C’est au début du mois d’octobre 1936 que la guerre civile espagnole, qui a éclaté avec le soulèvement d’une partie de l’armée emmenée par le général Franco le 17 juillet, tourne à l’affrontement européen. Le conflit espagnol s’est transformé en ce que l’on pourra lire, rétrospectivement, comme une répétition générale de la Seconde Guerre mondiale. C’est le onzième épisode de notre chronique de 1936.
L’Allemagne nazie et l’Italie fasciste sont les premières à comprendre l’enjeu international du conflit. Une semaine après le putsch du général Franco, la première envoie ses aviateurs, et la seconde, ses tanks et son infanterie pour soutenir les troupes nationalistes. Cette aide contribue pour beaucoup à la conquête de plus d’un tiers du territoire espagnol dès les premiers jours d’une rébellion lancée au Maroc espagnol et qui était, à l’origine, fort mal partie.
Du côté des démocraties occidentales, l’attentisme est de mise. La France, et surtout le Royaume-Uni, conservateur, très anticommuniste, refusent d’aider la République espagnole. Ne lui reste donc plus pour seule alliée sur la scène européenne que l’URSS de Staline, qui décide d’armer les républicains le 7 octobre 1936. Avions et tanks soviétiques sont débarqués en masse, accompagnés d’instructeurs militaires, dans les ports de Barcelone et de Valence. « L’aide soviétique n’eut pas que des effets militaires. Elle permit aussi au gouvernement républicain de s’imposer contre les forces révolutionnaires et de constituer une armée moderne capable de tenir dans une guerre industrielle féroce », souligne François Godicheau, professeur d’histoire à l’université de Toulouse.
Le soutien de l’URSS à la République espagnole s’accompagne aussi du feu vert du Komintern à la constitution de Brigades internationales de volontaires. Ce mouvement ne saurait se limiter à la seule influence de l’Internationale communiste, puisque nombre de socialistes, d’anarchistes, de trotskistes et d’autres courants de la gauche européenne y participèrent. Mais l’aide logistique du Komintern fut décisive pour acheminer vers l’Espagne les milliers de volontaires qui contribueront à deux reprises, en novembre 1936 et en février 1937, à sauver Madrid des offensives franquistes.
Proposition d’inter : Elan de solidarité ouvrière
Qui étaient ces combattants internationalistes ? Les Français constituent le contingent le plus important (autour de 10 000 hommes), suivi des Allemands et des Autrichiens (5 000 combattants), des Polonais, des Italiens, des Américains, des Britanniques, sans oublier les Yougoslaves (dont le futur maréchal Tito), les Tchécoslovaques, les Hongrois et les Scandinaves. On a souvent gardé de la lecture de Malraux (« L’Espoir »), d’Orwell (« Hommage à la Catalogne ») ou d’Hemingway (« Pour qui sonne le glas ») le souvenir des brigadistes comme constituant la fine fleur des intellectuels européens. Il n’en fut rien. Les quatre cinquièmes d’entre eux étaient ouvriers ou journaliers agricoles, venus de toute l’Europe pour lutter contre le fascisme.
Cet élan de solidarité ouvrière internationaliste ne put cependant rien face à l’engagement massif des alliés fasciste et nazi de Franco. Au total, quelque 70 000 hommes (et une poignée de femmes) combattirent au côté des républicains – mais ils ne furent, au plus fort des combats, que 15 000 à être engagés –, là où l’armée italienne mobilisa 73 000 hommes et son homologue allemande, 19 000. La disproportion des forces, et surtout des moyens engagés, était telle que les républicains ne pouvaient que perdre.
Chronique de l’année 1936Quatre-vingts ans après l’arrivée au pouvoir du Front populaire, le Journal en ligne entame une chronique de cette période qui a marqué l’histoire, et se révèle aujourd’hui pleine d’enseignements. |
L’aide militaire de Staline fut dirigée contre ceux qui luttaient pour une révolution sociale en Espagne. Ils sauvèrent ainsi la mise à la bourgeoisie espagnole qui récupéra ainsi le pouvoir qui lui échappait des mains.
L’intervention militaire des staliniens fut criminelle dans le sens où les masses ouvrières et paysannes étaient en capacité de prendre le pouvoir ce qui aurait pu changer la donne au niveau européen et redonner courage et perspectives aux travailleurs allemands écrasés sous la férule des nazis, donc du grand capital.
En choisissant de déplacer le combat du terrain social sur le terrain purement militaire, Staline condamnait les masses espagnoles à la défaite et ouvrait la voie à la victoire militaire de Franco qui bénéficiait du soutien militaire massif des nazis et de Mussolini alors que la pleutre gauche française de gouvernement, derrière le socialiste Léon Blum , se réfugiait dans le non interventionnisme au nom du respect « des accords passés » avec les gouvernements bourgeois européens et abandonnait les révolutionnaires espagnols désarmés face à leurs massacreurs.
A cause des staliniens, les travailleurs espagnols endurèrent la dictature de Franco jusqu’en 1975 et ils subissent le joug capitaliste jusqu’à ce jour !