[Vidéo] Au Burkina Faso, Codegaz fait école

Fondée en 1989 par des salariés de Gaz de France, l’association Codegaz vient d’inaugurer un nouveau collège dans un pays où l’accès à l’éducation reste difficile. Reportage.

Au bout du chemin en latérite, une longue bâtisse surgit entre les champs de mil, de gombos et de haricots. Encadrés par des militaires, ils sont tous là, ce jeudi 21 septembre, protégés de la chaleur par de grandes tentes blanches : la préfète et le maire de Ramongo, les chefs coutumiers et religieux de la région, un haut représentant de l’État et de nombreux enfants et parents d’élèves. Ils sont venus assister à l’inauguration du collège de Ramong’Yiri, village de 2 000 habitants rattaché à Ramongo, à deux heures de la capitale Ouagadougou. Ce bâtiment, « c’est un joyau », reprennent plusieurs intervenants au micro. Construit grâce à Codegaz et cofinancé par la CCAS, cet établissement public va accueillir 80 enfants cette année et jusqu’à 320 dans trois ans. Une nouvelle plus que réjouissante dans un pays où seul un enfant sur dix termine ses études secondaires.

La construction de ce collège est le prolongement d’un projet de développement intégré – marque de fabrique de Codegaz – initié il y a quatre ans autour de l’école primaire de Ramong’Yiri. « Nous avons commencé par réhabiliter l’école, puis nous l’avons agrandie et nous avons construit des latrines à côté. L’année dernière, nous avons aussi aidé les femmes à se lancer dans une activité de tissage », témoigne Valérie Jean, bénévole à Codegaz.

Objectif de cette nouvelle activité : permettre aux femmes de dégager des revenus pour pouvoir accompagner les enfants dans leur scolarité. Payer leurs repas, leurs fournitures scolaires, le savon pour se laver… « Cette activité est très utile, car on n’arrive pas à gagner suffisamment d’argent en cultivant la terre », explique Rayimwende Yameogo, présidente de l’association des tisserandes. La lutte pour l’indépendance économique des femmes est étroitement liée au combat pour l’accès à l’éducation, poursuit-elle : « Le souci majeur ici, c’est l’ignorance. Il faut éviter que les enfants tombent aussi dedans. »

L’éducation au Burkina Faso
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Source : ministère de l’Éducation du Burkina Faso et Nations unies.


« Un pays où tout est prioritaire »

La vie de Moumouni Semdé, directeur de l’école de Ramong’Yiri, a totalement changé depuis cinq ans. « Quand je suis arrivé en 2012, l’eau entrait dans l’école les jours de pluie. Le sol, c’était de la poussière. Avec l’arrivée de Codegaz, on est passé de 120 à 382 élèves ! Maintenant, notre école est la plus enviée de la région. » L’association créée par des gaziers en 1989 occupe aujourd’hui une place centrale dans le village. Mais n’est-ce pas à l’État de financer ses écoles ? « Nous sommes dans un pays où tout est prioritaire, tranche Moumouni Semdé : la santé, l’éducation… L’État manque de moyens, il ne peut pas subvenir à tous les besoins. »

Aller à l’école, se soigner, manger trois repas par jour… Ce qui coule de source sous nos latitudes relève souvent du parcours du combattant lorsqu’on vit à la lisière du Sahel. Premier problème : l’absence d’eau courante. Si Codegaz n’a pas vocation à se substituer à l’État, l’ONG a très vite saisi l’importance sanitaire des points d’eau. En dix ans, elle a remis en état ou construit 110 forages à travers le Burkina Faso. À Ramong’Yiri, l’eau n’a pas voulu jaillir près de l’école. Il y a bien un puits, mais son eau est souvent contaminée. Les risques de maladies graves sont nombreux. Pourtant, même douteuse, cette eau reste précieuse lorsqu’elle est bouillie. Elle permet aux femmes de préparer pour les enfants un repas quotidien. Les aliments de base sont fournis par les familles ou achetés grâce à l’argent des parrainages initiés par Codegaz.

Scolariser les filles : un enjeu majeur

Parmi les 382 élèves de l’école primaire de Ramong’Yiri, combien auront la chance d’aller au collège ? Une certitude : ils seront plus nombreux que leurs aînés. Si le Burkina Faso occupe le 185e rang mondial, sur 188, en termes d’indice de développement humain, de réels efforts ont été faits pour améliorer le taux de scolarisation en primaire. Celui-ci atteint aujourd’hui 83 %, affirme Claire Ouedraogo, directrice de l’éducation de la province : « Le grand défi, c’est de maintenir les enfants à l’école. » À commencer par les filles. Certes, la parité filles-garçons est presque atteinte dans le primaire à l’échelle nationale, mais les zones rurales pâtissent encore de deux fléaux : les grossesses non désirées et les enlèvements. Enjeux nationaux majeurs, la condition de la femme et la protection de l’enfance constituent un axe essentiel de l’action menée par Codegaz au Burkina Faso et dans vingt autres pays.

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Le collège Ramong’Yiri, pourra accueillir 320 enfants. ©Henri Delorge

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1 Commentaire
  1. 6 ans Il y a

    Beau reportage qui montre la réalité des difficultés de vie dans certains pays d’Afrique sans commisération excessive, juste un regard intelligent et joyeux malgré tout.
    Félicitation

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