Pratiques culturelles : priorité aux jeunes

Pour sa troisième édition, la rencontre « Les jeunes et les enfants d’abord ! » a attiré plus de 400 personnes au centre de vacances de La Ville-du-Bois (Essonne) les 15 et 16 octobre derniers. Le rendez-vous artistique et festif, organisé par sept CMCAS d’Ile-de-France avec le soutien de la CCAS, a offert des spectacles soit très sérieux soit franchement loufoques, mais toujours uniques. L’occasion d’interroger les bénéficiaires sur leurs pratiques culturelles.

Dans la famille des Kaléidophones, demandez le père. Gaston To Van Trang, muni de ces oreilles géantes, tente de garder son sérieux tandis que ses deux adolescents, 13 et 14 ans, flanqués eux aussi des curieux écouteurs, se moquent de lui. Devant la compagnie Décor Sonore qui initie à « l’écoute lente du paysage », Gaston, jeune retraité, 37 ans aux compteurs d’EDF, parle théâtre et concert. Dans ce panel, il va « chercher la question sociale ». Et surtout, il veut comprendre comment les artistes « en sont arrivés là ». Pour ses enfants, c’est la même démarche. « Ils ont accès à la culture mais ils ne font pas que consommer. La culture, ce n’est pas que de l’argent », résume-t-il. Pour « des raisons de moyens et de temps », ce père divorcé profite tout particulièrement « des occasions offertes en interne à la CCAS, notamment pendant les séjours ».

Céline Christophe l’attend, ce temps-là. « C’est à ce moment-là que l’on peut vraiment profiter des spectacles. Il n’y a pas besoin de trop réfléchir pour l’organisation. C’est à notre portée et les enfants peuvent se coucher tard », conclut-elle, un œil sur Joachim et Zacharie, 5 et 3 ans, prêts à sauter sur le goûter géant. Farid Sadoun, qui revient pour la deuxième fois à La Ville-du-Bois avec sa petite famille, ne choisit jamais par hasard son lieu de villégiature. « Pour chaque séjour, avant la réservation, on vérifie les animations sportives, les activités à l’intérieur du centre de vacances mais aussi à l’extérieur. » Il cite les festivals des Francofolies de La Rochelle et d’Avignon. Au quotidien, la famille utilise beaucoup les offres des Activités Sociales. « Le ticket de cinéma, par exemple, nous revient entre 5,80 et 7,80 euros. Je prends aussi des places pour le handball et le rugby. C’est un enjeu économique de taille, estime Farid, qui travaille à la Caisse d’assurance maladie des industries électriques et gazières (Camieg). Pour le théâtre, la différence est énorme sur certaines pièces. Nous avons obtenu des tarifs à 20 euros alors que l’entrée est parfois affichée à 30, voire 40 euros. Pour nous, cela revient presque à une place achetée, une place offerte. »

Farid, Farida et Lydia Sadoun, bénéficiaires de la Camieg ©E.Raz/CCAS

Farid, Farida et Lydia Sadoun, bénéficiaires de la Camieg ©E.Raz/CCAS

Se souvenir longtemps…

La marchandisation de la culture : une des batailles des sept présidents des CMCAS organisatrices de ce week-end. Pour Jean-Luc Gavelle, animateur de la commission territoriale « Séjours Vacances, Sports et Culture » d’Ile-de-France, « les Activités Sociales de l’énergie ont le devoir de continuer à faire découvrir à nos bénéficiaires autre chose que ce que nous vend TF1 ». « On y tient », insiste Bernard Labreuil, président de la CMCAS des Yvelines, fier de constater la hausse des visites pour ce week-end. « Ces spectacles, nous ne les voyons pas ailleurs. Nous voulons qu’ils marquent les esprits et que les bénéficiaires mettent du temps à les digérer pour s’en souvenir longtemps, à commencer par les enfants. »

L’offre et la proximité, voilà ce qui séduit également Bertrand Bourdon, quarantenaire venu du Val-d’Oise avec sa compagne, et Julie et Maxime, 4 ans et 7 ans, même s’il n’a « pris pour l’instant que des billets pour le Futuroscope et occasionnellement pour le théâtre ». Mais Bertrand, agent depuis un an, a de quoi comparer, affirme-t-il, lui qui vient du groupe Printemps « où le comité d’entreprise se limite à des tickets cinéma et des chèques-cadeaux pour Noël ou les vacances. Cela n’a rien à voir ». Valérie, agent depuis trois ans à Saclay (Essonne), c’est le sport sur le site du travail qui l’intéresse. « Je profite des cours de fitness organisés par la CMCAS, c’est pratique, tous les jours, midi et soir, ça me convient en terme d’horaire », explique-t-elle en souriant. Pour le reste, cinéma et théâtre, « c’est avec ou sans le soutien de la CCAS ». Valérie, ancienne salariée d’Alcatel-Lucent, avoue que, parfois, l’offre des Activités Sociales ne correspond pas à son budget et qu’elle « bénéficie d’autres réductions plus intéressantes » du CE de son mari.

Corinne, elle aussi, n’attend pas les promotions de la CCAS « pour voir un spectacle ». Cette jeune grand-mère et ses trois petits-enfants sont encore chamboulés par la thématique de la mise en danger, performance acrobatique de la compagnie Rhizome. Pendant ses trente-cinq années chez EDF, elle dit avoir « usé » la CCAS. Sa famille recomposée (5 enfants) « a vu tout ou presque de ce qui était proposé et que l’on ne voit nulle part ailleurs ». Les enfants ont grandi et les besoins ont évolué. « Aujourd’hui, résume cette ancienne fidèle du festival de Soulac, on fait les choses par nous-mêmes. Nous laissons la place aux familles. A chacun son tour. Priorité aux jeunes. »

 

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