Nos coups de cœur | La lecture sonore, ou le « besoin d’écouter de beaux textes »

Nos coups de cœur | La lecture sonore, ou le "besoin d’écouter de beaux textes" | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 92366 Les livreurs

La compagnie Les Livreurs propose des lectures à haute voix de textes littéraires. ©Les livreurs

« Don Quichotte », « l’Odyssée », « Signé poète X » : des grands classiques de la littérature aux textes contemporains, la compagnie de lecteurs sonores Les Livreurs permet à un large public d’aborder les livres autrement. Entretien avec Bernhard Engel, fondateur du collectif.



Les Livreurs, lecteurs sonores

Les Livreurs proposent de véritables spectacles vivants où le public découvre ou redécouvre la littérature par l’écoute en se créant ses propres images mentales, accédant ainsi à une autre facette de la lecture.

À retrouver dans les villages vacances cet été.


Qu’apporte la lecture à voix haute par rapport à la lecture silencieuse ?

Cette pratique a véritablement évolué au fil du temps. Au départ, la lecture à voix haute existait parce que la majorité des gens ne savait pas lire. Jusqu’à la fin de l’Empire romain, lire silencieusement était honteux et égoïste, on n’avait pas le droit de le faire. La lecture à voix haute a perduré, elle a été très prospère au XIXe siècle où il existait des manuels de lecture à voix haute.

Puis, dans les années 1970, il y a aussi eu une mode de la lecture neutre, dite « à plat », pour ne pas donner d’intention, parce que le public devait se créer sa propre intention. Il y a ensuite eu un temps mort dans la lecture en public que je situerais entre les années 1970 et 2000.

Désormais la pratique est revenue au goût du jour, premièrement parce que les gens lisent moins de romans : ils ne savent pas toujours quoi lire car ils ne savent pas toujours ce que contiennent les livres. Les médias nous présentent certes les auteurs, mais même dans les émissions télévisées, il y a très rarement de lectures à voix haute, alors qu’avec la musique ou le cinéma un extrait est systématiquement proposé. Les lecteurs à voix haute répondent à un vrai besoin d’écouter de beaux textes, des phrases bien construites.

Votre but n’est-il pas aussi de rendre les œuvres plus accessibles ?

En partie, oui. Je m’en suis rendu compte avec les œuvres de Marcel Proust notamment. À l’issue des lectures, parfois des auditeurs m’ont dit : « Ah d’accord, ça sonne comme cela. Parce que quand je le lisais, je ne me rendais pas compte de la musique. À présent, quand je rentre dans le livre, je peux lire avec cette musique, ce rythme, et les phrases me semblent moins longues qu’avant. » On lit beaucoup avec les yeux, pas toujours en essayant d’entendre le texte, son rythme, sa musique. Le lecteur à voix haute souligne l’aspect musical d’un texte.

Combien de temps dure une lecture à voix haute ?

C’est vraiment très variable. Comme dans toute pratique, c’est aussi affaire d’entraînement. Il y a quelques années, nous avons fait une expérience avec des jeunes de quartiers dits difficiles, auxquels nous proposions tous les mois une lecture au petit théâtre de la Comédie-Française. La première fois, ils n’arrivaient pas à écouter pendant plus de cinq minutes. Peu à peu, ils se sont habitués et à la fin ils écoutaient avec plaisir des textes d’une heure et plus. Bien sûr, le texte et le lecteur doivent être bons…

Tous les textes se prêtent-ils à l’oralité ?

Tous les bons textes se prêtent à la lecture à voix haute parce qu’ils sont généralement construits sur une invention langagière qui marche avec l’oreille. Les mauvais peuvent aussi « fonctionner » si le lecteur à voix haute essaie de les améliorer par son interprétation.


mediatheque

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