Toulouse : « Dulces Suenos » ou les fantômes de Franco

Toulouse : "Dulces Suenos" ou les fantômes de Franco | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 81443 Carlos Aires Sweet Dreams are made of this 2016

« Sweet dreams (are made of this) », extrait du film de Carlos Aires, 2016. Courtesy Carlos Aires ©Adagp, Paris, 2019

L’exposition « Dulces Suenos », qui retrace un demi-siècle de création artistique espagnole, est à visiter au musée des Abattoirs de Toulouse jusqu’au 3 novembre. Avec la billetterie de la CCAS, l’entrée est à 4,50 euros au lieu de 8 euros.

Contrairement à ce que son titre laisse entendre, l’exposition Dulces Suenos (Doux rêves) n’a rien d’idyllique. Pour preuve, les deux œuvres inaugurales, à la fois étranges et inquiétantes : « Le sommeil de la raison engendre des monstres », de Goya, et « Songes et Mensonges de Franco », de Picasso. Réalisée en 1937, cette série de dessins agrémentée d’un poème préfigure « Guernica », tableau le plus célèbre du maître du cubisme.

Œuvre résolument engagée devenue symbole des luttes pacifistes, « Guernica » est une réponse de l’artiste au bombardement de cette ville du Pays basque opéré par les nazis avec le soutien tacite des franquistes. La première salle est ainsi consacrée au retour rocambolesque de ce tableau mythique en Espagne. Un épisode qui traduit les aspirations mais aussi les doutes de la nation après quarante ans de dictature.

« Guernica », sujet artistico-politique inépuisable

En 1969, Franco émet le souhait que soit rapatrié le tableau, dans une optique de réconciliation nationale. La réponse de Picasso est sans appel : pas tant que la démocratie n’aura pas été rétablie dans son pays natal. « Guernica » intègre finalement la collection du musée du Prado à Madrid en 1981, huit ans après la mort du peintre et six ans après celle du dictateur.


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Musée de la paix de Guernica, inauguré en 2003. ©Flickr/Adam Jones – CC-BY-SA-2.0

Parmi les œuvres présentées au musée des Abattoirs, on trouve plusieurs exemplaires du pamphlet « Contre Guernica » : le peintre et écrivain Antonio Saura s’y livre à un réjouissant réquisitoire contre le tableau de Picasso. Artiste iconoclaste, Saura est aussi l’auteur de deux portraits grotesques du roi Philippe II – sous le règne duquel l’Inquisition sévissait dans toutes les provinces de l’Empire espagnol – désignant le monarque comme l’initiateur du déclin de l’Espagne et le père spirituel du franquisme.

La toile de Picasso est également la cible du collectif Equipo Cronica (actif de 1964 à 1981). Influencés par le pop art dont ils reprennent les pratiques – en particulier le détournement –, les membres de ce groupe d’artistes s’amusent à parodier « Guernica » pour mieux interroger la mémoire collective et donner un coup de fouet à la création artistique espagnole, encore bridée par la censure d’État durant les dernières années du régime franquiste.

Football, gloire et dictature

La seconde partie de l’exposition est essentiellement consacrée aux travaux du poète et plasticien Serge Pey. Fils d’immigrés espagnols, ce Toulousain joue les passeurs de mémoire, mêlant aux objets du quotidien des reliques de la guerre civile, comme « Baby-foot du Real de Madrid », une installation qui rappelle le passé trouble du célèbre club de football.

C’est dans les années qui suivent la fin de la guerre civile que le Real se hisse en effet au sommet du championnat espagnol. Une ascension favorisée par le régime franquiste dans le but de consolider le pouvoir central, qui cherchera ensuite à tirer parti du succès du club à l’international pour redorer son blason.


Dans une démarche similaire à celle de Serge Pey, Carlos Aires conclut ce panorama avec le clip « Sweet dreams are made of this ». Clin d’œil ironique au titre de l’exposition, la vidéo montre deux policiers en tenue anti-émeute dansant un tango enflammé sous les ors du musée Cerralbo à Madrid, sur l’air de « Sweet dreams are made of this », du groupe anglais Eurythmics. À travers ce numéro de danse insolite, il interroge la notion de culture, mêlant au classicisme baroque les rythmes entêtants du pop-rock et la grâce impétueuse du tango. Déroutant le spectateur par cette curieuse combinaison, le plasticien pointe dans le même temps du doigt les dérives sécuritaires initiées depuis presque une vingtaine d’années par des gouvernements se voulant pourtant démocratiques et alerte contre l’assoupissement moral de la conscience collective.


Infos pratiques

« Dulces Suenos »
À voir jusqu’au 3 novembre aux Abattoirs de Toulouse.

Tarif CCAS : 4,50 euros au lieu de 8 euros.
Les billets, envoyés par la Poste, sont sans date limite de validité et non datés : vous y allez le jour de votre choix.

Voir sur la billetterie
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