Hausse des prix, libéralisation du marché de l’électricité, réindustrialisation, place du nucléaire et des énergies renouvelables, avenir d’EDF : tour d’horizon des positions et propositions de six partis de gauche et de droite présentant des candidats aux élections européennes, invités le 14 mai dernier à débattre au Conseil national de l’énergie.
« Quelle politique énergétique pour un avenir durable ? » Ce mardi 14 mai, au Théâtre Traversière (Paris), six responsables politiques – quatre candidats au scrutin européen, deux non candidats – sont venus éclairer le débat sur ce sujet fondamental mais très peu abordé dans la campagne électorale en cours :
Antoine Armand, non candidat, député Renaissance de Haute-Savoie, rapporteur d’une commission d’enquête sur la souveraineté énergétique.
David Cormand, candidat, député européen Les Écologistes.
Nicolas Dainville, non candidat, maire Les Républicains de La Verrière, vice-président du conseil départemental des Yvelines.
Léon Deffontaines, candidat et tête de liste du Parti communiste français (PCF).
Marina Mesure, candidate, députée européenne La France insoumise (LFI), négociatrice française de la réforme du marché européen de l’électricité adoptée par le Parlement européen le 11 avril dernier.
Thomas Pellerin-Carlin, candidat, Place publique – Parti socialiste (PS), ancien directeur du Centre énergie de l’Institut Jacques Delors.
Ce dialogue à six voix, auquel le Rassemblement national n’était pas invité à participer, était organisé par le Conseil national de l’énergie, espace d’échanges et d’analyses créé en mai 2022 par les représentants des comités sociaux et économiques centraux (CSEC) d’EDF et Enedis.
En guise d’introduction au débat, Gwénaël Plagne, secrétaire du CSEC d’EDF, expose la problématique : « La fourniture d’électricité est devenue une activité de spéculation boursière comme les autres, alors que l’énergie est un bien vital pour le pays. » Le représentant syndical dénonce vingt ans de libéralisation du marché européen et ses conséquences : la hausse de la précarité énergétique.
En France, « 2023 a été l’année de tous les records » avec « plus d’un million d’interventions pour impayés » (coupure du courant ou limitation de puissance), déplore-t-il, appelant à défendre le service public de l’énergie face aux « appétits des fournisseurs de factures, autrement appelés fournisseurs alternatifs ».
Un récent rapport de la Cour des comptes évalue à 37,6 milliards d’euros en 2023 le coût pour l’État des mesures de soutien aux ménages (bouclier tarifaire principalement).
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Flambée des prix : à qui la faute ?
Pour Marina Mesure (LFI), c’est bien la libéralisation du marché européen qui a conduit à l’envolée des prix et la seule réponse à cela tient en quelques mots : le retour de la gestion publique du secteur de l’énergie.
Antoine Armand (Renaissance) défend au contraire les vertus de la concurrence dans la grande bataille à venir, celle de la décarbonation de la production d’électricité.
Quant à David Cormand (EELV), il insiste sur l’impact social causé, selon lui, par la fin inéluctable de l’énergie bon marché.
Comment faire face au défi de la décarbonation ?
L’Europe est face à un immense défi : augmenter sa production d’électricité décarbonée dans des proportions jamais atteintes jusqu’à présent, afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Pour cela, Léon Deffontaines (PCF) veut s’appuyer sur un grand programme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
Thomas Pellerin-Carlin (Place publique – PS) attire notre attention sur le retard du Vieux Continent en matière d’investissements dans le réseau électrique : il souhaite notamment les financer par un nouvel impôt sur les plus fortunés.
Nucléaire ou renouvelables : faut-il choisir ?
David Corman (EELV) et Antoine Armand (Renaissance) ont des visions radicalement opposées sur les sources d’énergie à privilégier.
Le premier doute sérieusement de la capacité du nucléaire à répondre à nos besoins tandis que le second raille les écologistes pour leur opposition systématique à l’atome.
Quant à Léon Desfontaines (PCF), il renvoie dos à dos socialistes, Verts et majorité présidentielle, qu’il accuse d’avoir saboté la filière.
Qui veut la peau d’EDF ?
Nicolas Dainville (LR) indique que son parti a soutenu EDF contre le projet Hercule. Il critique le système de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) issu de la loi Nome (nouvelle organisation du marché de l’électricité), votée en 2010, qui a contraint l’entreprise à revendre une partie de sa production à bas prix à ses concurrents, pourtant non producteurs d’électricité.