, heureusement couvertes par le vrombissement des 50 chevaux de Milky. « Il est où le bonheur, mais il est oùùùùù »… chante encore Christophe Maé. Il faut bien que nous allions voir s’il est aussi en Charente-Maritime ! En espérant que l’autre aura cessé de le chercher… vraiment !
Images : Yannick Blanchouin/CCAS
Bravo pour votre journal en ligne. La semaine à Saint Brévin a été bien agréable. Revoir les images sur écran nous fait revivre les bons moments. Votre journal nous permets aussi de revoir les autres institutions. Clémence, Chantal et Jean Marie.