Solihand : la solidarité, plus forte que le handicap

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Concert du groupe « Les UnsDifférents », samedi 4 septembre aux Mathes ©Charles Crié/CCAS

La deuxième édition de Solihand, festival organisé par la CMCAS La Rochelle, a réuni 80 à 90 bénéficiaires, les 4 et 5 septembre, au village vacances des Mathes, en Charente-Maritime. Principal objectif : faire évoluer notre regard sur le handicap.

Le public est debout. Grands sourires et regards pétillants. Smartphone au bout du bras, une jeune femme monte sur une table pour immortaliser l’instant. Au micro, Youri et Antoine se sentent pousser des ailes. Ils reprennent une énième fois le refrain de la chanson « Retrouver la vie » composée par le groupe à la fin du premier confinement. Derrière eux, Stéphane, le batteur, littéralement survolté, ne semble pas décidé à aller se coucher.

Cela faisait deux ans que Les Uns Différents ne s’étaient pas produits en public. Une éternité pour ce groupe amateur composé en majorité de personnes handicapées mentales, pour qui les concerts sont devenus un puissant vecteur d’épanouissement. « Ils se libèrent quand ils sont en contact avec des personnes différentes d’eux », explique Jean-Yves, le père de Stéphane, la voix mouillée par l’émotion. « La scène, ça les transcende », confirme Matthieu, fondateur du groupe et éducateur au sein de l’association Hubert-Pascal, basée à Nîmes.

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« Les Uns Différents » mettent le feu à la scène ©Charles Crié/CCAS

A 22 ans, malgré son handicap, Antoine rêve de suivre les pas de Jean-Jacques Goldman, son idole, dont il connaît le répertoire par cœur. Matthieu, lui, espère pouvoir créer à Nîmes un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) spécialisé dans les métiers de la musique. Mais son combat de tous les jours, c’est de faire en sorte « qu’on oublie le handicap ». En clair : « faire tomber les barrières » encore trop nombreuses qui séparent personnes handicapées et valides.

Initiation ludique à la langue des signes

Des barrières entre personnes valides et handicapées ? Ce n’est qu’à la toute fin du concert des UnsDifférents que Romane, 10 ans, s’est aperçue que certains musiciens étaient trisomiques, raconte sa mère, Marie, salariée à la CCAS (La Rochelle). « Ce concert était génial ! », confie-t-elle. « C’était touchant de voir leur bonheur d’être sur scène, leur cohésion. » « Ils étaient vraiment dans leur élément », confirme Florent, le compagnon de Marie, agent Enedis. Le couple a aussi apprécié le conte musical en langue des signes proposé dans l’après-midi par l’association bordelaise Les mains pour le dire, qui fait de la sensibilisation autour du handicap. « Nous voulons surtout permettre la mixité entre entendants et malentendants », précise Martine Benarous, présidente de l’association. Elle présentait aujourd’hui « Bébé lapin et le loup » en duo avec la musicienne et conteuse Laura Truant. Le spectacle était suivi d’une initiation ludique à la langue des signes : un joli ballet de mains auquel ont contribué Marie et son fils Raphaël, 6 ans.

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Marie, Florent et leurs enfants Raphaël et Romane ©Charles Crié/CCAS

Marie n’a pas de membres de sa famille ou d’amis proches handicapés. Mais en utilisatrice régulière des villages vacances CCAS, elle apprécie les séjours pluriels qui permettent aux adultes comme aux enfant de côtoyer des personnes en situation de handicap. Malgré cela, elle reconnaît qu’ »il y a souvent une gêne » quand on est en présence de ces personnes. « On n’ose pas toujours aller vers eux. » C’est pour tenter de briser la glace que les organisateurs de Solihand ont voulu faire de cet événement un moment festif « au-delà des préjugés et autour du vivre ensemble », comme le souligne Mathilde Canivet, présidente de la CMCAS La Rochelle.

Perte d’audition : parlons-en !

Autour de la magnifique piscine du village vacances des Mathes (Charente-Maritime), plusieurs stands ont été installés. Parmi eux, celui d’OP17, association d’orthophonistes de Charente-Maritime engagés dans la prévention des « pathologies de la communication » : troubles de l’articulation, bégaiement, dyslexie, trisomie, autisme, etc. « Nous faisons aussi de la prévention de la perte d’audition », insiste Fabienne Mania-Tessier, fondatrice de l’association. La presbyacousie (c’est son nom) demeure mal diagnostiquée malgré les graves conséquences sociales qu’elle peut occasionner. « On peut finir par s’isoler complètement », prévient l’orthophoniste. « Il existe pourtant des appareillages discrets et performants qui permettent par exemple de faciliter les conversations en réduisant les bruits ambiants. »

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Fabienne Mania-Tessier (à droite), présidente de l’association Orthophonie et prévention 17, prodigue de précieux conseils ©Charles Crié/CCAS

En matière de handicap, il y a encore bien des tabous. Notamment dans le domaine psychiatrique. La pandémie et le confinement n’ont rien arrangé. Depuis un an et demi, les alertes des professionnels de la santé se multiplient. Face à cette situation, l’Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et / ou handicapées psychiques), créée en 1963, accueille, écoute, soutient, forme, informe et accompagne l’entourage des personnes vivant avec ces troubles. « C’est une association que nous souhaitons soutenir », avance Sandrine Tenneroni, administratrice de la CMCAS La Rochelle. « Nous avons commencé à recenser les bénéficiaires qui ont besoin d’être aidés. »

Tirer à l’arc quand on est malvoyant, c’est possible

Un peu à l’écart du village des associations, Michel Armengol, référent tir à l’arc à la Fédération française handisport, partenaire des Activités Sociales, explique à Christine comment se positionner pour viser juste. L’agente EDF retraitée souffre de DMLA, première cause de malvoyance liée à l’âge. Ecoutant les conseils de Michel, elle pose la main sur le support métallique qui guide son bras gauche et s’assure que ses pieds sont bien en contact de la cale en bois… Dans le mille ! Dès le deuxième essai ! Christine est la première surprise : « c’est satisfaisant de voir que je peux tirer alors que je ne vois pas la cible », lâche-t-elle dans un sourire.

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Christine, retraitée d’EDF, malvoyante, s’essaye au tir à l’arc avec Michel Armengol, référent tir à l’arc à la Fédération française handisport ©Charles Crié/CCAS

Un festival réussi, c’est aussi des moments de partage autour d’un verre et d’un repas. Couscous, taboulé, gâteaux, salade de fruit… Planète Sésame, restaurant-traiteur qui favorise l’insertion professionnelle des femmes issues de l’immigration, a régalé les festivaliers pendant deux jours. « C’était un très beau week-end », conclut Didier Magnat, administrateur de la CMCAS et grand artisan de cette deuxième édition de Solihand. Son seul regret : que les bénéficiaires – moins de 100 au total – ne soient pas venus plus nombreux malgré une grande campagne de communication et des tarifs très attractifs.

 

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