À Andernos-les-Bains, le bonheur retrouvé des enfants palestiniens et sahraouis

Jeux des petits. Inas, Saharouie. Accueil d'enfants sahraouis et palestiniens à la colo d'Andernos-les-Bains, juillet 2023, CCAS.

Dans l’espace dédié aux 9-11 ans, huit jeunes Sahraouis se mêlent sans difficulté au groupe pour partager des moments de joie et de bonheur intense. ©Agnès Dherbeys/CCAS

Grâce à la CCAS et à la CMCAS Gironde, 14 jeunes Palestiniens et Sahraouis, originaires des camps de réfugiés de Naplouse, Ramallah ou Tindouf, sont partis deux semaines en colo à Andernos-les-Bains. Une parenthèse en inclusion totale et à mille lieues de leur vie éprouvante.

« Peu importe d’où l’on vient… ‘Mich moheme, Mich moheme’… On partage ce refrain… ‘Mine Wène Jahine’ ! » D’entrée, le ton de la colo franco-palestinienne organisée par la CCAS du 12 au 28 juillet à Andernos-les-Bains (Gironde) est donné. Depuis cinq jours, Zélie, Emma, Pauline, Mathilda, Lily et leurs nouvelles « sœurs » palestiniennes Mariana et Ghina répètent la chanson qu’elles ont composée en français et en arabe dans le cadre de l’atelier Art Academy.

« Je m’appelle Mariana, je viens de Naplouse, je suis avec Ghina, posées sur la pelouse… » Accompagnées d’Emma, Zélie, Pauline, Lily et Mathilda, les jeunes Palestiniennes ont interprété leur chanson lors de la soirée de clôture du séjour. ©Agnès Dherbeys/CCAS

Avec la musique comme langage universel, un nouveau groupe de rap féminin est né, rapprochant des ados qu’apparemment tout sépare. La vie des jeunes Françaises de Bordeaux, Bergerac ou Montpellier n’a rien de comparable avec celle de leurs camarades de Cisjordanie, qu’elles grandissent dans le camp New Askar, à Naplouse, comme 7 000 enfants, ou dans le camp d’Al-Amari, au sud de Ramallah, où 10 000 Palestiniens s’entassent sur 1 km² selon l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.

« Les enfants n’oublieront jamais ce qu’ils sont en train de vivre. On peut difficilement s’imaginer ce qu’ils peuvent ressentir au fond d’eux-mêmes. »
Mojahed Darassi, accompagnateur-traducteur, référent du séjour franco-palestinien pour la FSGT.

Entièrement dévoué à la cause, Mojahed Darassi, accompagnateur du séjour franco-palestinien et traducteur, aide tout le monde sur le centre à se comprendre. Assis à la fraîche avec Mohammed, Helmi et Abel, sa disponibilité n’a d’égale que sa gentillesse. ©Agnès Dherbeys/CCAS

Victimes d’un conflit qui n’en finit pas, les 8 jeunes Palestiniens (4 garçons et 4 filles) sont accueillis à Andernos-les-Bains dans le cadre d’une convention passée entre les Activités Sociales et la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), engagée dans des relations de coopération avec la Palestine depuis quarante ans.

Entre les enfants, le courant passe et des liens se tissent. « Au début du séjour, c’était un peu difficile de communiquer, reconnaissent Mathilda et Pauline, qui partagent leur chambre avec Mariana et Ghina. Mais on a vite trouvé le moyen de se parler et de se comprendre. En faisant des efforts des deux côtés, parce qu’on en avait envie. Avec des gestes, en utilisant des références communes ou en allant sur les réseaux sociaux. Et puis avec Google Traduction, c’est plus facile… »

« Une expérience à vivre »

Les activités ne manquent pas sur le centre d’Andernos-les-Bains pour les 76 jeunes en vacances mi-juillet, parmi lesquels six enfants Sahraouis fans de balançoire. ©Agnès Dherbeys/CCAS

Comme ses copines de colo, Zélie ne savait pas qu’en arrivant à Andernos elle séjournerait avec des jeunes Palestiniens de son âge. Du haut de ses 12 ans, la jeune Bordelaise mesure sa chance : « C’est une expérience à vivre. Je ne connaissais rien de la Palestine, mais grâce à Rafif, j’ai appris plein de mots en arabe. En plus, elle fait super bien les tresses africaines ! Elle est ultra-douce. On partage de super bons moments ensemble, comme le soir du 14 juillet, ou quand on a fait un « troc patate » dans les commerces du centre-ville. »

« À travers l’accueil d’enfants pendant les vacances et les différentes Rencontres culturelles que nous organisons sur notre territoire tout au long de l’année, notre volonté est de partager et faire reconnaître la cause des Sahraouis à nos bénéficiaires. »
Audrey Fornies, présidente de la CMCAS Gironde

Venus à la rencontre des enfants et accompagnants de la colo, des élus et professionnels de Activités Sociales, avec notamment Audrey Fornies, présidente de la CMCAS Gironde, Claude Pommery, président de la CCAS et Rémi Soler, trésorier de la CMCAS Agen. ©Agnès Dherbeys/CCAS

De passage à la colo d’Andernos le 19 juillet, les élus des Activités Sociales, dont Claude Pommery, président de la CCAS, Audrey Fornies, présidente de la CMCAS Gironde, et Rémi Soler, trésorier de la CMCAS Agen, se sont réjouis de l’ambiance qui règne dans ce séjour, 100 % inclusif : « Le mélange des cultures, la découverte de l’autre, la mixité font partie de notre ADN, rappelle le président de la CCAS. Cette colo est un acte de solidarité, qui permet d’aborder la question israélo-palestinienne de façon directe, en donnant la possibilité à des jeunes, dont le territoire est spolié et les droits bafoués, de s’évader l’espace de quelques semaines. On se rend compte que la barrière de la langue n’en est pas une. »

« Pouvoir vivre en paix et en sécurité »

À table ! Pendant le brunch du 19 juillet, organisé en mode buffet sans contrainte d’horaire, il y en a eu pour tous les goûts… et à volonté ! ©Agnès Dherbeys/CCAS

Mojahed, accompagnateur et traducteur, est toujours là pour faciliter le dialogue. Par exemple, entre Mohammed, originaire de Beit Sira, et les potes français que le jeune Palestinien s’est vite faits pour « créer sa bande ». Ou avec Abed, 16 ans, qui ne rêve lui que d’une seule chose : « Pouvoir vivre en paix et en sécurité dans [son pays] ».

En attendant, le jeune réfugié profite à fond de son premier voyage loin de ses deux frères et de sa sœur. Toujours souriant, Abed s’émerveille de tout : du voyage en avion, de la nature, des paysages, de la mer, du climat, des voitures… Sans parler du rugby, qu’il a découvert et pour lequel il possède le gabarit idéal.

Chef-cuisinier au grand cœur originaire de Ramallah, Abed, 16 ans, ne laisse personne indiffèrent sur le centre. Encore moins Arthur avec qui il partage la chambre. Check rouya ! ©Agnès Dherbeys/CCAS

« C’est magnifique. Je retrouve mon bonheur, comme dit la chanteuse libanaise Fayrouz. Il y a une très bonne ambiance, c’est ‘hot’ ! Les gens sont adorables. J’ai beaucoup de respect envers tout le monde. » En remerciement, ce jeune chef cuisinier leur réserve à tous une belle surprise pour dimanche : une maklouba (du riz renversé aux aubergines), qu’il va cuisiner pour 100 personnes !

« Tous les enfants rêvent de sortir, surtout que l’exil dans les camps de réfugiés est difficile en ce moment, car il fait excessivement chaud dans le désert algérien. »
Nina Mohammed Salem, accompagnatrice, sage-femme dans un dispensaire du campement Al-Mahbès, où sont concentrés 9 000 réfugiés sahraouis.

Nina Mohamed Salem, sage-femme au service de maternité et soins infantiles à Mahbès, revient pour la 7e fois en Gironde, avec une foi toujours intacte dans la destinée du Sahara occidental. ©Agnès Dherbeys/CCAS

Parmi les convives invités à la table d’Abed, 6 enfants sahraouis, 2 filles et 4 garçons, âgés de 8 à 11 ans. Gaymula, Inas, Hamdi, Gali, Azedine et Yagub, accompagnés de Nina, passent six semaines en France à l’invitation de la CMCAS Gironde, dévouée à la cause du Sahara occidental depuis 2010.

Arrivés le 4 juillet de Tindouf, où l’Algérie accueille les réfugiés sahraouis dans cinq camps, les enfants sont d’abord passés par Bordeaux, Lacanau et Arès (Gironde), avant de rejoindre la colo d’Andernos, où eux aussi vivent désormais en parfaite harmonie avec les jeunes de leur âge. Orphelins, leurs pères étant morts au combat, les petits Sahraouis découvrent pour la première fois la plage, l’océan et… la piscine. « Ils jouent, ils rient, ils s’amusent… Ils sont des enfants avant tout, rappelle Nina, leur accompagnatrice. Ici, on s’occupe bien d’eux : ils peuvent voir un médecin, consulter un ophtalmo, aller chez le dentiste ou passer des examens… » Comme Inas, au petit cœur fragile, qui profitera de son séjour pour se faire soigner. En espérant vite guérir… Inchallah !

Jeux des petits. Inas, Saharouie. Accueil d'enfants sahraouis et palestiniens à la colo d'Andernos-les-Bains, juillet 2023, CCAS.

Même si les problèmes de santé dont elle souffre ne la freinent pas dans son élan, la petite Inas, jeune Sahraouie, profitera de son séjour en France pour passer des examens et se faire soigner. ©Agnès Dherbeys/CCAS

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