En janvier 2018, la CCAS interdit l’usage du glyphosate, un herbicide très controversé produit par l’entreprise Monsanto, dans ses centres de vacances. Dans un contexte global de réflexion sur l’environnement, certaines initiatives locales émergent. Les bénéficiaires sont-ils prêts à changer leurs habitudes pour des vacances plus écolos ?
« L’écologie appartient à tout le monde. Si on fait ce choix, c’est pour nos enfants », confie Michel Fazzini, président de la CMCAS Corse. Certains élus se sont lancés dans des projets écologiques et citoyens sur leurs territoires. Au centre de vacances de Marinca, l’ensemble de l’éclairage a été changé au profit de LED moins énergivores. Dans la restauration, les produits locaux sont favorisés. Certaines colos en Corse organisent aussi des ateliers nettoyage des plages pour sensibiliser les plus jeunes au sort de la planète. « On fait des efforts et on compte bien aller plus loin, promet Michel Fazzini. Je pense que les bénéficiaires sont sensibles à la question écologique, mais la première chose qu’ils attendent, c’est le confort. Il faut réussir à faire la synthèse entre ces deux exigences. »
Première initiatives
À Arès en Gironde, on a décidé d’aller encore plus loin. « Nous avons d’abord concentré notre action sur la restauration, explique Laurent Boulay, responsable principal de l’institution. Je suis fils et petit-fils de jardiniers. Pour moi, avoir des fruits et légumes dont on connaît la provenance est fondamental. » Toute la carte a été revue : produits frais de saison, circuits courts, réflexion pour éviter le gaspillage alimentaire. Et le résultat ne s’est pas fait attendre. En une année, le centre a réussi à équilibrer ses comptes. « Nous aimerions aussi créer un jardin partagé qui serait ouvert toute l’année, hors des saisons de vacances. L’idée est de créer un lieu d’échange. »
Ruches, conférences sur l’apiculture ou sur les fonds marins… la maison familiale du centre de vacances du Cap d’Agde (Hérault) adapte l’action écologique à son environnement. À partir du mois de juin, le miel produit par les ruches du centre sera servi au petit déjeuner. « Pas mal de nos bénéficiaires sont intéressés par ce sujet, se félicite Francis Rodriguez, responsable principal du centre. Hors été, 20 à 30 % des bénéficiaires en vacances ici participent aux manifestations sur les ruches ou les fonds marins. »
L’espoir du mimétisme
L’objectif de ces différents acteurs locaux est de partager leurs expériences avec les autres centres, pour insuffler une nouvelle dynamique. « Le mode de vacances a évolué. On essaie d’écouter le plus possible les gens qui viennent chez nous. On aimerait les sensibiliser et leur donner envie de revenir », explique Laurent Boulay avec enthousiasme. À Arès, le chemin est encore long : le centre souhaite mettre en place des ateliers chaque semaine pour expliquer comment fabriquer ses produits ménagers bio, installer des toilettes sèches, un poulailler et mettre en place un compost. Tout cela demande beaucoup d’énergie et de patience pour l’équipe en place. Les démarches administratives sont longues.
« Si l’on met du sens dans ce que l’on fait et que l’on explique la démarche, il n’y a pas de raison que nos collègues et visiteurs n’adhèrent pas. » Pour changer nos habitudes, même en vacances, la patience, la volonté et l’énergie sont reines. Les initiateurs comptent sur le bouche-à-oreille pour développer ce genre de mode de vacances. D’ici à quelques années, les centres CCAS seront aussi peut-être pionniers dans le domaine écologique et serviront de modèles de vacances citoyennes.
C’est vous qui le dites
« C’est parfois compliqué d’être écolo en vacances. »
Arnaud Crocq, 49 ans, CMCAS Caen, GRTgaz filiale transports Engie
« Dans notre environnement classique, nous avons nos habitudes. Mais, en camping, il est difficile de stocker ses déchets. Il faut y penser et tout n’est pas à proximité. Ainsi au centre du Lavandou, il faut se promener avec sa poubelle pour aller à la plage. Pour la nourriture, à la maison on ne mange que du bio et des produits issus de circuits courts. La CCAS devrait prendre une décision à ce sujet et imposer une culture alimentaire sur tous les centres. »
« C’est juste une habitude à prendre. »
Aurélie Baheux, 38 ans, CMCAS Littoral Côte d’Opale, ayant droit
« Il est dommage d’être en vacances et d’oublier l’écologie. Que va devenir notre planète pour nos enfants ? L’écologie devrait être une règle de vie naturelle et non une contrainte. Utiliser du vinaigre blanc et du bicarbonate de soude en vacances ne coûte rien. J’ai trois enfants et tout le monde trie papiers, cartons et plastique. »
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