« Attends-moi le monde », crise existentielle au mois de non-novembre

Gaelle Pingault, rencontres culturelles CCAS 2022

Avec « Attends-moi le monde », son quatrième roman, Gaëlle Pingault fait partie des auteurs et autrices sélectionné·es par la CCAS pour animer les rencontres culturelles de l’été. ©Astrid di Crollalanza

Camille a remporté le premier lot d’une tombola : elle va pouvoir rayer le mois de novembre du calendrier. Mais de quoi novembre est-il le nom ? « Attends-moi le monde » raconte, avec finesse et poésie, le chemin long et douloureux de la résilience de Camille, qui l’amènera à sourire à nouveau à la vie. Un roman de Gaëlle Pingault, choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2022.


L’histoire

"Attends-moi le monde", de Gaëlle Pingault, éditions Eyrolles« Premier prix : Vous détestez la grisaille et la nuit qui tombe à 16 h 30 ? Vivez une année sans mois de novembre ! » Lorsqu’elle tombe sur un petit flyer vantant les mérites d’une tombola locale en ces termes, Camille comprend d’emblée qu’elle va jouer, et gagner. Durant ce mois de non-novembre, Camille se laissera porter par l’étrangeté dont jaillira peu à peu la compréhension de sa propre histoire.

Lire un extrait

« Attends-moi le monde », de Gaëlle Pingault, éditions Eyrolles, 2021, 12 euros (tarif CCAS sur la Librairie des Activités Sociales, au lieu de 16 euros).

Ce livre a été choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2022 : commandez-le sur la Librairie des Activités Sociales (avec une participation financière de la CCAS et des frais de port offerts ou réduits).


Gaëlle Pingault : « J’essaie toujours de terminer les histoires un peu sombres de façon plus lumineuse »

Qu’avez-vous contre le mois de novembre ?

Gaëlle Pingault : (Rires) Tout ! Il fait gris. Il fait froid. Les journées sont courtes. La nuit tombe vite. On plonge vers l’hiver, donc sans aucune perspective que ça aille en s’arrangeant. Vraiment, je ne lui trouve aucun charme.

Qu’est-ce qui cloche chez Camille, votre héroïne, qui a tout pour être heureuse mais pourtant ne l’est pas ?

Justement, elle-même l’ignore. C’est tout le sujet du livre. Le chemin qu’elle va parcourir durant ce mois de non-novembre lui permettra d’en comprendre la raison. Dans l’absolu, effectivement, Camille a tout pour être heureuse mais elle ne le sait pas. Elle s’était imaginé un chemin de vie et s’est donné les moyens de le concrétiser. Une fois que tout est en place, elle s’aperçoit que cela ne fonctionne pas très bien.

Et puis Camille s’est cassé la figure sans vraiment savoir pourquoi. Ce n’est pas une jeune femme chez qui rien ne va mais elle est un peu de guingois, elle marche à cloche-pied, jusqu’à ce qu’elle finisse par comprendre ce qui cloche.

Lors des salons, des gens me confiaient des choses très personnelles. J’ai compris que c’était un vrai sujet qui méritait d’être traité plus profondément.

Comment est né « Attends-moi le monde ? »

Il y a eu plusieurs étapes. J’avais effleuré le sujet du livre dans une nouvelle parue dans « Ce qui nous lie » (2011), mais comme effet de chute, de révélation. Il se trouve que les lecteurs, y compris des amis, m’ont beaucoup parlé de ce thème très intime qui les avait marqués. Lors des salons, des gens me confiaient des choses très personnelles. J’ai compris que c’était un vrai sujet qui méritait d’être traité plus profondément. Il me fallait trouver la bonne manière de l’aborder, avec délicatesse, sans être ni larmoyant ni gnangnan.

En parallèle m’est venue l’idée de cette tombola où l’on gagne une année sans mois de novembre. C’est typiquement une de ces idées un peu surréalistes qui émergent d’on ne sait d’où et dont on ne sait pas trop quoi faire. Les deux thématiques se sont superposées, se répondaient à merveille en apportant un équilibre. La tombola donnait de la légèreté, introduisait un contexte onirique et fantasque pour un sujet compliqué.

La danse a une place particulière dans la vie de Camille. Quel rôle joue-t-elle ?

Là-encore, Camille n’arrive pas très bien à le définir. C’est l’amour vache. Camille pratique la danse à plusieurs étapes de sa vie, l’abandonne puis y revient. Elle aimerait que ce soit plus, que ce soit mieux ; il y a toujours quelque chose qui la laisse sur sa faim. Malgré tout, la danse contribue à ce que Camille se sente mieux et amène la jeune femme vers la lumière. Elle sera un levier de sa consolation durant ce fameux mois de non-novembre.

Le message du livre est celui que chacun a envie d’y voir […]. En fait, le lecteur en retire ce qui fait sens pour lui.

Quel est le message de cette histoire ?

Le message du livre est celui que chacun a envie d’y voir. Je ne délivre pas de message ; je raconte seulement une histoire. Ce qui m’intéresse, c’est de construire un récit autour de personnages et de les laisser évoluer. En fait, le lecteur en retire ce qui fait sens pour lui.

Néanmoins, mon intention de départ était de me balader autour du thème de la consolation, un sujet qui m’est cher presque malgré moi. Qu’est-ce qui peut faire consolation dans la vie ? Lorsque l’on a l’impression de maîtriser peu de choses. J’essaie toujours de terminer les histoires un peu sombres de façon plus lumineuse : c’est mon petit pouvoir d’autrice, le seul que je possède (rires). Alors : message, pas message, cela ne m’appartient pas. Cela appartient aux lecteurs.

Peut-on parler de re-naissance ?

Pas de re-naissance parce que Camille n’était pas au point mort. Ce serait plutôt une sur-naissance : quelque chose s’empile et lui ouvre des portes. Comme si Camille n’avait accès qu’à une partie d’elle-même et que ce quelque chose va la rendre plus ample : c’est un complément de naissance.

J’aime les mots pour les échanges qu’ils permettent, pour la façon dont ils nous relient.

Vous êtes orthophoniste et vous animez des ateliers d’écriture. D’où vous vient cette passion pour les mots ?

On ne sait jamais vraiment d’où cela provient. Mais je viens d’une famille dans laquelle les mots étaient importants. Nous étions quatre enfants. Mes parents nous faisaient écouter Bobby Lapointe, Raymond Devos, Anne Sylvestre… Nous étions abonnés au magazine « J’aime lire ». Ils nous ont initiés à la valeur des mots, à la façon de jouer, de jongler avec. J’ai grandi dans cette ambiance-là. J’y ai pris goût. J’aime les mots pour les échanges qu’ils permettent, pour la façon dont ils nous relient.

Cet été, vous proposerez aux vacanciers une rencontre originale autour de votre livre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ce sera une lecture dansée et la danseuse Corinne Duval m’accompagnera. Je ne peux pas vous en dire plus car c’est un projet en construction. On a bien quelques idées… Ce sera une surprise, y compris pour nous !


Les rencontres culturelles

Comme Gaëlle Pingault, des auteurs et des autrices sont choisis chaque année par la CCAS pour partager leur passion de l’écriture et échanger avec vous sur leurs ouvrages, disponibles dans les bibliothèques de vos villages vacances, dans le cadre des rencontres culturelles.

Retrouvez les rencontres culturelles de l’été sur
ccas.fr > rubrique Culture et loisirs > Rencontres culturelles

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