Eté 1936 : les nouveaux touristes arrivent

Une de "Regards" N°185

Une de la revue « Regards », juillet 1937

Plongée dans la presse quotidienne de juillet et août 1936. Les envoyés spéciaux enquêtent sur les premiers congés payés des Français. Direction Saint-Malo, Nice, la Belgique et… Roubaix-Tourcoing. 

Fin juillet, Jean Marèze interroge, pour « Paris Soir », les ouvriers textile de Roubaix-Tourcoing. Certaines femmes feront simplement leur ménage, tandis que leur mari bricolera. Tel autre ira « à la campagne du côté de Courtrai [Belgique], rejoindre son petit garçon qui est en colonie de vacances », tandis que ce « jeune gars aux longs muscles d’athlète » partira « en bande, à vélo, visiter les Ardennes ». Dans l’édition du lendemain, Jean Marèze décrit « l’exode vers la Belgique » de ces mêmes ouvriers, attirés par une parité favorable entre francs belge et français. Le journaliste visite le mont de l’Enclus, « l’endroit de prédilection des laborieuses populations de Roubaix et de Tourcoing ». « Les guinguettes, les auberges, les friteries y abondent », décrit-il. Rien ne manque : valses au son de l’accordéon, gaufres, glaces, verres de bière en terrasse…

Dans le train du plaisir

Le 5 août, « Le Figaro » publie un reportage depuis « le train de plaisir du Front populaire ». Sur « les rudes banquettes » de ce « premier convoi populaire dirigé sur Nice et la Côte d’Azur », Georges Ravon a voyagé pendant seize heures avec un « chauffeur de taxi qui n’avait jamais dépassé Rambouillet », « deux employés d’assurances », une infirmière et un fraiseur accompagné de sa femme et son fils. Rassuré, « Le Figaro » constate que « le train du Front populaire a déserté la lutte des classes ». Au début, « on a bien un peu parlé politique, réformes sociales et solidarité prolétarienne », mais, passé Melun, « on discuta pêche, excursion, tourisme ». Au petit matin, « une vaste clameur salue [l’]apparition » de Cassis. À Menton, Fréjus, Cannes, Juan-les-Pins, Antibes et Nice, les voyageurs descendent, accueillis par les militants communistes de l’Association touristique populaire de la Côte d’Azur.

Les vacanciers des « billets Lagrange »

Dans le « Petit Journal » du 17 août 1936, Henri Chauvin décrit la « rivière humaine » des vacanciers arrivés à Saint-Malo en train de Paris, qui dépareillent de l’habituel « contingent d’Anglais embarqué traditionnellement à Southampton ». Ces nouveaux touristes sont ceux des « vacances payées » et des « billets Lagrange », ce tarif ferroviaire créé pour permettre au plus grand nombre de voyager. « Il y en avait, parmi eux, qui venaient pour la première fois à la mer. […] Alors, ils voulaient ne pas en perdre une vague, ne pas en laisser inexploré un rocher », témoigne le journaliste. Les « demoiselles » enfilent leurs « maillots gaines » et les hommes laissent « pudiquement tomber, derrière un rocher, vestons, chemises et pantalons ». « Cela aura duré deux jours pleins », avant le retour à Paris car « un séjour prolongé à la mer coûte cher », conclut l’article…

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