Après la tempête Alex : reconstruire la vallée, durablement

Après la tempête Alex : reconstruire la vallée, durablement | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 97460 Saint

La violence des crues a entraîné la mort de six personnes et causé d’énormes dégâts dans la région. ©Joseph Marando/CCAS

Reportage dans les vallées reculées des Alpes-Maritimes, aux côtés des équipes d’EDF et d’ENEDIS, actuellement en première ligne pour redonner vie aux villages sinistrés et apporter un peu de chaleur aux habitants, durement éprouvés par la tempête Alex.

Trois semaines après avoir « vécu l’apocalypse », l’arrière-pays niçois se remet difficilement de ces deux jours de terreur où les pluies torrentielles ont tout emporté. Si l’électricité est rétablie, parfois de façon provisoire – dans les vallées de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée -, l’eau courante, elle, ne fonctionnera pas avant plusieurs mois. Du moins de façon permanente.

« Nous n’avions jamais vu ça »

À Saint-Dalmas-de-Tende, aux portes de la Vallée des Merveilles, c’est l’hécatombe. Routes défoncées, habitations démolies, cimetière emporté par les flots. « L’écœurement » (…) « Quant à l’eau courante, elle ne fonctionne qu’en fin de journée, entre 19 h et 22 h », s’indigne une habitante du village. Des conditions de vie drastiques pour cette bourgade de 2 000 habitants qui ont vécu l’enfer. Valérie Tomasini, conseillère départementale, confirme : « Je vis à Tende depuis 1955 … Nous n’avions jamais vu ça. Les gens sont extrêmement inquiets pour la suite. Nous nous sentons comme pris au piège ».

Voilà maintenant plusieurs jours que l’hôpital de Tende est privé d’eau potable. Pire encore, dépourvu de réseau d’assainissement, les eaux usées finissent dans la nature. « Quid des nappes phréatiques ? », s’interroge l’élue. « La question mérite d’être posée… ».

Les secours s’organisent

Heureusement, la solidarité existe ! Grâce aux services publics, l’aide s’active. De part le rail, les secours s’organisent. La ligne Nice-Cunéo, surnommée « ligne de vie » – en voie de disparition au nom du sacro saint principe de rentabilité – permet, au sol, de désenclaver le village.

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Venue en renfort avec son équipe, Soraya Tassa, cheffe de Pôle Énedis à la base opérationnelle de Montauban, s’enquiert auprès de Véronique Ludéni, vétérinaire, de ses besoins en électricité. ©Joseph Marando/CCAS

Les équipes EDF et Énedis s’affairent à réparer les dégâts, en arrivant par cohorte entière. « Nous travaillons actuellement sur des chantiers HTA (ligne haute-tension) pendant qu’une autre de nos équipes mène les premières investigations dans les zones escarpées », explique Soraya Tassa, cheffe de Pôle Enédis dans les Pyrénées-Orientales, en FIRE (Force d’Intervention Rapide Electricité) à Saint-Martin-Vésubie. Ici, près de 80 habitations ont disparu alors que la quasi-totalité des routes pour y accéder sont désormais englouties.

30 tonnes de déchets bloqués à Tende

Même constat du côté de Saint-Dalmas de Tende. Thibault Coce, agent d’exploitation hydraulique EDF, en intervention en haute montagne, confirme l’ampleur des dégâts : « Avant d’attaquer les réparations, une grande phase de nettoyage sera nécessaire ». Un problème de plus, puisque selon les élus locaux, plus de 30 tonnes de déchets seraient actuellement bloqués à Tende.

Réunies en assemblée plénière, les maires de la CARF, l’intercommunalité qui rassemble les communes du Mentonnais, de la Bévéra et de laRoya, ont de leur côté déposé une motion pour que leurs communes soient pris en charge. « Alors que l’État annonce la nomination d’un Préfet chargé de coordonner la reconstruction de la Roya, alors qu’une task-force d’acteurs publics de premier rang se met en place pour rassembler les moyens financiers et techniques adaptés à ce projet ambitieux et vital, il apparaît plus que jamais nécessaire que les populations puissent être étroitement associées à la définition du projet de territoire et de leur vallée ».

« Reconstruire une vallée qui aura su préserver son identité et où ses habitants pourront travailler en toute sérénité dans un environnement durablement préservé »

Les maires réclament, entre autres, que soit pris en charge « la maîtrise d’ouvrage de la conception de la renaissance de la Roya (…) Il s’agit de reconstruire aujourd’hui la vallée de demain, c’est-à-dire une vallée qui aura su préserver son identité et où ses habitants pourront travailler en toute sérénité dans un environnement durablement préservé ».

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Les pluies torrentielles ont tout emporté sur leur passage dans le lit de la Vésubie. ©Joseph Marando/CCAS

Car les questions fusent à l’heure de la reconstruction. « Qui sera aux commandes ? Qui distribuera l’argent », « Serons-nous traités de la même façon ? (…) Et non pas au détriment de tel ou tel territoire », s’interroge un habitant.

Emmanuel Macron a promis aux élus locaux – dont l’implication a été jugée exceptionnelle – que Paris ne les abandonnerait pas. « Nous allons mobiliser l’ensemble des services de l’État […], l’idée étant de reconstruire de manière résiliante et durable ». Il a d’ores et déjà annoncé qu’une première enveloppe de 100 millions d’euros serait débloquée par l’État, qui s’ajoutera aux 50 millions d’euros du Fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit fonds Barnier.

Saint-Martin-Vésubie, pionnière de l’éclairage public

Dès la fin du XIXe siècle, des pionniers se lancent dans l’aventure de l’hydroélectricité, avec des petites centrales fonctionnant au fil de l’eau ou sous des chutes de quelques mètres. Dans les Alpes-Maritimes, le plus célèbre d’entre eux fut Joseph Mottet – arrière grand-père du maire de Saint-Martin-Vésubie, Ivan Mottet – ferblantier de son état. À partir d’une génératrice à courant continu de 50 kW, qui alimentait son atelier et fonctionnait sous une hauteur de chute de 30 mètres, il eut l’idée de vendre son surplus d’énergie à la commune. C’est ainsi que Saint-Martin-Vésubie devint, en 1893, la deuxième commune rurale de France (après La Roche-sur-Foron en Haute-Savoie) à bénéficier d’un éclairage public fonctionnant à l’électricité. La même année, la ville de Nice installait ses premiers réverbères équipés de lampes à arc.

 

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