Une colo pour révéler les talents et les individualités

Lou, dans son déguisement de clown, est la reine des blagues ! ©Éric Raz/CCAS

« Révèle ton talent » : telle était l’invitation lancée aux 6-8 ans de la colo régionale de Saint-Hilaire-du-Rosier (Isère), pendant les vacances de février. Défi relevé ! Avec un spectacle sur le thème du cirque, les 16 enfants ont fait preuve d’un imaginaire et d’une cohésion impressionnants, pour sublimer un séjour pour le moins enjoué.

À voir les enfants s’amuser en cet après-midi de randonnée pique-nique, nul doute que le projet de la colo régionale « Révèle ton talent » a conquis le groupe et réussi à le souder. Le thème initial a éveillé les plus belles intentions chez les 6-8 ans, mais l’équipe pédagogique leur a aussi distillé ce brin de confiance en soi tangible pour qui les observe.

Emma, Antoine, Louna et leurs copains profitent de chaque instant pour s’exprimer lors de la colo « Révèle ton talent ».  ©Éric Raz/CCAS

Tout au long de la journée, de la chorégraphie initiée au bord du lac par Khaled et Amina, les animateurs, aussi spectaculaire que festive, à la répétition du spectacle le soir, les enfants vont incarner le vivre-ensemble de façon franche et enjouée. Plus tôt dans la matinée, Sébastien, le directeur, ne cachait pas sa satisfaction. « Cette colo, c’est la leur ! Avec tout ce que ça demande d’implication de leur part. Nous leur avons proposé, sans jamais forcer personne, de construire eux-mêmes un spectacle sur le thème du cirque, en faisant appel à leur créativité. »

Alors entre les murs de la colo, puis sur le chemin de la rando, Matthias, Nahel, Stella, Louna, et les autres jouent le jeu. Passant volontiers du réel à l’imaginaire : de la simple causette avec les canards au bord du lac à « 123… soleil » et au jeu du dragon. Même les temps morts sont source d’inspiration.

Le drôle de défi lancé par un vieux clown

Petits et grands jouent le jeu et répètent le spectacle qui clôturera la semaine de la colo régionale 6-8 ans « Révèle ton talent » ©Éric Raz/CCAS

Depuis quelques jours, les gamins puisent au fond d’eux-mêmes pour entrer dans la peau de leur personnage avec un but précis : répondre à la drôle de requête d’Édouard. À leur arrivée, l’animateur, qui s’était déguisé en vieux clown, a tombé le masque pour leur raconter combien il avait la nostalgie des années fastes où il riait et faisait rire les autres. « Aidez-moi, s’il vous plaît, à me souvenir de tout ça… », leur a-t-il demandé.

Le mot d’ordre donné aux enfants : vous êtes libres de choisir votre rôle ! Alors, dans le collectif, des magiciens, des acrobates, des clowns et des jongleuses ont petit à petit ainsi émergé. Les gamins débordaient d’imagination voire d’extrapolations savoureuses. L’indépendance éphémère à cet âge-là n’a que du bon ! Inventer, jouer, imaginer des histoires permet de délier les langues dans ce monde où tout est permis, où même les animateurs et les animatrices osent raconter les légendes les plus improbables comme celle de « la sirène qui vivrait dans le lac ».

Ça me plaît de jouer un personnage car je me sens plus fort.
Antoine

Endosser un rôle, travestir la vérité, autant de possibilités offertes au sein de cette colo.  ©Éric Raz/CCAS

À l’heure de la digestion, Antoine, 7 ans, est le premier à se livrer sur ses sensations et la vie de groupe. « Timide au départ », selon ses propres dires, Antoine apprécie beaucoup ce jeu de rôle : « Ça me plaît de jouer un personnage car je me sens plus fort. Et, quand on est déguisé, finalement on est tous pareils ! » Des propos qu’Emma, 8 ans, reprend volontiers. Elle et Helena forment avec Adélia le trio des « Acrobelles » (belles acrobates). Pour l’ultra-locale de la colo (« j’habite à vingt minutes d’ici », précise-t-elle), « c’est super car on peut s’exprimer, faire ce qu’on veut quand on joue des personnages. Et on peut même mentir… Ce n’est pas grave ! »

Apprendre à être soi-même

Plus loin, Pauline, 6 ans, est partie dans ses pensées. Elle a peut-être déjà en tête ce qu’elle racontera de retour à la maison. La fillette originaire de Chaponnay, dans le Rhône, évoque la colo et ses vertus. « Moi, j’adore les veillées. Et le spectacle qu’on va faire. Et je m’en fous si tout le monde me regarde. » Désinhibée ou tout simplement à l’aise ? La réponse se trouve sans doute dans le fait que toutes les individualités, ces gamins singuliers, ont incontestablement formé un collectif créatif.

Qu’on soit craintif comme Matthias ou sereine comme Pauline, les enfants s’aident les uns et les autres, à affronter leur trac.  ©Éric Raz/CCAS

En fin d’après-midi, à l’approche de la répétition dans la salle d’activités bouillonnante, l’osmose est évidente dans le groupe. Certes il y a les rêveurs, les attentistes et les timorés, comme Matthias, plus du tout décidé à incarner ce Monsieur Loyal qu’il a si bien répété. Mais il émane une vraie solidarité : non, Matthias n’est pas tout seul face à ses peurs ! C’est exhorté chaleureusement par ses camarades qu’il finira par rejoindre la scène. Et par lancer leur création.

Avec, à la baguette, Lou le Clown, clown facétieux mais pas grimé. Plus tôt dans l’après-midi, celle qui « adore raconter des histoires et surtout les inventer, pour changer les choses pour de faux » a fait cette confidence : « Oui, on fait ce qu’on veut quand on est un personnage. Mais je préfère quand même rire et faire rire sans maquillage et sans masque. Parce que je suis moi-même. » Avec ou sans fard, déguisés ou pas, c’est bien leur personnalité que les enfants ont révélée à Saint-Hilaire-du-Rosier.