La Basse-Saxe, pilier de la transition allemande

L’Etat bordé par la mer du Nord est le fer de lance des énergies renouvelables en Allemagne. Un secteur qui emploie outre-Rhin plus de 350 000 personnes. Assez pour compenser le déclin du charbon, du gaz et du nucléaire ? Reportage dans la région de Hanovre.

Avec 7,8 millions d’habitants, la Basse-Saxe est aussi peuplée que la région Auvergne-Rhône-Alpes. Sa superficie est comparable à celle de la Bourgogne-Franche-Comté. Hanovre, sa capitale, compte 514 000 habitants.

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De vastes plaines battues par les vents. Voilà à quoi tient le succès de la Basse-Saxe, numéro un de l’éolien en Allemagne. Depuis la création du premier parc en 1987, les projets se sont multipliés. Aujourd’hui, l’Etat est parsemé de milliers d’éoliennes, dont la puissance totale installée avoisine les 8000 MW.

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Une croissance phénoménale suivie d’une chute brutale. Après avoir été à l’avant-garde de la transition allemande, le secteur photovoltaïque a perdu 56 % de ses emplois entre 2012 et 2014. Les optimistes parlent d’un accident de parcours qui ne freinera pas la propension des Allemands à installer des panneaux solaires sur le toit de leur maison.

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Centrale à biomasse de Landesbergen, à 54 km de Hanovre. Avec 119 000 salariés en Allemagne, la biomasse représente un tiers des emplois dans le secteur des renouvelables. C’est une source d’énergie d’avenir pour la Basse-Saxe, premier producteur avec la Bavière.

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Selon Axel Bader, chef de projet de l’Agence de protection du climat pour la région de Hanovre, la transition passe avant tout par l’efficacité énergétique. Hanovre serait devenue un modèle en la matière. « Elle a créé un réseau très important d’entreprises privées et semi-privées qui interviennent dans ce domaine et elle reverse une partie importante des revenus d’Enercity, la compagnie municipale d’électricité, à des projets de protection du climat. » Des projets portés, entre autres, par l’Agence de protection du climat, qui prodigue notamment des conseils aux entreprises et aux particuliers pour réduire leur consommation d’énergie.

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A une heure à l’est de Hanovre, Steyerberg, 5 200 habitants, est l’une des 1 670 communes allemandes à s’être fixé l’objectif « énergie 100% renouvelable. » Objectif déjà atteint pour la consommation privée. « Avec les énergies renouvelables, nous produisons plus de trois fois la quantité d’énergie nécessaire à la consommation des ménages », se félicite le maire CDU (parti conservateur d’Angela Merkel) Heinz-Jürgen Weber. Principales ressources utilisées : le vent, le biogaz, le soleil et l’eau. « Nous n’avons pas besoin de centrales à gaz ou à charbon », insiste cet ancien officier de police dont la propre maison est équipée de panneaux photovoltaïques, d’un chauffe-eau solaire et d’une pompe à chaleur. Il nous montre avec fierté ses véhicules électriques dont les batteries peuvent se recharger (à 80 %) en moins de 30 minutes. « Le premier tournant énergétique a été mené par les politiques. Le deuxième le sera par les citoyens. Et rien ne pourra freiner cette décentralisation de la production. »

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La centrale à charbon de Hannover-Stöcken (cogénération), dans la banlieue de Hanovre, appartient à Enercity, l’une des plus grosses entreprises municipales d’Allemagne avec 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 2 500 employés. Enercity alimente environ 650 000 personnes en électricité, gaz naturel, chauffage urbain et eau potable dans la région de Hanovre. Elle finance à hauteur de 5 millions d’euros chaque année des projets régionaux de protection du climat.

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A l’intérieur de la centrale de Hannover-Stöcken où travaillent 120 salariés. Afin de moderniser leurs processus de production, ces centrales à charbon ont appliqué à leur personnel plusieurs régimes d’amaigrissement au cours des trente dernières années. Aujourd’hui, elles doivent accepter la priorité donnée par le gouvernement fédéral aux énergies renouvelables. Mais, à la différence de ces dernières, elles ont deux atouts majeurs : un prix du charbon très bas et une production en flux continu.

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Jens Mannaerts travaille depuis quatorze ans à Hannover-Stöcken. « En plus de l’électricité et du chauffage industriel, nous fournissons du chauffage à 13 000 ménages. » Ce chef d’équipe se dit optimiste pour l’avenir. « Nous avons un avantage : nous sommes proches des clients. » Contrairement aux quatre mastodontes du secteur que sont E.on, RWE, Vattenfall et EnBW.

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Trois cheminées rouge et mauve s’illuminent à la tombée de la nuit. A deux pas du centre-ville de Hanovre, la centrale à gaz naturel de Linden, également propriété d’Enercity, exhibe fièrement ses atours. C’est « la plus efficace et la plus flexible de nos installations de production d’électricité et de chaleur », affirme le porte-parole de l’entreprise municipale. L’avenir de ces centrales thermiques n’est pourtant pas garanti. Le gaz est aujourd’hui beaucoup plus cher que le charbon.

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Au 1er janvier 2022, la centrale nucléaire de Grohnde ne produira plus un kilowattheure d’électricité. Huit centrales ont déjà cessé toute activité de production. Fin 2022, c’est l’ensemble du parc qui sera réduit au silence. Ainsi en a décidé le gouvernement allemand à la suite de la catastrophe de Fukushima. Pour les quelques milliers de salariés concernés viendra alors le temps du démantèlement.

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« La Basse-Saxe joue un rôle central dans la transition énergétique allemande. Aucun autre Etat ne dispose de plus de ressources énergétiques naturelles », affirme Olaf Lies, ministre de l’Economie, du Travail et des Transports de la Basse-Saxe. « D’un point de vue économique, poursuit-il, nous voyons dans la transition énergétique un moteur de croissance et d’emploi. Un nombre considérable d’entreprises et d’emplois ont déjà été créés ici. Ce sont les régions côtières et rurales qui en ont le plus bénéficié. La transition énergétique donne à notre Etat l’opportunité de se positionner en leader sur le marché des renouvelables et de créer un nombre substantiel d’emplois pérennes. »

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