« Le cinéma peut nous faire changer de perspective »

Extrait du film L'histoire du géant timide, du réalisateur islandais Dagur Kari

Extrait du film L’histoire du géant timide, du réalisateur islandais Dagur Kari

L’Islandais Dagur Kari a obtenu le Grand Prix du Jury à Angers en 2003. Samedi 31 janvier, en soirée de clôture, il présentait en avant-première son troisième film « L’histoire du géant timide ». Sortie en France le 24 février prochain. L‘histoire d’un géant timide, ou comment Füsi, colosse maladroit, englué dans un quotidien morose, va bouleverser sa vie, par amour…  

Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?
J’avais vu l’acteur, Gunnar Jonsson, à la télévision. Je suis tombé sous le charme de sa présence unique, de son jeu incroyablement naturel. Alors au lieu de cette fonction de faire-valoir qu’il occupait dans ce show télé, je l’ai imaginé seul, dans le rôle principal d’un film qui aurait un peu plus de gravité.

Le film raconte une histoire d’amour, il aborde aussi l’ostracisme et les préjugés. Selon vous, jusqu’à quel point un film peut-il nous faire changer d’idée ?
C’est évidemment ce qui m’a intéressé lorsque j’ai commencé ce travail : faire que le public se retourne vers lui-même et qu’en quelque sorte le film serve de miroir où se reflète le fait que chacun d’entre nous a tendance à d’abord juger sans avoir de réelles connaissances de l’autre. Mais il s’agit un exercice extrêmement délicat. Je n’ai pas envie de dresser des portraits réalistes ou d’asséner des vérités. Quand on va au cinéma, on regarde jouer des acteurs mais au final on se regarde soi-même, non ? C’est un peu comme lorsque les astronautes sont allés dans l’espace pour la première fois. Ils s’attendaient à voir la Lune, bien sûr mais la plus forte expérience était de voir la Terre de là-haut. Je crois que le cinéma peut faire cela, changer les perspectives, les points de vue avec lesquels on se regarde et on regarde les autres. C’est en tout cas ce que j’essaie de faire dans mes films, avec un équilibre entre rire et tristesse. C’est le mélange des deux qui m’intéresse.

La scène des crèmes brûlées [au chalumeau] est vraiment comique pour le public français. Existe-t-il encore de l’exotisme entre la France et l’Islande ?
Cette scène vient de ma propre expérience. J’aime beaucoup la crème brûlée et il m’est arrivé d’aller sur le web pour trouver des vidéos qui expliquaient la recette. Dans le film, c’est simplement que dans cette famille-là, la cuisine française est une autre planète. Du coup, ils se posent aussi la question et y répondent à leur manière…

Vous êtes musicien (Slowblow, nom du groupe) et vous composez vous-même la musique de vos films. Comment travaillez-vous les deux ?
C’est là encore un équilibre difficile à trouver car les deux sont directement connectées à nos émotions et la musique peut-être plus encore que l’image. Quand j’ai commencé à tourner, je me suis rendu compte que le jeu de Gunnar Jonsson (Fusi, le personnage principal, ndlr) était si vrai que cela influençait tout autour de lui. C’était donc un challenge de faire que tout le reste du film soit à la hauteur de ce jeu très honnête. En fait pratiquement toutes les idées que j’avais au début sur ce que serait la musique j’ai dû les reconsidérer. Et retravailler, recommencer. D’une manière générale, c’est vrai que j’ai beaucoup coupé dans la musique.

Comment se porte le cinéma islandais ?
Ce qui est intéressant en Islande, c’est cette énergie créative brute qui existe depuis quelques années. Cela a commencé par la musique bien sûr. Le pays est petit, on a l’impression que rien n’y est possible mais en fait tout est possible. Le talent est là. Bien sûr la crise a coupé pas mal de ponts mais les gens sont vraiment plein d’énergie et ont envie de faire des choses.

Quel film vous a le plus marqué ?
J’en ai vu des tonnes. Le premier qui a eu un réel impact sur moi est Dersou Ouzala d’Akira Kurosawa. Je l’ai vu à 5 ans avec mon père. Je l’ai revu plus de 15 ans après, j’avais peur que la magie ait disparu. Et ça n’a pas été le cas.

Etes-vous tenté par le format des séries ?
Oui, je suis fasciné par cette forme épisodique, les personnages et les histoires. Je trouve que les personnages deviennent extrêmement attachants. C’est vraiment étrange la façon dont ils subsistent en nous. J’aimerai beaucoup essayer de travailler ce format effectivement.

Affiche du film L'histoire du géant timide par le réalisateur islandais Dagur Kari

Affiche du film L’histoire du géant timide par le réalisateur islandais Dagur Kari

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