Après quinze jours de grève, six syndicats ont signé le 15 avril dernier un accord avec le ministère des outre-mer portant notamment sur l’application du Code du travail et des conventions collectives à Mayotte. Mais « l’égalité réelle » avec les autres départements français, exigée par les Mahorais, n’est pas pour demain.
Il aura fallu quatre heures de négociations au ministère de l’outre mer, à Paris, pour parvenir à un accord avec les représentants de six syndicats (FSU, FO, CGT, FAEN, CFDT, Solidaires). Un document de deux pages dans lequel le ministère s’engage à inscrire dans la loi, au 1er janvier 2018, la mise en œuvre du Code du travail de droit commun. Et à « défendre [la] demande » de l’intersyndicale d’appliquer immédiatement les conventions collectives et les accords de branche conclus en métropole.
Les organisations syndicales ont également obtenu la reprise des discussions sur les reconstitutions de carrière pour les agents de la fonction publique, autre revendication importante du mouvement social entamé le 30 mars à Mayotte. Enfin, concernant le chapitre « droits sociaux », l’Etat s’engage à effectuer une analyse comparative entre Mayotte et la métropole en matière de « droit de la sécurité sociale » ainsi qu’une analyse de « l’impact de la mise en œuvre de la CMU. »
Des engagements, des analyses… Ce texte contient beaucoup de déclarations d’intention. « Ça commence toujours par ce genre de documents », modère Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT Mayotte et président de la Caisse de sécurité sociale de l’île. Considérant qu’ils ont été entendus, les syndicats, après consultation de leur base, ont décidé de suspendre la grève. Mais ils promettent de rester vigilants. « Nous allons veiller à ce que l’ensemble de ces mesures soient mises en application et que les engagements soient concrétisés. Le mouvement de grève peut reprendre à tout moment », prévient-il.
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La situation sociale reste très tendue, en effet, dans cette île de l’océan indien qui vient de fêter d’une manière originale (quinze jours de grève) les cinq ans de son accession au statut de département français. Minée par le chômage et la violence, Mayotte avait déjà connu une grève générale de 44 jours en 2011. Exactement comme en Guadeloupe, deux ans plus tôt, où un protocole d’accord « historique » avait mis fin au mouvement contre la « profitation.» Mais la plupart des engagements pris sur le papier par l’Etat et le patronat n’avaient pas été suivis d’effet (voir notre interview d’Elie Domota réalisée en 2012).
Le 17 avril dernier, deux jours après la signature de l’accord au ministère des outre-mer, Salim Nahouda, interrogé par la télévision locale Mayotte 1ère, déclarait : « Il faudrait que le Premier ministre ou un représentant du gouvernement s’affiche clairement pour dire ce qui va être appliqué à Mayotte et quand. » Or, le mercredi 20 avril, sur le site du ministère, aucune trace de communiqué mentionnant cet accord.
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