Bruno Fredal, alias Bruno Dire, 43 ans, est street artiste à Marseille. Il est intervenu au cours du nouveau séjour « culture urbaine » de la CCAS, pour apprendre aux enfants les bases du graffiti.
Quel est votre parcours ?
J’ai commencé le graffiti à l’âge de 13 ou 14 ans. Au début, je voulais mettre mon nom partout. On recherche une certaine reconnaissance dans ce microcosme. Je prenais mon vélo et dès qu’il n’y avait personne, je sortais ma bombe. Il ne faut pas avoir peur… On était toujours considérés comme des vandales à l’époque.
On appréhende différemment le street art aujourd’hui ?
Avant, je me faisais courir après. Aujourd’hui, les gens s’arrêtent et me regardent travailler. Le street art est devenu à la mode. Et c’est un changement fondamental. Avant, on avait conscience que c’était de l’art éphémère. N’importe qui pouvait recouvrir de blanc une œuvre et en faire une page vierge. Pour repeindre dessus. Le street art a un peu perdu de son âme. Beaucoup ne sont plus attachés au concept d’art de rue. Par exemple, je travaille moi-même pour des particuliers qui me demandent d’intervenir chez eux. Mais c’est un problème parce que ce n’est pas dans la rue et pas vu du grand public.
Pourquoi avez-vous décidé d’enseigner à des jeunes ?
Il est important de faire connaître le monde du street art aux jeunes. Ma génération n’a pas eu cette chance. En tant que street artiste, on veut partager, échanger et faire évoluer les mentalités. L’étiquette de vandale existe encore. Et ce n’est pas parce qu’il est à la mode maintenant que tous les domaines du graffiti sont acceptés.
« Le but du street art est d’apporter de la couleur dans les villes. »
À quoi ressemble la vie d’un street artiste ?
C’est difficile de vivre de son art. C’est avant tout une passion. J’ai été directeur artistique dans une boîte à Paris il y a quelques années. Je gagnais bien ma vie. Mais j’étais dans la surconsommation. Je préfère ma vie d’aujourd’hui.
Qu’est-ce que vous aimez dans cet art ?
Le but du street art est d’apporter de la couleur dans les villes. Même si, personnellement, je travaille en noir et blanc. J’aime aussi peindre les femmes pour ajouter de la douceur. Je veux mettre de l’art dans la rue. Ce que j’aime dans cet art, c’est son caractère éphémère. Et il y a toujours une grande recherche calligraphique derrière un tag.
Pourquoi y a-t-il autant d’œuvres de rue à Marseille ?
La propreté n’est pas une priorité de la ville de Marseille. On peut le remarquer quand on voit le cours Julien ou le quartier de la Plaine. Certains graffeurs se font attraper mais il y a quand même une certaine forme de tolérance. Cependant, il n’y a pas non plus une volonté de développer le street art. Ce sont les graffeurs qui investissent de leur plein gré, à leurs risques et périls, les murs de la ville.
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Portfolio « Place au street art ! »