Pierre Millet (Énergies sans frontières) : « Toutes les compétences bénévoles nous intéressent »

Énergies sans frontières privilégie l’accès à l’eau, à l’électricité et à la formationpour les populations défavorisées. L'association ne fonctionne qu'avec des bénévoles. ©Énergies sans frontières

©Énergies sans frontières

Chaque année, les bénévoles de l’association Énergies sans frontières contribuent à rendre l’électricité et l’eau accessibles aux populations défavorisées. De l’électrification à la comptabilité, en passant par le secrétariat et la trésorerie, « toutes les compétences nous intéressent » pour mener à bien ces missions, précise Pierre Millet, président de l’association.

Assurer l’accès à l’eau et à l’électricité des populations défavorisées pour améliorer leurs conditions de vie, et les aider à devenir autonomes, telle est l’ambition que s’était fixée Énergies sans frontières (ESF), à sa création en 1988. Trente-sept années plus tard, après avoir effectué des dizaines de missions dans le monde, l’association de solidarité internationale œuvre toujours, partout où on la sollicite, y compris dans les contrées les plus reculées.

Quel est le périmètre d’action d’Énergies sans frontières (ESF) ?

Pierre Millet – Nos actions consistent à fournir un accès à l’eau et à l’électricité aux populations démunies. Pour elles, c’est un premier pas vers le développement. Nos missions visent à améliorer leurs conditions de vie et, le cas échéant, à les aider à sortir de la pauvreté.

Prenons l’exemple d’une de nos missions récentes : en 2024, nous avons réalisé l’alimentation en eau d’une zone maraîchère à Salémata au Sénégal. Énergies sans frontières a installé une pompe alimentée par des panneaux photovoltaïques sur un puits déjà creusé. Cette pompe assure la distribution de l’eau vers trois bassins destinés à l’arrosage des cultures. Nous avons par ailleurs dispensé une formation sur l’utilisation et l’entretien des panneaux solaires.

Pierre Millet, président d'Énergies sans frontières« La formation [que l’on dispense] comporte un aspect théorique et pratique mais aussi un volet sur l’entreprenariat […]. C’est une grande fierté, une récompense pour nous, de retrouver un jeune qu’on a formé alors qu’il était en difficulté devenu créateur de sa propre entreprise. »

En quoi la formation des populations bénéficiaires est-elle fondamentale ?

La formation fait toujours partie intégrante du projet. Elle inclut un enseignement sur le fonctionnement, l’entretien et le dépannage de base des équipements électriques installés sur place. Nous avons formé une partie des habitants afin qu’ils deviennent autonomes et capables de gérer les installations après notre départ. C’est une étape essentielle.

Par ailleurs, nous développons un programme d’apprentissage au métier d’électricien dans certains pays. Notamment au Cameroun, où ESF intervient dans le cadre du programme Fare (formation d’artisans électriciens), ou au Vietnam, avec des associations caritatives locales de réinsertion et des orphelinats. La formation comporte un aspect théorique et pratique mais aussi un volet sur l’entreprenariat. Les élèves apprennent les bases de la gestion d’une entreprise : établir un devis, une facture… C’est une grande fierté, une récompense pour nous, de retrouver ensuite un jeune qu’on a formé alors qu’il était en difficulté devenu créateur de sa propre entreprise.

À Hô Chi Minh-Ville, en collaboration avec l’Institut européen de coopération et de développement (IECD), nous avons développé une mission dont l’objectif est de former les professeurs à l’énergie électrique photovoltaïque. Afin qu’ils puissent à leur tour enseigner ce savoir à leurs élèves et professionnaliser 500 jeunes en trois ans.

Concrètement, comment se monte une mission solidaire de la phase projet à sa réalisation sur le terrain ?

Énergies sans frontières est contactée par un village, une communauté ou une ONG. Souvent, nous sommes sollicités directement sur place, à l’occasion d’un chantier en cours. La demande suit un processus bien défini, elle fait l’objet d’études par nos différentes commissions internes.

D’abord, ESF étudie la faisabilité et la cohérence du projet : c’est l’occasion de nombreux échanges avec les demandeurs sur la nature exacte de leur besoin afin de l’évaluer au mieux. L’association peut préconiser d’autres solutions que celles envisagées par le demandeur.

Quand le projet est validé, une équipe de bénévoles est nommée par le conseil d’administration pour construire la mission. Un budget prévisionnel est élaboré (coût, durée du chantier, nombre de bénévoles nécessaires…). La recherche de financements auprès de nos partenaires est enclenchée. Et une convention de réalisation est rédigée avec les demandeurs.

Énergies sans frontières exerce-t-elle un suivi une fois les chantiers réalisés ?

Nous restons en contact avec les populations qui ont bénéficié de nos installations. À l’occasion de nouveaux chantiers, dans la mesure du possible, les collègues retournent visiter les lieux où nous avons réalisé nos missions. Nous avons besoin d’évaluer l’efficience de nos installations, d’en mesurer l’impact et le bénéfice sur la vie quotidienne de la population. Même chose dans le domaine de la formation. Est-elle efficace, appropriée ? Faut-il l’adapter ? Les personnes formées transmettent-elles à leur tour leurs connaissances et leur savoir-faire ?

« Si de nombreux bénévoles sont […] dans le domaine de l’électricité, d’autres […] s’occupent de la comptabilité, de la trésorerie, du secrétariat, du juridique, de la communication… Nous avons donc besoin de monde pour effectuer tout un tas de choses moins visibles mais indispensables. »

Pierre Millet (Énergies sans frontières) : "Toutes les compétences bénévoles nous intéressent" | Journal des Activités Sociales de l'énergie |

© Energies Sans Frontières

Énergies sans frontières repose essentiellement sur ses bénévoles. Recherchez-vous des compétences particulières ?

Énergies sans frontières compte 180 bénévoles. Nous devons répondre à de nombreuses sollicitations. Toutes les compétences nous intéressent. Si de nombreux bénévoles sont techniciens, ingénieurs dans le domaine de l’électricité, d’autres en « back-office », en service d’appui, s’occupent de la comptabilité, de la trésorerie, du secrétariat, du juridique, de la communication… Nous avons donc besoin de monde pour effectuer tout un tas de choses moins visibles mais indispensables.

Deux voyages solidaires sont organisés par la CCAS en collaboration avec Énergies sans frontières en novembre prochain, au Vietnam et à Madagascar. Que leur apportez-vous ?

Depuis de nombreuses années, nous accompagnons et encadrons les séjours solidaires de la CCAS.

Le principe du voyage solidaire est simple : il s’agit pour les jeunes électriciens et gaziers de découvrir un pays, sa population et sa culture. Souvent, les inscrits sont de nouveaux agents qui ne connaissent que peu ou pas la CCAS. Énergies sans frontières a l’opportunité de leur faire découvrir ses missions et de leur montrer ses réalisations sur le terrain.

Nous organisons des rencontres avec les habitants pour discuter de l’intérêt et du bénéfice de nos actions. Si possible, nous emmenons les jeunes agents visiter un chantier en cours de réalisation pour qu’ils échangent aussi avec les bénévoles d’ESF. Lors du dernier séjour au Vietnam, ils ont visité un centre de formation. Ils ont rencontré les professeurs, discuté avec les élèves, futurs électriciens, qui ont expliqué l’impact de cet apprentissage sur leur vie.


Pour aller plus loin 

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