La réinsertion est dans le pré : bienvenue à la ferme de Moyembrie

La réinsertion est dans le pré : bienvenue à la ferme de Moyembrie | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 51764 Noemie Larose Binet a la ferme de Moyembrie

Noémie Larose-Binet marraine un projet de réinsertion par le travail avec la Fondation RTE. ©Didier Delaine/ CCAS

Agent RTE à Lille, Noémie Larose-Binet marraine l’un des projets de la Fondation RTE en milieu rural. Nous l’avons rencontrée à la ferme de Moyembrie, dans l’Aisne, à l’occasion de l’une de ses visites à cette structure de réinsertion.

À la mi-mai, la nature picarde s’est épanouie, généreuse. Dans les serres de la ferme de Moyembrie, sous un soleil de plomb, « tous les semis ont pris ». Un nouveau tracteur est arrivé, une salle a été entièrement restaurée… Christophe participe à cette effervescence. Responsable d’un cheptel de « 300 poules, soit entre 100 et 150 œufs chaque jour », il ne tarit pas d’éloges sur « les harcos, ses poulettes noires ». Pour les voir, il faut monter jusqu’au vaste grenier d’un des bâtiments. L’accueil est sonore. « Ici, c’est mon coin de paradis », avoue-t-il.

Christophe est l’un des dix-huit résidents de la ferme de Moyembrie, un établissement rural de réinsertion pour détenus en fin de peine, installé à Coucy-le-Château-Auffrique. Encadrés par huit salariés, ils vivent à la ferme, installée dans un vallon verdoyant et isolé de 22 hectares. Ils cultivent en plein champ et sous serres fruits et légumes ; élèvent des poules et des brebis ; réparent, construisent, retapent.

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Noémie Larose-Binet en compagnie de Simon Jacquart (à dr.), encadrant technique maraîchage, et Éric de Villeroché, président de l’association de la ferme de Moyembrie. ©Didier Delaine/ CCAS

Mais au final, module Éric de Villeroché, président de l’association de la ferme de Moyembrie, « l’objectif n’est pas de planter des salades ou des carottes ». Les résidents sont ici pour reprendre contact avec le monde de dehors : l’espace, les relations sociales, le travail et bientôt la liberté. Il n’y a pas de gardiens mais des veilleurs, pas de prisonniers mais des résidents, aucune barrière, seulement des limites. « Ils savent qu’au-delà c’est une évasion. Qui dit évasion, dit retour en prison », formule-t-il.

Favoriser la reprise des liens

On monte découvrir la toute nouvelle salle d’activités d’une soixantaine de mètres carrés et son escalier en bois massif, entièrement construits par les résidents. « Les sols, les fenêtres, les portes coupe-feu : tout est de la récup du déménagement de l’Ecole centrale en région parisienne », se remémore Simon Jacquart, encadrant. Le lieu servira de salle de sport, de salle de réunion et aussi pour l’accueil des familles le week-end. Comme l’explique Éric, il s’agit avant tout de favoriser la reprise des liens familiaux : « Accueillir ses enfants en leur montrant les animaux ou le fruit de son travail, ce n’est pas comme les accueillir au parloir. »

Maraîchage et élevage sont réalisés selon les principes de l’agriculture biologique.

« C’est très beau. L’équipe bâtiment peut être très fière de ce qu’elle a fait, renchérit Noémie Larose-Binet, attentive. J’ai l’impression qu’il va vous falloir des canapés ? » Elle pense déjà récup elle aussi. Éric le confirme : « Machines, toiture, assainissement… tous les investissements lourds n’existent que grâce aux fondations. » Comme ce tracteur rouge flambant neuf qui sillonne la ferme depuis quelques jours. Il a été acheté grâce à deux dons, dont un de 20 000 euros de la Fondation RTE.

Un projet qui a du sens

Nancéienne d’origine, lilloise d’adoption, Noémie, 39 ans, n’est pas là par hasard. Travaillant à la direction achats nord-est de RTE, elle a choisi de parrainer ce projet pour « son sens humain ». Elle ne le regrette pas. « J’ai rencontré des personnes qui m’ont touchée, j’ai tissé des liens rapidement et j’aime m’y m’impliquer. L’objectif est de créer des ponts entre RTE et la ferme, c’est ce que j’essaie de faire en venant dès que possible. » Une aide multiforme : récemment elle a pu récupérer des meubles dont RTE se séparait. Cette fois, elle repart avec des fromages de chèvre pour les distribuer sur son lieu de travail. Un moyen de faire connaître la ferme, son projet. « Les liens ne se tissent pas tout seuls. »

À voir, le film « À l’air libre », de Nicolas Ferran et de Samuel Gautier (2016), tourné à la ferme de Moyembrie.

À propos des repas et moments partagés sur place, elle évoque des « expériences enrichissantes ». Difficile de mettre des mots sur des émotions, avoue-t-elle, puis elle ajoute : « J’ai envie d’être utile. » Plus dans l’action que dans le discours, cette mère de trois enfants reconnaît qu’elle a sans doute « développé cette sensibilité particulière à travers son métier. J’achète des prestations de maintenance pour l’entretien du patrimoine RTE, en y insérant au maximum des critères sociaux et environnementaux ».

Prochaine étape pour cette généreuse marraine qui n’économise pas son temps : récupérer des véhicules RTE à l’occasion d’enchères et organiser une soirée théâtrale à la ferme avec la compagnie la Petite valise aux rêves. Elle organise une collecte sur HelloAsso pour le cachet de la compagnie. Un beau programme.


Un modèle qui tarde à essaimer

Créée en 1990 par Emmaüs, la ferme est désormais gérée par une association, membre du mouvement. Les résidents travaillent le matin et sont salariés (par la structure) en CDI à temps partiel. Ils consacrent leurs après-midi à des formalités essentielles à leur réinsertion (démarches administratives, recherche d’emploi, rendez-vous médicaux…).

En 2013, estimant que la ferme picarde avait largement démontré son efficacité (notamment parce que le coût d’une journée y est du tiers de celui des établissements pénitentiaires surpeuplés), Emmaüs France avait proposé au ministre de la Justice un plan pour créer dix structures de réinsertion du même type. Pour l’heure, seule la ferme d’Emmaüs Lespinassière, dans l’Aude, doit prochainement ouvrir ses portes.


En savoir plus

La collecte en ligne est ouverte à vos dons. En échange, une visite de la ferme et une entrée au spectacle, en fonction du montant.

Vous pouvez aussi acheter les produits de la ferme : fruits, légumes, viande, œufs, fromages, yaourts sont distribués en lien avec six associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Il existe un lieu de distribution hebdomadaire à Montreuil (93). Pour en savoir plus, contactez l’association Les Pirates de Moyembrie : amapmoyembrie@gmail.com.

Plus d’informations sur le projet : ogfm@hotmail.fr
17, rue de Moyembrie
02380 Coucy-le-Château-Auffrique

Retrouvez d’autres projets solidaires sur le site de la Fondation RTE

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1 Commentaire
  1. PULVIN 4 ans Il y a

    Je voudrais savoir si accueil paysan fonctionne avec la CCAS comme autrefois .Merci

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