La bande dessinée est-elle machiste ?

Delphine Idier Présidente de la CMCAS d’Angoulême (à gauche), accompagnée de la Responsable Séjours CCAS Charentes Poitou, ravies de poser aux côtés du héros de Morris, Lucky Luke. Exposition Morris ©S. Leclézio/CCAS

Les femmes dans la BD ? Interrogés pendant le dernier Festival d’Angoulême, les bénéficiaires ont leur avis sur la question.

Comme dans la société en général, les femmes sont dévalorisées dans le monde de la BD. Moi, quand je prends un livre, je ne regarde pas si l’auteur est un homme ou une femme. J’adore Claire Bretécher et Florence Cestac. J’y reconnais une touche féminine dans l’écriture, le regard d’une dessinatrice sur un monde de machos qui  l’entoure. La BD a toujours été, dès l’origine, vindicative, un instrument de rébellion. En ce qui concerne la polémique de sexisme autour du Grand Prix du Festival d’Angoulême, la question est délicate. Doit-on créer des  quotas ? Ne doit-on pas uniquement juger l’importance de l’oeuvre ? J’ai tendance à penser qu’une oeuvre ne se juge que sur sa force.

Manuel DaSilva anime un atelier d’écriture à la CMCAS d’Angoulême ©S. LeClézio/CCAS

Manuel Da Silva, retraité à Angoulême.

L’univers de la BD est encore dominé par les hommes, mais ça bouge petit à petit. De plus en plus de femmes  deviennent auteures. En tant que lecteur, le sexe de l’auteur ne m’intéresse pas. Une BD, c’est d’abord un coup   de coeur sur un trait. Un trait, ça n’a pas de sexe.

Pierre Dautruche, passionné de BD depuis l’enfance ©S. LeClézio/CCAS

Pierre et Martine Dautruche, retraités à Verdun

J’ai été très étonné de ne voir quasiment que des auteurs masculins en séance de dédicaces. Je n’avais pas pris conscience d’un tel déséquilibre. C’est fou ! Moi, ce que je préfère dans la BD, ce sont justement des personnages féminins. Natasha, l’hôtesse de l’air sexy et débrouillarde, Isabelle, la petite fi lle qui vit des aventures extraordinaires, ou encore Aria la guerrière. Toutes des aventurières, des femmes libres, pas des personnages de second plan.

Corine et Norbert Motedo, retraités à Marseille.

On a parlé de sexisme autour du festival. Et pour cause : sur 30 auteurs nominés pour le Grand Prix, aucune femme n’a été retenue. Le monde de la BD compte de plus en plus de femmes et je pense qu’il est légitime  d’avoir une reconnaissance. En quarante-deux ans, une seule femme a obtenu le Grand Prix, [Florence Cestac  en 2000, NDLR], alors qu’elles représentent 12,4 % des professionnels dans le monde francophone de la BD. Je crois que la culture doit être exemplaire en matière de parité et de respect de la diversité. C’est ce que nous défendons à la CCAS et à la CMCAS, partenaires cette année du festival.

Delphine Idier Présidente de la CMCAS d’Angoulême ©S. LeClézio

Delphine Idier, présidente de la CMCAS d’Angoulême.

Il faut arrêter de cloisonner les choses en termes de fille/garçon, d’enfermer les gens dès l’enfance dans ce  genre de tranchées. Chaque individu est libre d’aimer ce qu’il veut selon ses propres critères. Moi, je n’ai jamais eu de BD de ma vie. Ma fille a aujourd’hui 33 ans et elle non plus n’en a jamais eu. Mon mari par contre, oui. Il y a peu de femmes auteures de BD, mais c’est avant tout une question culturelle.

Jocelyne et Gilbert Former, retraités dans l’Ain.