« Soudain, chutes et envols » : une pièce sur les différentes façons d’être amoureux

Pièce "Soudain, chute et envol" de Laurent Vacher (compagnie du Bredin), en tournée à la CCAS durant l'hiver 2024.

La pièce « Soudain, chute et envol » de Laurent Vacher (Compagnie du Bredin) et Marie Dilasser, sera en tournée à la CCAS durant l’hiver 2024. ©Christophe Raynaud de Lage

Enrichir les « Fragments d’un discours amoureux » d’entretiens avec des collégiens et des résidents d’Ehpad : telle est la proposition de Laurent Vacher (Compagnie du Bredin) et Marie Dilasser, avec « Soudain, chutes et envols », libre adaptation de l’essai de Roland Barthes. Une pièce à découvrir dans les centres de vacances cet hiver. 

Comment est née votre dernière création : « Soudain, chutes et envol » ?

Laurent Vacher – J’aime beaucoup, depuis longtemps, « Fragments d’un discours amoureux », [l’essai du philosophe] Roland Barthes, qui allie humour et pertinence. Puis, j’ai rencontré l’autrice Marie Dilasser, dont je connaissais l’écriture cinglante et très précise. Je lui ai proposé d’écrire une adaptation libre [des Fragments], tout public mais plutôt tournée vers le jeune public.

Marie souhaitait interroger des gens sur leur vie amoureuse. À Homécourt [en Meurthe-et-Moselle], nous avons interviewé longuement des collégiens et des personnes âgées résidant à l’Ehpad, mais aussi d’autres personnes ailleurs. Des questions sont revenues, celles de l’identité sexuelle et du genre. Une vieille dame nous a ainsi dit, discrètement : « Si j’avais pu choisir, j’aurais préféré avoir une vie amoureuse avec une femme. » Cela nous a interpellés et touchés.

À l’école de théâtre l’Esca, à Asnières [dans les Hauts-de-Seine], où nous avons fait travailler les élèves sur le coup de foudre et ce qu’on appelle le « râteau », il y a eu une rencontre forte avec trois comédiennes. Nous les avons engagées pour le spectacle : les trois jeunes filles sont dans un square et expérimentent différentes façons d’être amoureuses. C’est un moment de réflexion mais aussi de plaisir.

Laurent Vacher, metteur en scène de la pièce "Soudain, chute et envol" (compagnie du Bredin), en tournée à la CCAS durant l'hiver 2024. Photo : Christophe Raynaud de Lage« Un ‘bredin’, en vieux français, c’est un idiot occasionnel. […] C’est un mot qui désacralise l’aspect parfois très intellectuel du théâtre contemporain. »

Quelle est l’histoire de la Compagnie du Bredin ?

Je l’ai créée avec mon administratrice, Véronique Felenbok, il y a une vingtaine d’années. La Scène nationale de Forbach [en Moselle] m’avait demandé de venir en résidence. J’ai voulu monter une compagnie de théâtre qui soit à l’origine de pièces contemporaines, ancrées dans les territoires, hors des grands chemins de la culture, et diffusées ensuite dans toute la France et au-delà.

Nous travaillons avec des publics variés : établissements scolaires, compagnons d’Emmaüs, Secours populaire, missions locales, groupes de théâtre amateur réunissant des gens de tous horizons… Aujourd’hui, j’ai posé mes valises à Briey [en Meurthe-et-Moselle], une petite ville proche de Metz, de Longwy et de la frontière luxembourgeoise.

Concernant le nom de la compagnie, un « bredin », en vieux français, c’est un idiot occasionnel. Cela m’a amusé, c’est un mot qui désacralise l’aspect parfois très intellectuel du théâtre contemporain. « Humour et raison », en quelque sorte…

La pièce questionne le genre à travers plusieurs personnages masculins et féminins interprétés par trois comédiennes, à partir des « Fragments d’un discours amoureux » enrichis de témoignages contemporains. ©Christophe Raynaud de Lage

Quels sont les thèmes qui vous inspirent en priorité ?

Ils naissent parfois de rencontres, quand je sens qu’une problématique interpelle. À Forbach, j’avais créé deux textes italiens, « Bar » et « La Festa », autour du thème de la migration italienne, surtout sicilienne. Dans « Bar », deux personnages un peu clownesques, un peu perdus, passent leurs journées dans un bar et commentent le monde. J’avais engagé deux acteurs italiens : le spectacle était bilingue, mais tout à fait compréhensible pour un public ne parlant pas sicilien.

Autre exemple, avec des lycéens de Briey, nous avions monté un comité de lecture et deux romans étaient sortis du lot : « Réparer les vivants », de Maylis de Kerangal, et « Le Garçon incassable », de Florence Seyvos. La thématique du handicap me touchait beaucoup. Cela m’a motivé pour en faire une adaptation, qui a fait une tournée nationale.

À Briey, j’ai également monté une comédie musicale, « Lost in Supermarket », l’histoire de caissières qui, la veille de Noël, dévalisent les caisses du supermarché. Les caissières du Super U de Briey ont eu vent de cette création et sont venues à la première…

« À l’issue du spectacle, nous proposons soit un débat soit une discussion informelle autour du bar. »

Vous avez joué à la CCAS l’été dernier, et vous réitérez l’expérience cet hiver en Savoie, en Haute-Savoie et dans les Hautes-Alpes. Les centres des Activités Sociales sont-ils différents des autres lieux ?

On y touche un public familial de grands-parents, de parents et d’enfants. C’est intéressant, car, à l’issue du spectacle, nous proposons soit un débat soit une discussion informelle autour du bar. Le spectacle est assez drôle et colle bien à un public en vacances. Certaines personnes, du fait de leur vie professionnelle et familiale, n’ont pas ou ne prennent pas le temps d’aller au théâtre le reste de l’année.


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