Du 15 au 17 juillet, Lionel Pipitone, président de la commission jeunes à la CCAS, a posé ses valises en Corse afin de rencontrer les jeunes en colo sur l’Île de Beauté. Une plongée au cœur de leur séjour au cours de laquelle l’élu a échangé, sans détour ni langue de bois, avec une tranche d’âge (15/17 ans) éclectique. A la fois timorée, curieuse et loquace… Embarquement immédiat.
12h30, accueil collectif de mineurs de Piopa à Porto-Vecchio. La quarantaine de jeunes en colo voile et plongée se détend, chacun à sa manière. Frisbee pour les uns, volley pour les autres, l’ambiance est au beau fixe, le soleil aussi. En ce lendemain de fête nationale, c’est sans artifice que Lionel Pipitone, président de la commission jeunes à la CCAS, se présente « ravi d’être parmi vous. » Un peu « intimidés », les « Corses d’un séjour » rangent petit à petit leurs ustensiles et prennent place sur des chaises, avec une discipline notable. L’intrusion, bien que prévue, intrigue toutefois une partie du groupe, un peu tendu… « Alors comment se passent les activités ? » Si des regards se croisent, les joues de certains rougissent (et pas sous l’effet du soleil). Pas facile de s’exprimer en public à cet âge surtout devant un administrateur de la CCAS. Peu farouche, Jeremy, lui, se lance sans crainte et avec un aplomb certain. Le jeune homme a des doléances et tient à les propager à sa manière. « Cinq séances de plongée c’est trop peu ! Et puis on en fait trop dans la piscine, alors que le but c’est quand même de voir les fonds marins… dommage pour les poissons. » La requête, provoquant l’hilarité dans l’assemblée, surtout dans sa chute, a au moins le mérite d’être claire et de lancer le débat. « Trop de vent pour la voile, hier » selon Paul, « un minibus trop petit pour les sorties » au goût de Cathia, « les galères dans les gares et les problèmes de transport » pour Morgan, sujet récurrent tout au long de la visite de l’élu, ou encore le passage des niveaux de plongée, les remarques fusent. Les dés sont jetés et c’est à bâtons rompus que les échanges vont se dérouler.
Après un bref rappel du projet politique et éducatif des électriciens et gaziers, que la majorité d’ados connait, le président de la commission jeune fait alors dans la pédagogie. Et la méthode décrispe sans conteste. « Oui le transport est un cas épineux pour certains, mais il faut savoir que nous privilégions les compagnies nationales et non les « low coast ». Donc nous sommes dépendants des horaires… Et puis vous avez le numéro vert qui fonctionne très bien en cas de souci ». Sur le côté, bien qu’attentif, Corentin n’en reste pas moins perplexe… tout en acquiesçant la véracité des faits. Et lorsque l’élu enchaine sur l’activité dominante, l’assiduité est alors à son paroxysme. « A la CCAS, notre ligne de conduite n’est pas de faire de la spécialisation dans une activité. On ne souhaite pas du qualifiant, du perfectionnement, mais bien de l’initiation, et ce, afin que tout le monde puisse avoir les mêmes chances. De toute façon, notre priorité dans les accueils collectifs de mineurs, c’est avant tout le vivre ensemble. » A l’évocation du thème, l’ambiance se détend et monte même d’un cran lorsque Emre, l’animateur plongée, fait son apparition avec un nouveau look… La salve d’applaudissement vient quelque part corroborer les orientations citées plus tôt.
Apparemment, le vivre ensemble, et plutôt bien, est une réalité sur le centre. Dans cette humeur badine, les langues se délient, les repas « de qualité », les toiles « très bien », la perspective de la sortie aux iles Lavezzi, le débat s’anime jusqu’à ce que l’estomac des ados crie…famine. Compréhensif, l’élu s’efface doucement, les remercie. Ceux qui sont de corvée de repas filent vite en cuisine. Les autres sont déjà attablés. Le président de la commission jeunes prend alors le temps de discuter avec les deux directrices. Pour Sophie et Marcelline : « Tout va bien, c’est un bon groupe, très responsable et investi ». Devant la salle d’activité, les premiers coups de fourchettes se font alors entendre. Il est temps de se saluer mutuellement et de les laisser vaquer à leurs préoccupations du moment…
Borgo, deux jours plus tard…
Colo sport et nature (canyoning, kayak, via ferrata et escalade). Pour la plupart, le réveil est récent… Hier soir c’était soirée libre ! D’ailleurs, sous la toile, à côté de la base nautique, les croissants sont encore exposés sur la table. Si le rituel est le même, présentation, questions, insensiblement les sujets évoqués à Porto-Vecchio sont identiques (problèmes de transport, activités etc.), mais les ados sont différents, leurs réflexions aussi. Une diversité appréciée à juste titre par le président de la commission jeunes, tout ouïe. Pour Morgane « on se lève trop tôt, on enchaîne les activités et à force ça fatigue. » Florian, lui, n’apprécie qu’à moitié le programme : « on a tout fait au début et maintenant il n’y a plus rien… » Dans la moiteur matinale, l’élu tempère quelque peu les ardeurs. « Vous êtes en Corse et les difficultés de déplacement sont grandes surtout pour votre thématique qui implique d’aller en montagne. Quant au programme et au rythme, il faut s’adapter à l’agenda des prestataires. » Les relations avec le centre adultes voisin « ça se passe très bien », la nourriture « c’est nous qui faisons les menus et on essaie de faire au mieux », selon Brice, aucun aspect du séjour n’est éludé. Mais ce dernier point interpelle Florian. Dans un mélange de malice et peut-être un peu de dérision, le jeune biterrois propose : « Il faudrait au moins que le midi quelqu’un nous fasse les repas… » Sourire général, y compris pour Lionel Pipitone, obligé de recadrer avec subtilité le bouillant sudiste : « La conception des repas fait aussi partie de l’autonomie que l’on prône pour votre tranche d’âge. »
Est-ce cette douce piqure de rappel qui provoque une nuée de revendications de la part du groupe ? Car pour le coup, bien réveillée, la bande se libère sans retenue. À droite, à gauche, les plaintes pleuvent. Pas assez de douches, les toiles en plein soleil, des cadenas pour les armoires etc., les yeux rivés sur les intervenants successifs, l’élu rassure. « Nous allons y réfléchir puisque c’est aussi le but de ma visite. Recueillir vos impressions et essayer au maximum de satisfaire vos demandes. Mais pour conclure, je vous rappelle que 33 000 jeunes partent en centre toute l’année dont 16 000 sur la période estivale… Ce qui implique des difficultés de gestion aussi ». Le message est apparemment passé et les ados sont satisfaits. Juste le temps de leur souhaiter une bonne fin de séjour et direction le club de Plongée de la Toga à Bastia où d’autres attendent de faire le grand plongeon…
Aujourd’hui pour la vingtaine d’ados qui ont choisi les profondeurs, c’est la descente à 20 mètres pour 2 heures de plongée. Le temps est compté, mais combinaisons à moitié enfilées, là aussi ils ont des choses à dire et sont indéniablement intéressés par le discours de l’élu. Mais c’est Axelle qui accaparera finalement la parole. Après s’être plaint de « trop peu de temps de plongée tout en louant cependant la qualité des animateurs et les bienfaits de la vie en collectivité », la jeune fille veut en savoir plus sur l’avenir. Autant le tutoiement des fonds l’excite, autant la peur du vide l’inquiète : « Et après à 18 ans, c’est fini ? On ne peut plus partir avec la CCAS ? » La plongeuse en herbe sera vite rassurée avant de mettre les voiles… « Vous pouvez non seulement vous inscrire dans des séjours 18/20 ans, mais aussi partir en centre adulte avec des amis. Et puis n’oubliez pas que vous pouvez aussi prendre le relais, passer le BAFA avec votre CMCAS et encadrer… » A voir sa réaction, pas sûr que l’histoire, apparemment fusionnelle entre Axelle et la CCAS s’arrête de sitôt. Mais pour l’heure c’est le grand saut dans la grande bleue pour des sensations sans doute inoubliables. Fin de l’immersion corse pour Lionel Pipitone, « d’une grande richesse. »