Comestible ou non ? En ce début d’automne, la question passionne les amateurs de champignons. Mais pas que. Aspect, texture, couleur… les vacanciers du séjour à thème Mycologie et découverte des cépages alsaciens, à Kaysersberg, ont appris à mieux les connaître aux côtés de spécialistes. Et ont pu échanger avec un administrateur de la CCAS sur l’avenir de ces séjours.
« Heureusement qu’il fallait ramasser tous les champignons. Car s’il avait fallu ne cueillir que les comestibles, je n’aurais rien ramené », dit en rigolant Myriam Pépin, bénéficiaire de la CMCAS Languedoc, en montrant son panier rempli. Avec son accent du Sud, elle distille un peu de soleil dans cet après-midi maussade. Après des mois de sécheresse, le temps est à la pluie en Alsace… et c’est tant mieux pour les champignons.
Pour Myriam et la dizaine d’autres participants au séjour à thème Mycologie et découverte des cépages alsaciens, organisé au centre de vacances de Kaysersberg, l’après-déjeuner est consacré à la cueillette. C’est au col du Linge, tout près d’Orbey (Haut-Rhin), sur ce bout de terre vosgienne âprement disputée en 1915 entre les Français et les Allemands, que les mycophiles font leur marché. Et la récolte est abondante.
Des cèpes, des bolets, des amanites tue-mouches, des girolles… des très gros et des tout petits, d’autres à la forme bizarre et aux couleurs improbables. Chacun a rapporté des trésors ; de beaux spécimens qu’il convient maintenant d’identifier. En y regardant de plus près, certains sont bien loin de l’idée que les novices se font du champignon.
S’exercer à distinguer les espèces
L’ambition de ce séjour à thème : connaître les clés de détermination des champignons, autrement dit, savoir les classifier pour mieux les différencier. Pas si aisé… Aucune inquiétude, trois experts accompagnent les bénéficiaires : Jean-Pierre Chevrolet, de la Sciété mycologique du Territoire de Belfort, Jean Regazzoni de la Société de mycologie de Baume-les-Dames, et Daniel Bour, agent retraité des Industries électriques et gazières, qui encadre bénévolement le séjour à thème. Ce dernier, adepte du Par et Pour les agents – il a encadré les colos durant dix-huit ans – est d’ailleurs à l’origine de la création de ce séjour il y a dix ans.
Le matin même, les experts ont expliqué les grandes caractéristiques des champignons et délivré les principes de base et des conseils pour les reconnaître. « Le nom savant des champignons est en latin et se compose de deux termes : le nom du genre (comme un nom de famille) suivi de celui de l’espèce (comme un prénom). Chaque genre, une centaine environ, comprend un nombre variable d’espèces », a précisé Jean-Pierre Chevrolet. C’est dire la complexité du sujet…
Quelques spécimens (de g. à dr.) : « Macrolepiota brunneum » (toxique), « Paxillus atrotomentosus » (comestible mais peu goûteux), « Clathrus archeri » ou champignon pieuvre (non comestible en raison de son odeur) et « Cantharellus tubaeformis » ou chanterelle en tube (comestible), et gros plan d’un champignon avec ses lames, lamelles et lamellules.
Myriam Pépin tente d’identifier un beau spécimen blanc au chapeau doré, suivant à la lettre les indications et les astuces données par les experts. On procède par étape et déduction. « Le champignon n’a pas de volve [l’enveloppe, visible ou non, qui entoure le pied, ndlr] ni d’anneau : ce sont les premiers critères, explique-t-elle, poursuivant son analyse. Son pied est bien attaché au centre, observe l’intéressée. Il se casse net comme de la craie ou il est filandreux, hésite-t-elle. Peut-être un lactaire ou une russule ? »
Il convient de pousser l’investigation plus loin et d’examiner attentivement le dessous du chapeau, à savoir les lamelles : leur aspect, leur texture et leur couleur. « La forme des lames est un caractère distinctif pour déterminer le genre du champignon », rappelle Jean-Pierre Chevrolet, mycologue. Ouh là là, ça se complique !
« Effectivement, ce n’est pas facile, la rassure Jean Regazzoni. Il faut au moins quinze ans d’étude pour commencer à comprendre les champignons. » Michel Molhant (CMCAS Thionville) présente ses trouvailles, ramassées au bord d’un chemin : un « Paxillus involutus », un magnifique spécimen en entonnoir – beau mais mortel –, et un « Clathrus archeri », dont l’aspect fait penser à un corail rouge et blanc, reconnaissable entre tous à l’odeur pestilentielle qu’il dégage.
Responsable préparateur méthode au CNPE de Cattenom, en Lorraine, cet amoureux de la nature dont c’est le premier séjour à thème, est venu pour « mieux connaître les grandes variétés, savoir ce qu’il peut consommer et ce qu’il doit laisser ».
La passion des séjours à thème
Sébastien Duvey, agent entretien réseau à la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), bénéficiaire de la CMCAS Paris, est un adepte des séjours à thème : moto, coutellerie, mycologie… La formule lui convient à merveille puisqu’elle « cumule la découverte d’une activité et d’une région, et puis la rencontre de nouvelles personnes, avec en plus une bonne ambiance en général : les vacances idéales ».
Martine et Marc Schwarz (CMCAS Strasbourg-Sélestat) approuvent également le concept du séjour à thème basé sur l’initiation, appréciant la qualité et le haut niveau des intervenants. Et même s’il y a beaucoup d’infos à retenir, la documentation permettra de pouvoir mettre en application leur enseignement sur le terrain. Sans oublier la découverte des cépages alsaciens qui n’est pas non plus pour leur déplaire.
Un invité surprise s’est glissé dans le groupe. Venu en voisin des Vosges, Sébastien Germain, administrateur de la CCAS et président de la Commission vacances adultes et familles, rend visite aux participants. L’opportunité de voir comment se déroule in situ un séjour à thème, de vivre les activités aux côtés des bénéficiaires, de discuter avec eux afin de connaître leurs motivations, leurs envies mais aussi de recueillir leurs doléances.
« Dans le cadre de la refonte globale de l’offre vacances, la CCAS entame une réflexion sur ces séjours spécifiques visant à les faire évoluer », indique le jeune élu, qui présida également la CMCAS Lorraine Sud Haute-Marne. Quoi qu’il en soit, les Activités Sociales s’attachent à continuer de proposer des contenus de séjours intéressants, tout en s’appuyant sur le savoir-faire des agents bénévoles qui les encadrent.
L’occasion rêvée pour François Pépin, retraité, ancien expert qualité management à EDF-GDF Montpellier (CMCAS Languedoc), d’échanger avec l’élu de la CCAS. C’est en participant à un séjour sportif Initiation au golf, à Pleaux (Cantal) en 2011, que François et Myriam sont devenus fanas de ce sport. « Nous cherchions une activité sportive à pratiquer ensemble. Moi, j’adore le bateau et la pêche en mer, Myriam pas trop ! Mais on a bien accrochés avec le golf », raconte François.
Le couple enchaîne ensuite différents séjours Passion. « Une activité durant une semaine avec un programme bien défini et des intervenants de qualité, le top, pas un truc au rabais », juge l’agent. Soucieux de partager cette passion, François commence à son tour à encadrer des séjours golf, en 2015, au Cap d’Agde, dans l’Hérault. Une bien jolie histoire.
Et qui sait, si, un jour, vous avez envie de vous initier au golf dans le cadre d’un séjour CCAS au Cap d’Agde, vous y rencontrerez peut-être François. Demandez-lui de pousser la chansonnette : il interprète à merveille Brassens et Ferrat.