Qualité de vie au travail : paroles de bénéficiaires

Qualité de vie au travail : paroles de bénéficiaires | Journal des Activités Sociales de l'énergie | Capture video La qualité de vie au travail vue par des bénéficiaires de la CMCAS Poitiers

Extrait du film « QVT », réalisé par des bénéficiaires de la CMCAS Poitiers pour le festival Filmer le travail (https://youtu.be/43btc1fA5L8)

Devant et derrière la caméra, appréhender la question de la qualité de vie au travail et la problématique des contrats courts… C’est le pari mené par la CMCAS Poitiers avec trois générations de bénéficiaires, au cours d’ateliers d’initiation à l’image. Leur court-métrage a été diffusé lors du festival partenaire Filmer le travail, dont la 10e édition avait du 8 au 17 février.

Filmer le travail est un festival à la portée internationale et au succès grandissant emmené par l’association éponyme depuis dix ans. Partenaire de l’événement pour la quatrième fois, la CMCAS Poitiers a choisi de s’engager plus avant en devenant actrice de ce rendez-vous. L’aboutissement en est le court-métrage « QVT » (Qualité de vie au travail) – pensé et essentiellement réalisé par des bénéficiaires – projeté le 12 février, en ouverture du concours de films courts « Filme ton travail ».

Des hommes et femmes interchangeables ?

Un écran d’ordinateur à qui l’on prête vie, doué de parole, omniprésent dans la vie du salarié, rendu incontournable par les entreprises. Symbole de l’évolution de la vie professionnelle vers plus de dématérialisation des process et échanges, moins de relations directes, humaines.  Et des hommes et femmes interchangeables qui passent et ne restent pas.

À l’origine du projet il y a notamment Thierry Seigneur, trésorier général de la CMCAS Poitiers et agent Enedis. « L’idée d’organiser un atelier d’initiation à l’image en direction des bénéficiaires est née lors d’une réunion avec les partenaires du Festival, et notamment Isabelle Taveneau et Odile Ménedez-Bonito qui ont ensuite encadré le projet », explique celui qui, à titre amateur, apprécie « faire de l’image spontanée et monter des films ». L’engouement est immédiat : cinq bénéficiaires – étudiante, actifs, inactifs – participent activement à l’élaboration du court-métrage, entre mi-novembre et début janvier : travail d’écriture collectif, tournage, montage, post-production…

Donner à voir les difficultés au travail

Frédéric Sénéchal, chargé d’affaire de 46 ans chez GRDF est l’un des premiers à emboiter le pas. Pour la première séance de travail organisée un samedi, il arrive avec une idée précise de ce qu’il souhaite transmettre : « Totalement novice dans le domaine du cinéma, le thème m’a néanmoins tout de suite interpellé. J’avais envie de mettre en scène l’idée de l’ordinateur comme personnage à part entière. Que la caméra, le spectateur observent les travailleurs à travers le prisme de l’écran. Car son rôle est de plus en plus prégnant dans nos vies professionnelles, quoique presque contre-nature. Notre problématique n’est pas celle du travail à la chaîne mais bien d’une forme d’asservissement aux deux ou trois écrans qui nous font face, aux machines qu’en définitive le salarié semble devoir servir ».

Frédéric Sénéchal s’est si bien prêté au jeu qu’il a également accepté la proposition d’intégrer le jury du concours « Filme ton travail », organisé chaque année dans le cadre du festival. « Je serai attentif aux qualités techniques des films bien sûr, mais aussi aux émotions qu’ils transmettront, aux messages qu’ils véhiculeront ».


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Pour Manon Trinquet, fille d’agent qui vient de fêter ses 18 ans, participer à ce court métrage lui a fourni l’opportunité de « découvrir un domaine, celui de l’audiovisuel, du cinéma, que j’aimerais embrasser plus tard. J’ai pu rencontrer des gens du métier, me familiariser avec le matériel… Et surtout, appréhender un peu mieux ce qu’est le monde du travail, moi qui fais encore mes études ». La jeune-fille joue le rôle d’une intérimaire fraîchement embauchée dans l’entreprise, « simple pion » à la présence éphémère, au statut qui cristallise le désespoir de la précarité, aussi bien pour elle que pour les salariés permanents qui se doivent de la former, avant qu’elle ne parte vers d’autres missions.

Marie-Christine Typret, interprète également une intérimaire : « sauf que c’est ma réalité au quotidien. À près de 50 ans, et malgré une formation initiale en comptabilité et commerce internationale, je ne vis que de contrats courts, alimentaires. Participer à ce court-métrage m’a permis d’extérioriser la fatigue, le ressentiment, la colère que je ressens face à cette situation. Contre ceux aussi qui sont indifférents aux sort de ces travailleurs passagers, qui n’ont pas les mêmes droits que les autres parce qu’ils ne sont qu’intérimaires ». Pas facile de prendre des congés, « humiliant » lors d’entretiens répétés de devoir faire la preuve, encore et encore, de ses compétences, de ses expériences, de ses qualités… D’apprendre un nouveau métier, de nouvelles méthodes, d’être efficace et rentables en un temps record.

Quel avenir pour le bien-être au travail ?

« Pour moi qui ai dispensé ma carrière au service de médecine du travail d’une centrale nucléaire, et qui ai suivi des formations en ergonomie, explique Martine Monier, ce projet de mettre en image la Qualité de vie au travail me parlait. J’estime personnellement que le travail est source, de plus en plus, de stress, voire destructeur pour les personnes. On voit de plus en plus de salariés en situation d’isolement, dont les tâches ne favorisent pas l’épanouissement. Les jeunes peinent de plus en plus et nous sommes pieds et poings liés à ces nouveaux outils informatiques, nouvelles façons de travailler sur lesquelles il faut entamer une réflexion ». Aujourd’hui en inactivité de service, celle qui prête sa voix à l’ordinateur dans le court-métrage se dit « agréablement surprise par la qualité technique du résultat et le message véhiculé. Nous étions huit autour de la table, avec des aspirations, des envies diverses. Nous sommes parvenus à trouver un espace d’expression commun, et en un temps record. C’était intense et merveilleux ! »

« Mesurer l’impact de l’ordinateur sur les relations sociales au travail et dans la vie quotidienne »

Daniel Simon, ex-technicien à la distribution chez EDF à qui a incombé la prise de son, la rejoint dans ses réflexions. Habitué de la photo et de la caméra (il participe à la reconstitution filmique d’événements de la seconde Guerre Mondiale avec l’association MVCG) et particulièrement intéressé par les coulisses et aspects techniques du cinéma, il a « beaucoup appris de cette expérience menée en lien avec la CMCAS Poitiers et le Festival Filmer le travail ». Pour lui qui n’est « pas né avec l’ordinateur, explorer ce sujet contemporain permet de mener une réflexion nécessaire, à des fins de prise de conscience, et de mesurer de l’impact que cela a sur les relations sociales au travail et dans la vie quotidienne, puisqu’il y a une injonction à répondre immédiatement, y compris le soir, le week-end… »

Chacun s’accorde à dire que les Activités Sociales de l’énergie, par le truchement de la CCAS et de la CMCAS Poitiers, est particulièrement dans son rôle de vecteur en posant et en participant à ce débat. « C’était aussi l’occasion de faire connaître ce festival qui, bien qu’émanant de l’université de Poitiers, n’a rien d’élitiste au contraire ». Tous les acteurs de cette réussite sont enthousiastes : ils sont prêts à s’atteler à un projet de plus grande envergure pour, pourquoi pas, concourir au prix du meilleur court-métrage lors de la prochaine édition.


Infos pratiques

Qualité de vie au travail : paroles de bénéficiaires | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 64965 Affiche Festival Filmer le travail Poitiers 2019

10e Festival international Filmer le travail
Du 8 au 17 février en différents lieux de Poitiers.

Une édition ou l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui est notamment mise à l’honneur.

Voir le programme : projections, concours, rencontres et débats, conférences

Le partenariat avec la CMCAS Poitiers a permis l’obtention de tarifs avantageux pour les détenteurs de la Carte Activ’ :
20 euros le Pass pour l’ensemble du festival (contre 30 euros)
3 euros la séance au lieu de 5,5 euros.

Il suffit de présenter sa carte Activ !

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