Sandrine Tenneroni, agente EDF : « Le foot de rue est la meilleure école »

Sandrine Tenneroni, agente EDF : "Le foot de rue est la meilleure école" | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 73646 Sandrine Tenneroni agente des IEG et ancienne footballeuse

Sandrine Tenneroni, agente EDF et ancienne joueuse de football, revient sur les moments marquants de sa carrière amateure. ©Charles Crié/ CCAS

Du club universitaire de la Sorbonne à celui de Woippy (Moselle), des clubs associatifs aux pelouses parisiennes, cette communicante reconvertie dans le management voue toujours, à 45 ans, une passion indéfectible au sport le plus populaire qui soit.

Comment est née votre passion pour le football ?

Dès l’âge de 5 ans, j’accompagnais mon père footballeur sur les terrains de la région nantaise. Cette pratique et ce qu’elle engendre – la pugnacité, la joie, le partage – m’ont aussitôt séduite. Mais à l’époque, il était compliqué de pratiquer pour les filles. Il n’y avait pas d’équipes mixtes et encore moins d’équipes féminines.

J’ai donc essuyé pas mal de refus. Alors, à 7 ans, une fois mes devoirs terminés, j’investissais le terrain de hand voisin de la maison (en bitume !), pour jouer avec mon petit frère et les garçons du quartier.

Ce n’est que bien plus tard que vous intégrez un club. Comment avez-vous vécu cette « frustration » ?

Sans trop de regrets. Car cela m’a permis d’apprendre le football « de rue » qui est sans doute la meilleure école. Et puis en me confrontant aux garçons, je me suis aguerrie, notamment au niveau physique et technique.

Aussi, plus tard, lorsque j’ai intégré l’équipe mixte universitaire de la Sorbonne (Paris), où j’ai fait mes études de philosophie, j’étais dans mon élément : on avait un super-entraîneur qui ne faisait aucune différence entre les filles et les garçons ! J’ai donc pu jouer régulièrement. Tous les week-ends, avec des amis, on s’inscrivait aussi à des tournois où la mixité n’était jamais évidente, et il fallait se bagarrer tout le temps, juste pour pouvoir jouer !

C’est pourtant le boulot qui, indirectement, va vous permettre de concrétiser votre rêve de gosse et vous ouvrir les portes d’une des équipes féminines phares de l’époque ?

Tout à fait : après un stage de six mois à la direction de la communication d’EDF, je suis embauchée au Centre EDF GDF Services Metz Lorraine. Là, je m’inscris au FC Woippy féminines en nationale 1B. Avec trois entraînements par semaine, des matchs contre le PSG, Saint-Maur…

Cette aventure de deux ans restera marquante à double titre : elle est l’aboutissement de ma volonté de jouer, et elle est intimement liée à ma carrière professionnelle… laquelle me « renvoie » finalement à Paris, avec de nouvelles responsabilités. Quelques années plus tard, c’est une rupture des ligaments croisés qui m’empêche de poursuivre ma pratique, ce qui pour moi, constitue un moment très difficile.

Malgré cela, vous continuez à défendre le football, et à combattre les poncifs autour de ce sport. Qu’est-ce qui vous fascine ?

La technique, la liberté, le collectif ! À rebours de sa représentation médiatique… Aussi, j’ai du mal à regarder le foot à la télé. Ce sport représente pour moi le don de soi, l’engagement physique, l’intelligence du jeu et le partage à travers le collectif. Et je n’ai jamais rien trouvé d’aussi brut, d’aussi puissant que le foot pour atteindre cette plénitude physique dans l’expression de soi. Pourtant j’adore l’art, la poésie, j’aime écrire ! Mais ce rapport au corps, au terrain et donc à la nature ainsi qu’à l’espace n’a pas d’égal.

Et puis la magie du groupe, du collectif doit fonctionner, tout seul on n’est rien sur un terrain, c’est ensemble que l’on peut gagner ! Comme dans le management d’ailleurs : cette expérience m’a toujours guidée dans ma pratique professionnelle.

À moins d’un mois de la Coupe du monde féminine, quel regard portez-vous sur la médiatisation des équipes féminines ?

Je pense que ce peut être un vecteur pour faire avancer les choses… Et il y a encore beaucoup de travail ! Et pour ça, il faut déjà sortir des positions dogmatiques, qui font que la petite fille que j’étais n’a pas pu faire ce dont elle avait envie, ce qui lui permettait tout simplement de s’épanouir. Or, pour moi, le foot n’est pas l’apanage de la virilité mais bien de la liberté.

Aujourd’hui, lorsque j’entends que décerner un Ballon d’or à une femme, c’est un progrès, je trouve ça plus qu’aberrant ! Le véritable progrès, c’est tout simplement de trouver normal qu’une femme s’adonne à n’importe quel sport selon ses envies. Et malheureusement, on (les hommes) les enferme dans certaines pratiques, et on continue à porter des jugements de valeur sur la « normalité » de leur comportement…

La société doit gagner en maturité, tout comme le foot et les institutions sportives en général, en bannissant cette histoire de rivalité hommes-femmes. Ce serait une belle preuve de modernité.

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