Les représentants des Pays d’outre-mer (1) ont rencontré les élus et professionnels des Activités Sociales, le 27 janvier 2016 à Montreuil (Seine-Saint-Denis), pour faire le point sur le fonctionnement de la Camieg et sur la mise en œuvre de l’action sanitaire et sociale.
La question de la délivrance des prestations de santé et des relations avec la Camieg étaient au cœur de la réunion qui a rassemblé au siège de la CCAS les représentants des Pays d’outre-mer (POM), le président et le directeur de la Camieg ainsi que la direction santé et action sanitaire et sociale (ASS) de la CCAS.
Avec pas moins de cinq représentants, les membres de la délégation de Mayotte, entrée il y a seulement 18 mois dans la famille des Activités Sociales (voir notre article), étaient particulièrement demandeurs d’informations sur les différents dispositifs existants. « Qu’est-ce que les emplois partagés ? », s’enquiert l’un deux. « Ce sont des emplois financés pour moitié par la CMCAS et pour moitié par la Camieg. Ce sont des salariés des entreprises de la branche mis à disposition des CMCAS », répond Bruno Negroni, directeur de la Caisse maladie des IEG. Des emplois partagés, il en existe aujourd’hui douze sur l’ensemble des six POM. « Nous souhaitons en mettre également un à Mayotte », assure Patrick Guillot, président de la Camieg. Des moyens humains, mais aussi des formations et de l’information, voilà ce qui manque aujourd’hui à nos collègues mahorais en matière de santé et d’ASS. « On ne connaît rien des ASS », constate Ali Rastami, président de la CMCAS Mayotte. Tout cela prend évidemment du temps. Mais Bruno Negroni annonce déjà qu’un responsable antenne Camieg a été désigné pour Mayotte (2) et tient à rassurer la délégation : « On va faire en sorte que l’ensemble des salariés soient affiliés. »
Quelle solution pour Saint-Pierre-et-Miquelon ?
A Saint-Pierre-et-Miquelon (120 bénéficiaires), la santé est un sujet particulièrement sensible, comme le prouve le débat lancé par Gino Bonnieul, président de la CMCAS. « Je souhaiterais que quelqu’un de la Camieg vienne chez nous pour constater les difficultés et trouver des solutions. Aujourd’hui, la situation est devenue insupportable. Nous avons atteint un point de rupture. La CMCAS n’est plus en mesure de s’occuper de ses ressortissants. » De fait, c’est le président lui-même qui, bien que non détaché de son entreprise, doit s’occuper des remboursements des agents et de leurs familles. Son appel à l’aide est soutenu par les délégations guyanaises et réunionnaises. « Il n’y a pas de carte vitale à Saint-Pierre-et-Miquelon », s’insurge Micheline Antoinette, chef de service de la CMCAS Guyane. « Il faut que quelqu’un se déplace pour soulager Gino. Ou bien il faut faire une convention pour un emploi partagé. Gino est en train de remplir la mission de la Camieg », plaide-t-elle.
Pourquoi une telle situation ? « Les électriciens et gaziers de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas dans le fichier Camieg, explique Bruno Negroni. Des problèmes de rattachement au fichiers du régime général compliquent la situation. » Ce qui n’est pas le cas de nos collègues des autres POM. Pour régler le problème, il faudrait que les textes réglementaires évoluent. « La Camieg intervient après intervention du régime général dans la métropole et les DOM. » Or Saint-Pierre-et-Miquelon n’est pas un département mais une collectivité territoriale d’outre mer. « La solution serait de transférer la mission à la SPM (3) », avance Patrick Guillot qui insiste par ailleurs sur l’importance pour les POM des emplois partagés et sur la nécessité de renouveler les conventions triennales qui les régissent. Un travail est en cours avec la MACIF Mutualité à laquelle est rattachée la SPM.
Des améliorations…
Dans les autres POM, la situation des affiliés est moins problématique. « J’étais le premier à dénoncer le fonctionnement de la Camieg il y a quelques années. Aujourd’hui, ça fonctionne bien », se félicite le président de la CMCAS Guadeloupe Christian Judith.
« La venue chez nous du responsable antenne a permis de régler beaucoup de problèmes, de donner des informations. » Un souci tout de même : le financement des déplacements sur les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, dont les bénéficiaires sont rattachés à la Guadeloupe. « Il nous faut un budget pour aller dans ces îles », affirme Christian Judith. « Nous allons organiser un déplacement avec le responsable d’antenne », répond Patrick Guillot. « Et on prendra en charge les frais de déplacement de l’emploi partagé si nécessaire », ajoute Bruno Negroni. D’une manière générale, « il faut que les responsables d’antennes viennent une fois par an dans les POM pour consolider les liens et analyser les problématiques », reprend le président de la Camieg.
… et des problèmes à régler
A la Martinique, les actions de prévention 2015 se sont bien déroulées, affirme le président de la CMCAS Léandre Guillaume. En matière d’Action Sanitaire et Sociale et d’évaluation des situations de dépendance, « nous n’avons pas de problème à signaler. » C’est dans le domaine du soutien scolaire qu’il faudrait intervenir. A la Martinique (comme à la Guadeloupe), Domicours (l’organisme qui dispense les cours) « est plus cher » que d’autres prestataires. Léandre Guillaume souhaiterait que Domicours ne soit plus le seul prestataire donnant droit à des tarifs avantageux. Mais son souhait ne semble pas avoir été entendu. « L’an dernier, on nous a répondu que c’était Domicours ou rien. »
En Guyane, la question des évacuations sanitaires reste problématique. « On doit avancer les frais de transport et faire signer des reconnaissances de dette », regrette Micheline Antoinette, chef de service de la CMCAS. Même constat à la Réunion, où l’ancien président de la CMCAS, Marius Fontaine, pointe les délais de « règlement entre la Camieg et le prestataire. » D’autre part, « les délais de mise à jour et de renouvellement de la carte vitale ne se sont pas vraiment améliorés. » Au niveau des évaluations (des personnes dépendantes), Micheline Antoinette observe qu’il n’y a toujours pas de structure. « On a besoin de soutien et d’un bon accompagnement. »
Patrick Guillot insiste sur l’enjeu essentiel que représente la prévention et l’éducation à la santé. « En 2015 c’est plus de 15000 électriciens et gaziers qui sont passés dans plus de 500 actions de prévention sur le territoire national. » Maintenant, « il nous faut des outils et un budget pour aller plus loin dans les POM sur ces questions. C’est un chemin long et difficile, mais fondamental et essentiel pour une égalité de traitement. »
(1) Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon
(2) Chaque POM dispose d’un responsable antenne Camieg, référent basé en France continentale.
(3) La SPM est la mutuelle de Saint-Pierre et Miquelon
Tags: Camieg