Pour notre sixième et dernière échappée autour du centre de tourisme d’Arès, direction Arcachon et son quartier historique, la « ville d’hiver ». Avec notre guide bénévole, arpentez les rues sinueuses à la recherche de petits bijoux d’architecture du 19ème siècle. Des trésors sommeillent et n’attendent que vous. Prêt ?
La ville d’hiver. C’est le petit nom du quartier historique d’Arcachon, le plus ancien, situé sur les hauteurs de la ville. On y accède par un ascenseur, pour arriver au beau milieu du parc mauresque, un îlot de verdure et de fraicheur. Le parc abritait autrefois un grand casino qui subsiste aujourd’hui sous forme de maquette. Aujourd’hui, il est 10h, et un petit groupe de vacanciers du centre d’Arès attend le guide à côté d’une pinasse, ce bateau traditionnel du bassin, posé au milieu des parterres de fleurs. Pile à l’heure, Aimé Nouailhas arrive avec un grand sourire. Retraité des IEG depuis 2005, ce limousin d’origine vit en Gironde depuis 1971. En 1967, il entre à l’école de métier de Gurcy-le-Chatêl : « C’est là que j’ai appris mon métier, la vie d’entreprise, et les activités sociales aussi. Quand j’ai eu mon premier poste, dans les landes, je me suis naturellement syndiqué et très vite, je me suis impliqué dans les activités sociales. Au sein du radio club notamment. Et puis quand j’ai acheté un appartement à Arcachon, j’ai adhéré à la société historique et archéologique d’Arcachon. Très vite, j’ai proposé mes services au centre d’Arès. J’aime partager mon savoir, les anecdotes sur l’histoire des quartiers. J’aime faire découvrir ma ville aux vacanciers de passage. »
Et la ville d’hiver n’a aucun secret pour lui. « La ville d’hiver est composée de 410 villas. Elle a été bâtie en 1863, sous l’impulsion des frères Pereire, deux industriels qui ont bâti la ligne de chemin de fer depuis Bordeaux et qui voulaient la rentabiliser. L’idée était simple : vanter le bon air d’Arcachon pour lutter contre la tuberculose et toutes les maladies respiratoires. La ville d’hiver est donc sortie de terre comme un grand sanatorium à ciel ouvert pour l’aristocratie européenne. »
Il n’y a pas de style arcachonnais à proprement parler. Les villas empruntent à différents styles architecturaux, de l’art nouveau à l’art déco en passant par le style arabo-andalous ou encore néo-basque. Le petit groupe emprunte l’allée Faust. La villa éponyme fut construite en 1862, trois ans après la sortie de l’opéra de Charles Gounod, basé sur la pièce de Goethe. Le compositeur séjournera d’ailleurs en ville d’hiver de 1869 à sa mort, en 1893. La typographie « maléfique » du nom de la villa, gravé dans la roche, rappelle le fameux pacte avec le diable de la pièce. « On croirait presque à un manoir hanté », lance malicieusement Claudine Dutard, agent à Périgueux. Elle est arrivée dimanche dernier à Arès, avec son mari et leur fils Paul, âgé de 13 ans, ainsi que leurs deux petits enfants de 4 ans et de 16 mois. « D’habitude, avec le camping car, on va un peu plus loin de chez nous, mais cette fois, on a voulu faire simple. Nous n’étions pas venus sur le bassin depuis des années. Et finalement, on va rester plus longtemps que prévu. On se sent bien ici, tout le monde y trouve son compte. Nous, on adore le calme et les activités proposées, les spectacles au centre. Notre fils s’est fait des tas d’amis, et les deux petits peuvent se baigner directement au centre. C’est super ! »
La visite continue, et les anecdotes fusent. La villa Marguerite, voisine de Faust, qui a hébergé régulièrement le compositeur Claude Debussy. Il s’y est même marié. La villa Bremontier, avec ses allures de château médiéval. Alors que le propriétaire sort de chez lui, serviette en bandoulière, pour aller à la plage, Aimé lance un « José ! » Et le voilà en train d’expliquer au groupe l’histoire de sa demeure : « Bremontier était ingénieur aux ponts et chaussées sous Louis XVI. Il était dans la région en 1787 pour travailler au boisement des dunes. Cette demeure a été construite en 1863. Sa particularité, c’est cette tour avec un escalier en colimaçon. Aujourd’hui, c’est une co-propriété. Nous sommes six familles à la partager. » José continue sa route vers la plage, et Aimé poursuit sa révélation de secrets historiques. Il montre une rue en pente un peu plus loin : « Ici, des années 40 aux années 70, il y avait des compétitions de slalom et même de saut à ski ! On remplaçait la neige par des aiguilles de pin. Ça glisse presque mieux d’ailleurs ! »
Tandis qu’il passe un magnifique chêne liège, le petit groupe suit Aimé dans le quartier anglais de la ville d’hiver. « On doit le quartier anglais à un certain docteur Corrigan, un irlandais qui a beaucoup vanté dans les années 1880 les mérites du bon air d’Arcachon sur les îles britanniques ». Résultat, les bow-windows apparaissent sur les façades des bâtisses. Et les britanniques étaient suffisamment nombreux pour ériger une chapelle anglicane. Pierre, un ami d’Aimé, invite le groupe à entrer dans la chapelle pour un petit concert improvisé d’orgue. Surprise et curiosité pour Brune et Luce, 3 ans et 17 mois, les deux filles de Ludivine et Aymeric Monnier. Les petites ont les yeux écarquillés, dans l’étrangeté du lieu éclairé par des vitraux flamboyants. « Nous venons de Picardie. Depuis dimanche, nous sommes en gîte au centre d’Arès. Avec les petites c’est pratique. D’habitude, on va en Bretagne, ou alors à la montagne, mais cette année, on a voulu essayer le Sud-Ouest. On adore ! Entre la dune, la forêt, l’océan, le bassin et puis surtout toutes les pistes cyclables à arpenter ! On ne va pas avoir le temps de tout faire, mais je pense que l’on reviendra l’an prochain. C’est un vrai coup de cœur. »
La visite touche à sa fin, l’heure avance vite quand on explore l’Histoire. Un dernier crochet par la villa Régina, l’ancien « Grand Hotel de la Forêt », qui hébergea André Citroën lors de son opération « croisière noire ». L’industriel vint dans la région en 1921 pour tester sur la dune du Pyla ses automobiles prévues pour traverser le désert du Sahara.
Sur le chemin qui ramène le groupe au parc mauresque, Hervé Charretton se réjouit. Il est venu depuis Lyon en vacances en gîte à Arès avec sa femme Carine, et leurs deux fils, Timéo, 7 ans et Lohan, 3 ans. C’est la première fois qu’ils passent des vacances sur le bassin, ils partent habituellement à l’étranger. Et Hervé aime comprendre l’histoire de ses lieux de vacances : « J’ai adoré cette visite. Aimé est très bien documenté, il raconte toute l’histoire de ces maisons fabuleuses. Il connait toute la chronologie du quartier, toutes les anecdotes. Mais ce qui m’a frappé, c’est qu’il ne fait pas que raconter la ville d’hiver au passé. Il la raconte au présent, il nous présente à tout le monde, on sent qu’il habite cette ville, qu’il y a des liens humains au delà de l’architecture. Discuter avec un propriétaire, se faire initier à l’orgue dans une chapelle anglicane. C’est aussi cela, une visite réussie : rester dans la vraie vie, raconter l’histoire au présent. »
Autour du centre d’Arès
Chaque vendredi, pendant six semaines, nous vous présenterons toute la richesse des activités proposées aux bénéficiaires du centre de tourisme d’Arès, sur le bassin d’Arcachon. Chaque semaine, découvrez un milieu naturel exceptionnel, des bénévoles passionnés, et des vacanciers curieux qui pourraient bien inspirer vos prochaines vacances…
Tags: Tourisme
Nous y étions, c’était super! Nous avions fait la veille le sentier du gemmage et la d’une du pila avec jean… Vraiment des sorties très culturelles et très sympas avec des guides sensationnels. Bravo
Jean-Marie & Isabelle