Le Cap d’Agde : un centre de vacances aux allures de campus

accueil des étudiants bénéficiaires au cap d'agde, janvier 2021

Ambiance studieuse mais aussi bouffée d’air frais pour les jeunes bénéficiaires accueillis au Cap d’Agde depuis le 30 janvier 2021. ©Eric Raz/CCAS

Ils ont répondu en masse et quasi spontanément à la main tendue par les Activités Sociales. Des étudiants de la France entière ont investi le village vacances CCAS du Cap d’Agde pour un séjour à la fois studieux et régénérateur. Avec un enthousiasme qui en dit long…  

Surpris par un mail inopiné, voire « providentiel », il leur a cependant fallu peu de temps pour décrypter l’info et faire leur valise ! Fin janvier, lorsque les Activités Sociales décident d’ouvrir le village vacances du Cap d’Agde (Hérault) pour offrir aux étudiants un cadre de travail et de socialisation salutaire, elles ont sans conteste libéré une génération sous pression.

Jeudi 28 janvier, le président de la CCAS Nicolas Cano annonçait en effet la possibilité pour les étudiants bénéficiaires de 18 à 25 ans de séjourner au Cap d’Agde dès le week-end suivant, accompagnés s’ils le souhaitent d’un·e camarade non bénéficiaire. « Face à la détresse morale [des étudiants], les Activités Sociales ne pouvaient rester sans réagir », indiquait Nicolas Cano dans son courrier adressé à l’ensemble des bénéficiaires.

Pallier une situation sociale alarmante

Englués, depuis le mois d’octobre, dans un quotidien sordide, rythmé par huit heures de cours à distance et parfois plus, avec pour seul horizon, le couvre-feu, les étudiant·es sont pour une large part dans une grande détresse psychique et matérielle.

En proposant, par solidarité avec ces jeunes, une offre d’hébergement (gratuite) et de restauration (à prix modique) sur le village vacances du Cap d’Agde, la CCAS a ainsi ouvert les portes d’un ailleurs. Une parenthèse enchantée et salutaire, en bord de mer, dans un centre de près de 7 hectares, où réviser, suivre des cours dans des salles appropriées, se détendre et retrouver du lien social…

Le contexte actuel prouve que les Activités Sociales ont raison de mener ce combat depuis des années pour plus de justice sociale. Et nous devons continuer ! L’histoire, c’est ensemble que nous l’écrivons.
Patrick Coulet, président de la CMCAS Languedoc

accueil des étudiants bénéficiaires au cap d'agde, janvier 2021

La salle Molière du Cap d’Agde transformée en agora citoyenne, le 3 février 2021. ©Eric Raz/CCAS

Aussi, si l’idée avait de quoi séduire, elle a fait sensation, autant qu’elle a généré un enthousiasme partagé. « Je suis particulièrement content d’être parmi vous, et fier que les Activités Sociales vous aient ouvert le Cap. Je tiens à saluer l’implication des équipes du centre, rappelle Patrick Coulet, président de la CMCAS Languedoc, lors de la réunion d’accueil. Ce séjour, c’est le vôtre. Alors, non seulement soyez en les acteurs, mais au-delà impliquez-vous dans la société, soyez citoyens. « Le contexte actuel prouve que les Activités Sociales ont raison de mener ce combat depuis des années pour plus de justice sociale. Et nous devons continuer ! L’histoire, c’est ensemble que nous l’écrivons. »

Message reçu par une assemblée plurielle, venue de toute la France, et prête à magnifier les valeurs de solidarité et de justice sociale inhérentes à la CCAS. Ici, c’est sûr, le vivre ensemble a du sens.

« Ça permet de reprendre espoir »

Au sortir de la salle Molière où avait lieu la réunion d’accueil, Lina, 18 ans, jeune ressortissante de la CMCAS Yvelines, en première année d’école d’infirmière, a encore du mal à réaliser sa « libération ». « Depuis des mois, tous les matins, tous les jours se ressemblent… Ici, c’est différent. On peut prendre l’air, se ressourcer le temps d’une semaine au moins. Ça permet de voir d’autres gens et de reprendre espoir, dans un cadre magnifique ! Car ce qui nous manque le plus c’est de pouvoir se projeter sur le long terme. »

Alors il faut vivre l’instant présent, et profiter de cette liberté provisoire pour « contourner », en toute légalité, le couvre-feu après les cours. Car au Cap, le crépuscule sonne le début de la récréation et non la fin des illusions. Sur le court de tennis du centre, raquettes à la main, Chloé, Candice et Jade l’ont bien saisi. Une partie nocturne où peu importe le geste, pourvu qu’elles aient l’allégresse du jeu…

Entre et après les cours, les jeunes peuvent profiter ensemble des espaces collectifs et sportifs du Cap d’Agde. ©Eric Raz/CCAS

La même ambiance règne à l’intérieur du bâtiment, en face du bar, où une sorte de veillée spéciale « jeux de société » par équipes, mobilise une dizaine de jeunes. Entre mimes et rébus, les rires fusent !

Pour guider les jeunes vers les différentes installations à leur disposition et jamais à cours d’idées quand il s’agit de proposer des activités collectives,  Seb, l’animateur, est totalement investi, à l’instar de tout le personnel de cuisine (le service se fait à table !), d’entretien et de direction, prêt à répondre aux attentes nombreuses et légitimes des étudiants, après des mois de frustrations et de contraintes.

Mais justement quelles sont leurs envies ? Dans ce centre aux allures de campus, les jeunes sont loquaces, avides de s’exprimer, d’exorciser leurs angoisses mais aussi de partager leurs espoirs. En journée, alors que chacun est penché sur son ordinateur ou ses cours, le calme apparent dissimule une effervescence intérieure.

« Il fallait que je change d’air, de cadre de travail »

accueil des étudiants bénéficiaires au cap d'agde, janvier 2021

Elsa, 23 ans, prépare un double diplôme à Sciences Po Aix et à Kedge Business School en finance responsable. ©Eric Raz/CCAS

Étudiante en master 2 finances responsables, Elsa, 23 ans, ayante droit de la CMCAS Mulhouse, prend le temps entre deux cours de louer les vertus d’un dispositif équitable : « Je trouve la démarche juste ! Quelles que soient les ressources des parents, tout le monde peut venir puisque la participation est fixe et non calculée selon le coefficient social. Pour ma part, je me suis fixé un mois. Il fallait que je change d’air, de cadre de travail. Ici, même si on reste rivé sur l’ordinateur toute la journée, on croise d’autres étudiants… c’est, en quelque sorte un brassage culturel. Et puis on maitrise mieux ses journées, ses cours, car il y a cette possibilité de souffler avec ces différents échappatoires à l’ennui, au ras le bol d’un cours », explique-t-elle dans un sourire.

Choisir au lieu de subir. C’est en substance la quête de ces étudiants, à la fois disciplinés et farouchement épris de liberté. Une notion qu’ils touchent du doigt ici, où chacun s’est approprié l’espace collectif de façon singulière, pour y trouver sa place et s’épanouir.

Ici, je retrouve une certaine discipline pour étudier au quotidien, que je n’arrivais plus à m’imposer chez moi.

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Robin, étudiant en école d’ingénieur informatique à Pau. ©Eric Raz/CCAS

À l’image de Robin, bénéficiaire de la CMCAS Seine-et-Marne et étudiant en école d’ingénieur informatique à Pau. Là où il y a du monde, le jeune homme de 20 ans s’installe… question de motivation ! « Le simple fait de voir des gens travailler autour de moi m’aide à me concentrer. Et puis, avoir un cadre, notamment au niveau des horaires des repas, me permet d’éviter tout relâchement… Ici, je retrouve une certaine discipline pour étudier au quotidien, que je n’arrivais plus à m’imposer chez moi ! »

« On s’est dit : ‘Allez viens, on s’en va !' »

accueil des étudiants au cap d'agde, janvier 2021

« C’est le côté imprévu qui m’a plu, et cette expression « allez viens, on s’en va ! », disparue de notre vocabulaire depuis plus d’un an… » témoigne Rémy, ancien directeur adjoint de colo et développeur de jeux vidéos. ©Eric Raz/CCAS

Ils se sont connus l’été dernier en colo. Lui était directeur adjoint, elle en stage BAFA… Depuis, ils affrontent ensemble les épreuves de la vie « sous cloche ». Au Cap, Rémy, développeur de jeux vidéo, et Serena, bénéficiaire de la CMCAS Picardie et étudiante en master des Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation 1er degré, ne se quittent pas !

« On était en train de regarder un film quand on a reçu le mail, raconte Rémy. C’est le côté imprévu qui m’a plu, et cette expression « allez viens, on s’en va ! », disparue de notre vocabulaire depuis plus d’un an… Depuis le mois d’octobre, je suis chez moi devant mon mur noir que j’ai calfeutré pour ne pas faire trop de bruit pour les voisins. Et il fait sombre ! Sortir de l’isolement, ce n’est pas seulement le fait de changer d’air, de pouvoir aller à la plage, c’est aussi avoir des gens autour de nous avec lesquels on peut échanger… »

« Pour ma part, explique Serena, c’est une année chargée, avec un concours à passer. Le stress est immense. Surtout que je suis dans un cursus où l’on a besoin de solidarité, d’interaction. Or, depuis octobre je ne vais pas en cours, et je ne vois personne ! C’est pour ça que j’avais besoin de partir pour souffler et préparer mes examens au mieux. Et ici, à la CCAS, je suis en confiance, presque en famille, avec Rémy qui me soutient depuis le début de cette épidémie. Dans ces moments-là, c’est important d’avoir quelqu’un sur qui s’appuyer ! »

« Si on ne s’entraide pas, qui va le faire pour nous ? »

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Marie, 20 ans, étudiante en école de commerce à Paris, est invitée au Cap par sa cousine Cécile, bénéficiaire. ©Eric Raz/CCAS

Ici, des échanges, du brassage et des liens qui commencent à se tisser se dégage une force collective inébranlable. C’est encore Marie, 20 ans, étudiante en école de commerce à Paris, invitée au Cap par sa cousine Cécile, qui en parle le mieux. « Le fait de voir de la vie, de l’animation, d’être soutenue en cas de problèmes quelconques, c’est tellement précieux. Moi, honnêtement, je ne suis pas en détresse par rapport à d’autres. Aussi, j’ai envie d’aider les nouveaux arrivants, de m’investir dans ce projet. Les relations sociales sont tellement importantes. Ici, on apprend à se connaître à vivre ensemble. Et puis c’est notre génération, si on ne s’entraide pas, qui va le faire pour nous ? »

Alors, à l’heure de quitter les lieux, le constat est sans équivoque : l’enthousiasme que dégage cette jeunesse, malgré ce qu’elle endure, est à la hauteur de cette démarche fructueuse envers une génération loin d’être résignée. À la fois résiliente et résistante, elle est déterminée à écrire une nouvelle page des Activités Sociales sous le signe de l’éducation populaire et du partage. L’expérience a débuté au Cap d’Agde et se poursuit désormais dans trois autres villages vacances Anglet (Pyrénées-Atlantiques), Kaysersberg (Haut-Rhin), les Sables-d’Olonne (Pays-de-la-Loire), qui accueilleront dans les mêmes conditions les étudiants dès le week-end du 13 février.


Comment en profiter ?

Les Activités Sociales proposent en ce moment l’accueil temporaire et solidaire des étudiants bénéficiaires dans certains villages vacances.

L’hébergement est gratuit et une formule repas à prix modique est proposée aux jeunes. Ceci pour qu’ils et elles puissent partir quelques jours et profiter d’un environnement propice au travail tout en maintenant du lien social.

Le départ est possible avec un étudiant non ayant droit, en logement partagé, pour une durée de 30 jours maximum.

Plus d’infos sur ccas.fr

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1 Commentaire
  1. Le Guen 3 ans Il y a

    Bonjour.
    je suis très heureux que vous ayez receuilli des étudiants dans notre institution, j’espère qu’ils y ont passé un moment agréable et de détente et de repos. Leur vie d’étudiant ne doit pas être simple surtout dans enfermé dans une chambre de 9 m-1. Mes petits fils sont aussi étudiants mais dans un grand campus à Egletons en Corrèze, celui-ci n’a pas fermé car la vie dans ce campus est plutôt militaire donc moins de problème de contamination!!!!
    Encore merci pour cette initiative pour nos jeunes.
    Merci aussi our eux.
    Cordialement.
    Monsieur Le Guen P

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