La sculpture comme catharsis

La sculpture comme catharsis | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 28987 Sejour passion Sculpture et modelage Kaysersberg ete 2017

Séjour passion Sculpture et modelage – Kaysersberg été 2017. © Joseph Marando / CCAS

Certains l’avaient choisi pour s’initier aux bases du modelage, d’autres pour parfaire leur technique de sculpture. Quelle que fut leur motivation, les participants au séjour passion « Sculpture et modelage » organisé au début de l’été à Kaysersberg (Alsace) durant une semaine, sont repartis avec des souvenirs plein la tête et de bien jolies figurines.

Autour de la table, on s’affaire. On creuse, on lisse, on façonne, jusqu’à ce que le pain de terre glaise prenne forme. On soupire, on peste, on jure même. On pouffe de rire aussi et l’on bavarde beaucoup. Mais chacun des participants au séjour passion « sculpture et modelage » reste concentré sur son ouvrage. Il y a les plus aguerris qui, en un tournemain, parviennent à sourdre de l’argile les francs contours de leur sujet ; puis les novices, plus hésitants, qui peinent à donner une allure à la matière. « J’aime la création. Vous partez de rien et vous arrivez à tout », clame – optimiste ou experte – Monique Alin, ayant droit de 68 ans, venue de Aubagne. A l’aide d’une ustensile, elle polit un visage, « un Africain d’une tribu ancienne», déjà bien avancé. Faut dire que Monique a déjà quelques 30 ans de pratique. «  Mon premier modelage était la tête de mon fils, en 1984. Depuis je n’ai cessé de sculpter. Mais je fais régulièrement des stages, j’en retiens toujours quelque chose », raconte-t-elle.

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Monique Alin, ayant droit de 68 ans. © Joseph Marando / CCAS

Le plaisir d’apprendre

Sur la table, au milieu des outils, se profilent déjà quelques réalisations : masques, têtes, animaux… « Je leur ai proposé de travailler sur le thème de la résilience mais bon, ils font ce qu’ils veulent… », en rigole le sculpteur Fred Musy, animateur du séjour. « L’important c’est qu’ils s’éclatent, qu’ils parviennent à concrétiser ce qu’ils ont en tête. Je suis juste là pour les guider, les conseiller. Mais à eux de faire », prévient-il. Quoi qu’il en soit, Fred a su insuffler assez de confiance et de sérénité pour que chacun des participants puisse se laisser aller pour créer et se sente bien au sein du groupe.

C’est lors de ses vacances au centre CCAS de Boersch (Alsace) en 2010, que Tsui Ping Michel, 51 ans, ayant droit de Béziers, s’initie à la sculpture avec Fred. «Je suis venue revoir l’artiste » chuchote-t-elle, hilare, en fignolant son poisson. «Ce qu’il y a de bien avec l’argile c’est que l’on peut recommencer à l’infini », résume Tsui Ping, plutôt à l’aise dans cette discipline. « A Taïwan où j’ai grandi, on apprend aux enfants dès leur plus âge à dessiner. J’ai donc acquis des bases. Il se trouve que je sais bien dessiner. Surtout j’apprends vite», justifie-t-elle. Tsui Ping est une créatrice impulsive : « J’ai une main sûre : ce que j’ai dans ma tête j’arrive à le réaliser. Je suis à fond dans mon truc, je suis mon intuition tout simplement », enchaîne-t-elle.

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Tête modelée par Cendrine dans le cadre de l’atelier de modelage et de sculpture de terre animé par Frédéric Musy – artiste sculpteur et plasticien intervenant. © Joseph Marando / CCAS

S’autoriser à créer

Se faire confiance, laisser libre-cours à son imagination, se libérer et laisser s’échapper ce qu’on porte en soi reste l’un des objectifs de ce séjour artistique. Une évidence pour Cendrine Dubourgeat, 59 ans, retraitée de Grenoble qui, en sus de la sculpture, fait de la peinture à l’huile. Devant elle, s’alignent des petites têtes tantôt angelots tantôt diablotins, très expressifs. Elle peaufine un diable qui tire la langue. « J’aime tout ce qui touche à l’art. La création est comme une mise à nu ; c’est parfois difficile. Il y a toujours quelque chose de soi qui ressort, à son insu, dans ce que l’on crée », observe-t-elle. Développer sa fibre artistique pour se révéler. Cendrine en est convaincue. Elle qui recherche une forme d’équilibre dans la création, profite par ailleurs de l’émulation procurée par le groupe. « Ce sont les rencontres qui sont stimulantes, il y une énergie créatrice qui bénéficie à tous », assure-t-elle.

« C’est mon copain Philippe, agent aussi, qui m’a traîné ici», plaisante Bernard Chudzik, tout juste retraité de Bourg-en-Brest. Ancien mineur entré dans les IEG en 1993, Bernard – la bonne humeur incarnée -, participe à faire de ce séjour un moment très convivial. Ce premier séjour artistique remplit visiblement toutes ses attentes. Après des sujets animaliers – rhinocéros, éléphant -, Bernard modèle un diable, fortement inspiré des productions de Cendrine. « C’est un satyre façon Picasso. J’ai copié sur ma voisine», s’amuse-t-il. « On a toujours un don en soi, je crois, mais il suffit de savoir lequel », tranche Bernard, un brin philosophe.

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Animaux modelés par Cendrine Dubourgeat © Joseph Marando / CCAS

L’art comme thérapie

« La sculpture m’apaise », commente Philippe Glorian de Bourg-en-Bresse. Et cela se voit. Lui est aussi discret que son ami Bernard est prolixe. « On apprend la patience aussi. Mais avant tout, c’est un moment de liberté », ajoute Philippe, lissant consciencieusement un buste « Un général ! Je voulais quelqu’un avec du caractère, glisse-t-il. C’est mon premier visage. Fred m’a aidé bien sûr ». Opération réussie, les traits sûrs de son Général laissent poindre une personnalité affirmée. « Il me ressemble un peu non ? »

Comme Cendrine, Philippe apprécie l’ambiance à la fois studieuse et bon enfant du groupe. « J’adore travailler en collectif. Ici, j’ose faire des choses que je n’oserai pas par ailleurs. L’échange et le partage sont essentiels pour moi », précise-t-il.

« La sculpture m’a sauvée après mon accident vasculaire cérébral, ce fut une bonne rééducation », confie Claudine Pagès, 62 ans, ayant droit de Béziers, dans un accent ensoleillé. Elle achève un magnifique visage, « une vierge » aux traits très sensuels. Et sans modèle ! « Je la veux angélique et tendre. Je suis contente et fière car j’ai réussi à rendre ce visage vivant et expressif», s’émerveille-t-elle. « Sculpter finalement, c’est transmettre, faire dire à sa sculpture ce qu’on a au fond de soi. Et puis, c’est un plaisir – divin – de malaxer la terre. Je ne m’en lasse pas ! », lâche-t-elle en éclatant de rire.

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Claudine Pagès, 62 ans, ayant droit de Béziers. © Joseph Marando / CCAS

La communion avec la matière

« J’aime le contact avec la matière, cette douce sensation avec l’argile. Un peu comme avec le pastel »,

constate Fabienne Nicoloso, 54 ans, aide-soignante de Bar-Le-Duc dont c’est le tout premier séjour passion. «Une découverte complète pour moi. C’est chouette, ici on oublie tout, poursuit-elle. On est imprégnée de l’ambiance artistique. C’est tellement prenant que l’on ne voit pas le temps passer ».

Bientôt, les premières sculptures seront enfournées dans un four spécial pour cuire toute la nuit. Certaines risquent d’éclater sous la pression de la forte chaleur.

Un grand moment pour les artistes…

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Fabienne Nicoloso, 54 ans, aide-soignante et Frédéric Musy, animateur du séjour © Joseph Marando / CCAS

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